Après l'Italie ("Copie conforme") , Kiarostami interdit d'Iran déambule dans les rues de Tokyo en compagnie d'une jeune fille et d'un vieux monsieur. C'est beau comme l'amour.
"Like Someone in Love" de Abbas Kiarostami
Avec : Tadashi Okuno, Rin Takanashi Sortie le 20 février 2013 Distribué par MK2 Durée : 105 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
Interdit de filmer dans son pays, l’Iran, Kiarostami en profite pour découvrir le monde. Et nous le révéler de manière si singulière que l’invitation au voyage est ici exempte de tout exotisme. Et c’est encore plus vrai dans ce dernier film « Like someone in love » qui nous met en présence d’une jeune fille « capturée » pendant dix bonnes minutes par un plan-séquence d’une étonnante sagacité.
Elle s’appelle Akkiko, parle avec un homme qui l’engage à rejoindre un autre homme. Elle ne veut pas, sa grand-mère l’attend et elle doit réviser ses cours. On ne sait pas trop qui elle est. On devine seulement les contours .Dans le mystère de cet échange, dans un bar de nuit, Kiarostami est déjà aux aguets. Le spectateur le suit.
Etrange, énigmatique, aussi,quand la jeune femme traverse Tokyo dans un taxi, en écoutant les messages de son portable. Sa grand-mère l’attend toujours.Je peux vous assurer que cette nouvelle longue et formidable séquence est absolument émouvante. Elle nous dit tout de Akkiko et de sa vie, qui maintenant va défiler aux cotés d’un vieux monsieur, tout aussi discret sur sa vie privée et professionnelle.
Elle lui offre son corps, mais il préfère lui préparer un dîner comme elle les aimait quand elle était adolescente. Il la connaît donc, mais Akkiko ne le pense pas.C’est une rencontre par procuration que Kiarostami prolonge pour le bonheur du septième art, en associant finement les thèmes de sa propre quête cinématographique. Que font-ils, où vont-ils ? On les suit, fascinés, dans leurs déambulations urbaines que le cinéaste affectionne particulièrement. L’arrivée du fiancé d’Akkiko n’est alors qu’un accident du parcours secret que le cinéaste balise avec une telle grâce, une telle élégance que l’on quitte nos héros, à regrets.
En d’autre temps, d’autres pays, on les aurait peut-être condamnés. Mais ici, peut-être le Japon, la morale est sauve : les âmes solitaires se fondent dans le cœur des hommes en transit. Ils ne font que passer.