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Slam : Gilles Bois fait claquer les mots à La Distillerie

Publié le 13 février 2013 par Thierry Gil @daubagnealalune
Gilles Bois sur la scène de L'Escale, c'était en décembre (photo : Philippe Ordioni)

Gilles Bois sur la scène de L’Escale, c’était en décembre (photo : Philippe Ordioni)

Dans son atelier de la rue Louis-Blanc, Gilles Bois propose chaque vendredi au public de s’initier à l’écriture slam

Popularisé à la fin des années 90 par le film de Marc Levin qui relate l’histoire d’un homme que l’écriture va sauver de l’enfer carcéral, le slam est devenu un mouvement international avec ses courants, ses poètes, ses tournois et quelques grands noms parmi lesquels l’interprète principal du film, Saul Williams, qui ont donné au genre ses lettres de noblesse. Si ses racines avec la culture hip hop sont évidentes, notamment avec le rap, sa musicalité se trouve dans l’écriture elle-même et dans la manière de poser les mots comme d’autres posent les riddims. Pour Gilles Bois qui anime chaque vendredi un atelier d’écriture à La Distillerie, le slam a été bien plus qu’une rencontre : une évidence. Comme Marc Smith, cet ouvrier américain du bâtiment qui fut le premier à faire « claquer » (« slam ») les mots pour les faire vibrer et extraire la poésie de sa léthargie, Gilles Bois se saisit de la langue et de la musicalité propre au slam pour faire vibrer les cordes sensibles de son cercle de poètes. Nous l’avons rencontré.

Comment es-tu venu au slam ?

J’ai commencé par le théâtre avec la compagnie Au Pied des Lettres. Dans les textes que nous avions écrit, j’avais déjà intégré des morceaux de rap parce que je trouvais que c’était un moyen pertinent de faire passer des messages en donnant une dynamique à la pièce. Par la suite, j’ai éprouvé le besoin d’écrire moi-même les textes et de les interpréter. Le slam m’a offert cet espace d’expression. J’avais déjà été très accroché par le mouvement hip hop et le rap en particulier. Mais ça n’était pas pour moi. Le slam dans sa forme d’écriture offre plus de liberté. On peut être attaché ou pas au mode strictement poétique, travailler avec des rimes ou pas.

Quelle définition donnerais-tu du slam et quelle sorte de slameur es-tu ?

Pour moi le slam est d’abord un mode d’expression poétique ouvert à tous. Marc Smith qui en est le créateur s’est inspiré de l’énergie du rap pour donner du claquant à la poésie. Mon moteur c’est de pouvoir exprimer ce que j’ai sur le cœur et en général c’est en relation avec les injustices, les inégalités. Ça n’est pas du militantisme à proprement parler. C’est plutôt une forme d’engagement qui prend une forme artistique. Et puis quand on a baigné comme moi dans un univers familial où on écoutait à la maison Brel, Brassens, Renaud et les Quilapayun, on ne peut pas être insensible à la souffrance du monde. Aujourd’hui j’écoute davantage des artistes comme Duval Mc, Keny Arkana ou La Canaille. Ce sont des artistes qui ont été accrochés comme moi par la culture hip hop mais qui font exploser les frontières du genre. Quant au slam ça reste avant tout une discipline a capella. La musicalité se trouve dans le rythme qu’on donne à nos textes. Des artistes comme Abd El Malik ou Grand Corps Malade le disent eux-mêmes : leur projet tourne autour du slam.

Où en est le slam dans notre région ?

Il y a de plus en plus de gens qui viennent nous rejoindre, notamment des étudiants qui s’intéressent à la discipline. Il y a une scène locale émergeante particulièrement riche avec des artistes comme Carol K-rol, Pat Apon, Ypnova, Teminik, Kayro, Iraka, Chris Ross, Mû et Sool Famin’. Et puis dans le slam, il y a ce côté chaleureux, très ouvert. La plupart du temps on se retrouve dans de petites salles où le contact avec le public et la prise de parole sont plus faciles et où généralement l’entrée est gratuite. Les espaces d’expression comme le sont les scènes slam sont plutôt rares et tout cela joue en faveur de cette forme artistique.

Et dans ton atelier quelle est la méthode travail ?

Dans mon atelier, j’ai la volonté d’ouvrir les participants à toutes les formes de textes et pas seulement à la mienne en leur faisant découvrir la diversité du slam. Je procède par épisodes pour leur faire découvrir l’histoire du slam. On travaille ensuite sous forme de jeux d’écriture assez ludiques comme par exemple des accroches de phrases pour se lancer. Puis viennent le travail de l’interprétation et l’exercice au micro.

Propos recueillis par Thierry GIL

Mine de Slam, chaque vendredi de 19h à 20h30 à La Distillerie, 22, rue Louis-Blanc, Aubagne. Renseignements au 06 66 62 85 12.


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