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Lectures floridiennes

Par Carmenrob

Encore une fois, une caisse de livres m’accompagne en Floride, celle que Maurice m’a offerte en cadeau pour Noël. Dépassé, me direz-vous, le papier? Encombrant? Never mind !

Des œuvres non primées ainsi que les prix de l’année, le Goncourt, le Médicis, le Femina, pour n’en nommer que quelques-uns, ont lesté la voiture ainsi moins à risque de déraper sur la chaussée enneigée de l’autoroute 81, entre Noël et le Jour de l’An.

Depuis mon arrivée, quatre bouquins ont meublé mes heures de loisir. Dans l’ordre de lecture et d’intérêt,

  • …j’ai dévoré Quelque part en Amérique d’Alain Beaulieu,
  • …j’ai apprécié Inch’ Allah de Marc-André Moutquin,
  • …je suis venue à bout de Pour sûr de France Daigle, prix du Gouverneur général 2012,
  • …et j’ai abandonné Féérie générale d’Emmanuelle Pireryre, prix Médicis 2012.

Quelque part en Amérique est une histoire bien ficelée dont l’action se passe, comme le titre l’indique, aux États-Unis, dans des lieux non identifiés. Ça pourrait être n’importe où. En Amérique ou ailleurs. De son écriture créative et élégante, simple et épurée, Alain Beaulieu nous entraîne dans une aventure mélangeant réalités sociales et destinées personnelles. Si ce livre nous donne à voir le pire et le meilleur de l’Amérique, « du plus violent au plus réconfortant », tel que mentionné en quart de couverture, il faut dire que le plus violent n’est qu’évoqué (traite des femmes, prostitutions) alors que le réconfortant y est plus largement dépeint par le biais de personnages attachants, un brin trop angéliques à mon goût. Un vrai bon livre qui a mis ma saison de lecture sur les rails de la meilleure manière.

Sur cette lancée, j’ai abordé Inch’ Allah, œuvre non primée d’un jeune auteur. L’argument : un étudiant en médecine remet en question son choix professionnel lorsqu’il est confronté à une situation qu’il assimile à de l’acharnement thérapeutique. Déboussolé, il accepte une proposition de stage dans un dispensaire du Sénégal. Il vivra alors une expérience profondément déstabilisante sur les plans humain, médical, religieux. C’est une histoire dont l’intérêt tient moins à l’intrigue qu’au dépaysement et aux réflexions que celui-ci provoque chez le narrateur principal. Un vocabulaire très riche est mis au service d’une écriture imagée, un peu trop peut-être. Certaines formulations pêchent parfois par manque de précision. Mais le voyage en vaut la peine et j’ai eu grand plaisir à découvrir le Sénégal avec Antoine.

Troisième lecture : Pour sûr de France Daigle, Prix du Gouverneur général. Ce livre m’a donné du fil à retordre. Une brique (747 pages!) hétéroclite, déroutante, une immense réflexion sur la langue en général et le chiac en particulier. En quart de couverture, l’éditeur décrit ainsi cet exercice : « … une somme encyclopédique, un labyrinthe, une exploration de la folie des nombres, un précis de typographie, un reliquaire, une défense et une illustration de la langue chiac, une réflexion sur les cultures minoritaires et leur obsession linguistique, un jeu de pistes, le roman d’un pays et de ceux qui l’habitent. » Des passages savoureux, touchants, entrecoupés de réflexion, d’apartés, de théorie, d’autocitations, de chiffres. Ne pouvant me résigner à l’abandonner, je n’ai pu en venir à bout qu’en survolant les fragments qui ne m’intéressaient pas et en me concentrant sur l’histoire des personnages attachants de Terry et Carmen et de leurs enfants, Étienne et Marianne, ainsi que de ceux qui gravitent autour. Ce livre découle d’une vaste réflexion que je ne peux que saluer tout en étant peu attirée par les romans au service des idées.

Quant au dernier, Féérie générale, je l’ai laissé tomber au tiers et je serais bien en peine de vous en parler. Selon l’éditeur « Avec une jubilation communicative, Emmanuelle Pireyre propose une radiographie de notre conscience européenne en ce début de 21e siècle. » On a beau lui avoir décerné le prix Médicis, ce texte m’a laissée de glace. Et Dieu sait qu’il m’est difficile de refermer un livre avant de l’avoir terminé.

Si certains d’entre vous ont lu l’un ou l’autre de ces bouquins, faites-moi part de vos commentaires, je les publierai sur mon blogue.

Ma caisse compte encore 11 livres! Prochaine lecture : Ce qu’il advint du sauvage blanc, Goncourt du premier roman 2012, de François Garde. À suivre…

Alain Beaulieu, Quelque part en Amérique, Druide, 2012, 215 pages

Marc-André Moutquin, Inch’Allah, Guy Saint-Jean, 2009, 248 pages

France Daigle, Pour sûr, Boréal, 2011, 747 pages

Emmanuelle Pireyre, Féérie générale, Éditions de l’Olivier, 2012, 248 pages


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