Magazine Cinéma

[Critique] ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel (2012)

Par Celine_diane
[Critique] ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel (2012)
Passion amoureuse clandestine et triangle amoureux au XVIIIème siècle : voilà le programme de Royal Affair, œuvre en costumes et page méconnue de l’Histoire du Danemark réalisée par Nikolaj Arcel, le scénariste de Millenium. Au départ, il y a une reine, Caroline Mathilde (Alicia Vikander), promise dès l’adolescence à un roi puéril et caractériel (Mikkel Boe Folsgaard en Christian VI). Au milieu, le médecin du roi (incroyable Mads Mikkelsen), fervent rousseauiste et amoureux fou de la jeune femme. Leur liaison brûlante, vécue dans le secret et entremêlée d’un vent révolutionnaire et anti monarchique, Arcel la filme à bonne distance : jamais dans le lyrisme débordant du film d’époque, jamais dans l’archi romantisme repoussant. Dans les décors de la République Tchèque, il prend le temps d’installer ses protagonistes, des pions en proie à leurs tourments et sentiments, des marionnettes dont les ficelles sont tirées par d’autres (une belle-mère, des idéaux, la folie amoureuse). Le plus impressionnant dans Royal Affair est le soin porté à l’image et au ton : nous ne sommes pas dans l’emphase, pourtant l’émotion étreint comme jamais (on se souviendra longtemps du pré final poignant). Même la partition de Gabriel Yared, au cœur des idées des Lumières et des intrigues à la Cour, se fait discrète et sensible, à l’image d’un récit déployé avec grâce, l’air de rien, qui mêle habilement destins intimes et marche commune. 
Nikolaj Arcel, sur plus de deux heures, rend tout absolument passionnant : les soubresauts historiques d’une nation, le dilemme de deux amoureux fous, les enjeux humains et nationaux, individuels et collectifs. Dans Royal Affair, les petites histoires influencent la grande. Sans l’amour et les liens qui unissaient le trio, le Danemark n’aurait pas peut-être pas connu une telle évolution politico-sociale. Cela méritait bien ce film tout en nuances et douceur qui fait la part belle à la sensualité des corps, à la beauté des mots. Parsemé de références à Rousseau, Voltaire, consumé de détails qui appellent à la chair et au charnel, le film exprime par petites touches successives le trouble qui envahit les personnages. Jalousie, haine, passion, déraison et tiraillement : le trio étreindra une palette de sentiments en plusieurs années. Des années qui défilent à l’écran en instantanés plein de charme. On est loin de tout maniérisme et de toute guimauve. Royal Affair, tout du long, se tient debout, gardant bien à l’abri l'étendue de sa fureur pour mieux cibler le cœur. 
[Critique] ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel (2012)

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Celine_diane 512 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines