Magazine Cinéma

"La maison au bout de la rue".

Par Loulouti

Mardi 12 février 2013 à 19h30 je me suis rendu dans les locaux de M6 (la classe !!!!),à l'initiative de l'équipe de cinetrafic, pour assister à une projection privée à l’occasion de la sortie le 20 février prochain en Blu-Ray, DVD et VOD aux éditions M6 Vidéo du long métrage "La maison au bout de la rue" mis en scène par Mark Tonderai.  

Je remercie toutes les personnes qui furent à l’origine de cet agréable moment de cinéma. Effectivement j’ai passé une excellente soirée. "La maison au bout de la rue" est une œuvre qui aurait certainement méritée une sortie cinéma plus conséquente.

A l’affiche de ce film d’horreur trônent l’une des icônes contemporaine du septième art américain, Jennifer Lawrence, dont la côte n’a de cesse de progresser à Hollywood, deux valeurs sûres, Elisabeth Shue et Gil Bellows, et un "nouveau venu", Max Thieriot, dont le visage mi ange mi démon ne devrait pas laisser insensibles les producteurs en mal d’étoiles en devenir.

L’une de mes rares critiques à propos de ce long métrage concerne le titre du film lui-même. Parfois par le passé j’ai jeté la pierre aux distributeurs français qui se permettaient d’attribuer des appellations fantaisistes pour faire "comme si…"

Là je me dois d’accabler les producteurs nord-américains directement car le titre français est l’exacte traduction de "House at the End of the Street". Cette fois ci cette maison n’est pas à côté d’un cimetière ou d’un autre édifice, elle est au bout de la rue. Racoleur à souhait et bien dommage. Un manque d’audace.

J’aurais largement préféré que ce long métrage s’intitule "Carrie Anne" bien plus mystérieux et équivoque.

Cela n’enlève rien cependant aux vertus intrinsèques de l’ensemble.

La première qualité du film est de ne pas en faire des tonnes sur Jennifer Lawrence. Nous savons tous que la jeune actrice est promise à un avenir doré (au sens propre comme au sens figuré). Le metteur en scène est assez astucieux pour l’immerger dans un contexte trouble et inquiétant au lieu de braquer ses caméras en permanence sur sa jolie plastique. 

"La maison au bout de la rue" nous immerge dans une ambiance particulière et nous plonge au cœur d’un thriller d’horreur efficace et maîtrisé.

Je dis souvent que l’approche d’un film d’horreur et l’angoisse (éventuellement) ressentie sont une question de lieu et de moment. Regarder un film de genre sur l’écran 17’’ de son pc avec victuailles et téléphone à proximité ou assister à une projection dans une salle complètement obscure sont deux faits radicalement et diamétralement opposés.

Annoncer crânement : "ce film ne me fait pas peur" est à relativiser. Histoire de contexte…

Ainsi la construction mise en place par le réalisateur dans "La maison au bout de la rue" fonctionne et le spectateur sent que l’étau de la peur se resserre au fil des minutes.

La trame scénaristique (un meurtre commis dans le passé, de nouveaux voisins, une plongée dans l’horreur) est élémentaire, claire mais très efficace. Parfois des metteurs en scène se perdent cours de route à force de vouloir absolument créer artificiellement des intrigues secondaires, quitte à plomber l’ensemble. Mark Tonderai vise la simplicité de bout en bout et s’en tire avec les honneurs. Car il emmène le spectateur en terrain inconnu.

Le seul élément superflu est à mon sens la présence du personnage du beau gosse, star de son lycée et bienfaiteur du tiers monde à ses heures. Je me suis demandé comment le metteur en scène s’en sortirait avec un tel protagoniste. Ses apparitions et sa sortie de scène si j’ose dire manquent de percussion.

En habitué du genre j’ai levé le voile au deux tiers du film sur le pot aux roses mais je suis persuadé que les néophytes vont tomber à la renverse. Le retournement de situation est cinglant.

Je ne suis pas metteur en scène ni scénariste, seulement l’humble chroniqueur de ces quelques lignes mais je me dis depuis hier soir que l’entame du long métrage aurait pu être certainement plus percutante. Le massacre initial est plus suggéré que montré. Un démarrage en forme d’ellipse.

C’est l’un des travers du cinéma contemporain (qu’il soit de genre ou pas) : évoquer un événement plutôt que de nous mettre la tête dedans. Si certains longs métrages d’horreur des années 70 ont traversé sans peine les décennies c’est qu’ils envoyaient du lourd pendant 90 ou 120 minutes. "La maison au bout de la rue" ne déroge pas à la règle.

Le spectateur de genre aime quand le sang gicle. Nous bondissons toutes et tous quand les portes claques, quand un bruit nous fait sursauter mais nous adorons aussi et surtout la surenchère morbide et l’hémoglobine.

Le potentiel est là mais l’essai n’est pas totalement transformé. Il y a très certainement en toile de fond des histoires de classement et de public auquel est destiné l’œuvre. En France comme aux Etats-Unis les autorités qui réglementent notre passion demeurent conservatrices et frileuses. La prise de risques de certains metteurs en scène talentueux n’est pas toujours récompensée.

Le film est à gratifier d’une réalisation qui ne s’encombre pas de fioritures. L’enchaînement des séquences est on ne peut plus fluide. L’absence d’effets inutiles (musique angoissante qui nous dit où avoir peur, grincements de plancher…) rend "La maison au bout de la rue" lisible à plus d’un titre.

Le film rebondit car Mark Tonderai nous surprend par petites touches là où on ne s’y attend pas. La découverte des restes jetés dans une poubelle, un regard fait basculer le spectateur dans une autre dimension, celle de l’angoisse au moment où le final s’emballe et que tombe le masque.

La photographie (des paysages forestiers, les séquences nocturnes) est plus qu’agréable. La bande son, discrète, colle au plus près à l’ensemble.

Jennifer Lawrence interprète son personnage d’adolescente avec une certaine maîtrise. Les cinéphiles ont souvent raillé par le passé le fait, récurrent, que des trentenaires jouaient des lycéens. On finissait par ne plus y croire.

L’apparence juvénile de Jennifer Lawrence, son âge, 23 ans, rendent crédible sa prestation et proche de son personnage. On adhère d’emblée.

Elisabeth Shue interprète son rôle de mère angoissée, un rien possessive, avec une classe toute naturelle. Pour le public français elle restera l’éternelle fiancée de Ralph "Karate Kid" Macchio. C’est toujours un bonheur de l’apercevoir sur grand écran.

Gil Bellows est une figure incontournable du grand et du petit écran. Son visage si particulier fait de lui un acteur qui marque à chaque fois les esprits.

La vraie révélation du long métrage est Max Thieriot . Le spectateur passe par tous les sentiments à son égard. On apprécie son charisme, on plaint la situation de son personnage puis on….enfin bref.

Malgré quelques légers défauts le propos de "La maison au bout de la rue" touche le public. On ressent la peur qui s’insinue en nous au fil des minutes. "La maison au bout de la rue" nous emmène bien loin de nos certitudes scénaristiques et cinématographiques. Il est bien rare quand une histoire prend en défaut le public. Le cinéma s’oriente depuis quelques temps dans une nouvelle direction : briser nos credo, nos valeurs refuges confortables.

La remise en cause codes cinématographiques admis depuis des lustres est à l’origine de productions, efficaces, telles que "La maison au bout de la rue".

Et ne restez pas au bout de la rue, pénétrez dans cette maison…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Loulouti 213 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines