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Granville – Les Voiles

Publié le 13 février 2013 par Wtfru @romain_wtfru

granville-les-voiles   (Warner Music France/ East West)

« Amener la Californie en Normandie ». Voici le credo et créneau de Granville, nouvelle sensation hexagonale. Granville, c’est quoi, c’est qui ? C’est tout d’abord un nom en hommage à la ville basse-normande. C’est également quatre jeunes normands férus de pop musique qui ont décidé d’y d’apporter leur pierre à l’édifice. Crée en 2011 par Sofian (guitare) et Arthur (batterie), le groupe s’est agrandi très vite avant avec Nathan à la basse et Melissa au chant. Et à peine deux ans plus tard, les voilà déjà avec un album qui n’a pas fini de faire parler de lui. Et en bien.

Le groupe revendique des affinités avec la pop française des sixties comme avec la pop californienne/sunny delight. Il suffit de lancer le disque pour comprendre. Nancy Sinatra, introduction de l’album, c’est la douceur ingénue d’un texte de France Gall sur une couche de rock. Juste derrière, Jersey c’est le tube immense qui rappelle forcément le premier single de The Drums mais en encore mieux. Ou comment lâcher les chevaux en à peine six minutes et deux morceaux.
L’univers de Granville pue le soleil et la plage de sable, pioche dans divers catalogues musicales pour en tirer le meilleur. On re-cite France Gall époque yé-yé pour la candeur française mais il y a aussi du Tennis et du Beach House pour la beauté des mélodies.

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Granville – Jersey

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Qu’est-ce qui fait la force du groupe ? Difficile à dire. A peu près tout en fait. On peut citer les mélodies, les textes inspirés (en tête, La Robe Rouge), une légèreté affichée, la voix particulière mais finalement sex’ de Melissa, etc etc.
On sent que le quatuor cherche d’abord à se faire plaisir et à être honnête plutôt qu’à impressionner, et ça fait plaisir. Pas de tracks à rallonge pour rien, on préfère faire dans le court mais intense.
Il y a une espèce de naïveté de jeunes loups qui font de la musique parce qu’ils en sont amoureux avant de vouloir en manger supra touchante et qui donne envie de partager leur positive attitude.
Et puis surtout, il y a ce potentiel à créer tueries sur tueries assez fous. Jersey déjà qui sent bon le morceau phare d’un départ en vacances. Polaroïd aussi ou le mignon Crèvecoeur. Mais la palme du titre écoutable 34 fois de suite revient à Le Slow. Variété française, musique des eighties, pop à l’américaine, tout le style Granville résumé en un morceau. Un petit vent frais de printemps qui souffle sur nos oreilles.

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Granville – Le Slow

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Mais derrière toute cette légèreté prétendue se cache en fait un démon qui sommeille. Le fil rouge de l’album reste cette guitare qui se veut agressive mais qui reste finalement calme, frustrée de ne pas en donner en plus mais toujours intelligente. Du rock un peu crado en sous-entendu mais qui s’avère indispensable à l’équilibre de l’opus. Et forcément, par moment, l’esprit rock’n'roll prend le dessus. Parfois le temps d’un refrain, parfois le temps de quelques secondes. Mais aussi parfois le temps d’un morceau en entier et le résultat est probant. On pense à Macadam et à l’excellent Les Corps Perdus qui, lui aussi, risque fort de squatter toutes playlists de soirée qui se respectent.
C’est cette soupape un peu grungy qui donne un petit effet très bon et qui rend le tout ultra-cohérent. Assez rare pour être souligné, surtout pour un premier essai.
Ce mélange pop et rock californien, c’est rarissime dans la musique française et ça fait franchement du bien. Tout comme cette intelligence de greffer de l’ADN français à cet esprit américanisé pour mieux faire passer le tout. On parle ici bien évidemment des textes, tous en français, mais aussi de cette patte décomplexée qui a fait les plus belles heures de la France, quand le pays faisait un peu de musique pas dégueulasse.

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Granville – Les Corps Perdus

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Des tubes, de la bonne musique, de l’envie, de bonnes influences, de l’esprit, on n’en demande pas vraiment plus finalement pour nous satisfaire. Granville parvient à maitriser tout ça avec simplicité, sans chichi. Juste l’envie de faire quelque chose qui leur parle. Eux disent avec humilité que leurs chansons sont jetables, nous on parie le contraire. Parce qu’ils viennent d’ouvrir la porte à tout un mouvement de surfmusic comme on dit, qui ne demande qu’à grandir dans notre bon vieux pays.
Quoiqu’il en soit, Granville risque fort de s’installer comme révélation de l’année et d’imposer son style sur la scène française. Il ne peut en être autrement très sincèrement. Alors mettez les voiles vous aussi et prenez la vague.

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4

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Tracklist
1.Nancy Sinatra 3:18
2.Jersey 3:06
3.La Robe Rouge 3:42
4.Polaroïd 3:05
5.Le Slow 3:37
6.Adolescent 4:02
7.Crèvecoeur 2:35
8.Les Corps Perdus 2:26
9.Tic Boum 3:02
10.Jeans Troués 2:19
11.Macadam 2:29
12.Les Voiles 2:20

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