The Collection est la suite de The Collector, réalisé en 2010 par Marcus Dunstan, à qui l'on doit quelques épisodes de la série Saw. On y retrouve donc bien des aspects propres aux torture-movies, dont la l'exercice de perversité dans la conception de la mort des personnages, lancée par la franchise Saw. On n'y retrouve pas, en revanche, la personnalité du premier opus, plutôt mauvais dans l'absolu, mais tout à fait jouissif pour les amateurs de thriller nerveux et goreux. The Collection à beaucoup de choses à offrir aux spectateurs, à commercer par tenir sa promesse : "ça va charcler" !
Il y a ce cinéma que l'on aime à consommer, entièrement voué à un simple prétexte, juste conçu comme des exutoires de simple et pur divertissement. Série B décompléxées, séries Z ou ciné de genre, la spectre va du zéro pointé à l'oeuvre d'exception, The Collection trouve sa place dans cette catégorie, pas très loin des valeurs basses de ce spectre. Alors que The Collector, séduisait par un certain équilibre entre gratuité, radicalité et une personnalité propre, presque appréciable, The Collection change son fusil d'épaule et choisit la voie des Hostels et des Saw, optant pour la simple accumulation de mises à mort aussi raffinées et cruelles qu'improbables. Il faut buter du bonhomme, il faut innover à tout prix, surprendre coûte que coûte le spectateur en lui offrant ce qu'il est venu chercher : des victimes sacrifiées comme des poussins égorgés par un Alice Cooper au sommet de son art !
Oui, on s'amuse devant son déchaînement d'énergie pour mettre fin à ses misérables personnages, oui, il y a un côté fun à tout ce gore, mais tout ce cirque à quand même bien du mal à satisfaire les amateurs que nous sommes d'extrême goreux et pervers qui peuplent notre rédaction. The Collection oublie simplement deux ingrédients à sa recette classique : un scénario et une tension. Les scènes saignantes s'enchaînent à une allure folle, mais passée sa parfaitement jouissive ouverture du massacre dans la boîte de nuit, the Collection s'effondre lamentablement. On applaudit donc des deux mains le premier massacre, tout en ressentant dejà le problème qui s'annonce : ça va être comme ça tout le temps ! Afin de nous rendre au plus vite au prochain massacre, comme un porno le ferait d'une scène de cul à l'autre, The Collection grille toutes les étapes scénaristiques et bâcle les enchaînements et ignore l'écriture de ses personnages. Qu'il soit un film-prétexte à l'étalage de scènes de massacres, mêmes dénuées de sens, n'est pas tant le problème principal The Collection, que sa maladresse, presque insultante, à totalement les déconnecter de tout enjeu. En ne prenant pas le temps de préparer un minimum ses scènes sanglantes, en ôtant tout suspense, toute tension et toute attente, The Collection sabote l'impact de ses tueries, les rend bien pâles, en leur supprimant toute raison d'être, en les dépouillant de tout fun.
On subit donc de plein fouet ce zapping mal assemblé de destruction des corps, on se sent passif devant l'accumulation des clichés, des codes et poncifs habituels, finalement bien mal foutus à l'image. Quant à sa quête d'originalité dans les procédés mis en oeuvre pour faire tomber le nombre de ses personnages au minimum, The Collection, malgré son énergie à nous les montrer n'innove finalement que bien peu, et ne fait que recycler des tas de moyens déjà vus, modifiant juste quelques curseurs pour nous tenter de les rendre inédits. L'opération de camouflage ne fonctionne que sa première scène, le masque tombe bien vite, The Collection est un film sans qualités, vide et bien peu excitant malgré la fausse furie qui peuple ses images. Tout ça est bien factice, pauvre et décevant, et bien qu'une partie du cahier des charges soit parfaitement remplie ("du sang, du sang... du vicieux non-stop ! faut leur en mettre plein la gueule !"), il manque l'essentiel à The Collection : du savoir-faire et un peu de soin à son ouvrage. A force de tailler dans les scénars pour répondre aux attentes du spectateur, on coupe partout, trop, pour aller plus vite à l'essentiel, et au lieu de proposer un film dans son plus simple appareil, nu, direct, on obtient un truc peu excitant, plus proche d'un écorchage que du simple déshabillage. La première victime de The Collection, c'est lui même : pour un massacre, c'en est un beau !
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