Du rapport au temps de ceux qui croient en l’éternité et ceux qui ne croient qu’au présent.
Paru entre 1945 et 1949 dans des volumes collectifs de divers écrivains, Vedanta for the western World et Vedanta for the modern man, ce texte est mis à la disposition des francophones en 1953 par Jules Castier comme textes additionnels des Portes de la perception.
"La politique de ceux qui considèrent l’éternité comme la réalité ultime se préoccupe du présent, et des voies et des moyens d’organiser le monde présent de telle façon qu’il impose le moins possible d’obstacle dans la voie de la libération individuelle d’avec le temps et l’ignorance ; ceux, au contraire, qui considèrent le temps comme la réalité ultime, se préoccupent primordialement de l’avenir, et considèrent le monde actuel et ses habitants comme de simples matériaux bruts, de la chair à canons, et de la main d’œuvre esclave en puissance, qu’il faut exploiter, terroriser, liquider, ou faire voler en miettes, afin que des personnes qui, peut-être, ne naîtront jamais , à une époque future dont on ne peut rien connaître avec le moindre degré de certitude, puissent jouir de ce genre de bon temps merveilleux que les actuels révolutionnaires et fauteurs de guerres estiment qu’ils devraient avoir. Si cette démence n’était pas si criminelle, on serait tenté de rire."
Les révolutionnaires et les fauteurs de guerres sont toujours là changeant de nom et de propos, leurs objectifs n’ont point changé et le sombre tableau de la modernité s’étale, tous les jours plus vulgaires, aux yeux de tous en 2013.