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Brian De Palma, ou l’obsession hitchcockienne

Publié le 17 février 2013 par Unionstreet

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À l’occasion de la sortie de Passion, thriller onirique et érotique, petit retour sur l’oeuvre de Brian De Palma, le plus hitchcockien des réalisateurs américains.

Membre du groupe des réalisateurs reconnus du Nouvel Hollywood et véritable maître du thriller qui te retourne le cerveau, Brian De Palma est un de ces réalisateurs que les critiques adorent détester. Souvent dénoncé, à mon avis à tort, comme un copieur paresseux d’Alfred Hitchcock, De Palma s’avère plutôt être un metteur en scène dont l’inspiration provoqué par le maître du suspens, symbole d’un cinéma américain vieillissant à cette époque, lui permettra de rendre hommage et de faire le deuil de cette période cinématographique, en prolongeant l’oeuvre de son maître à penser vers des chemins souvent extrêmement intéressants. Au fil des décennies, il a pu montrer son dévouement au Cinéma, avec un grand C, et à Hitchcock à travers de nombreuses oeuvres de plus ou moins bonnes qualités mais toutes suintant d’amour et de volonté de bien faire. Sélection.

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Obsession

Michael Courtland perd sa femme et sa fille dans un kidnapping dont il ne payera pas la rançon. Quelques temps plus tard, il rencontre en Italie une femme ressemblant très étrangement à sa feu femme. Son obsession amoureuse prendra le pas sur la méfiance et les avertissements de son entourage.

Quel meilleur film pour parler de l’obsession Hitchcockienne de De Palma qu’Obsession, presque-remake de Sueurs Froides.

Recontextualisons : 1974. Brian De Palma et Paul Schrader, son scénariste, sortent d’une projection de Sueurs Froides. Véritable choc pour les deux cinéastes et cinéphiles, pourtant le film est déconsidéré par les critiques de l’époque qui en font une oeuvre plutôt faible et presque ratée et il lui faudra plusieurs années avant d’être totalement reconnue.

Cependant, De Palma décide d’écrire avec son collaborateur un long-métrage qui va se coller à l’épine dorsale de la narration de Sueurs Froides, pour finalement s’en détacher et devenir une oeuvre majeur (mais mineur pour la reconnaissance publique) de la filmographie de De Palma. À tort considéré comme un plagiat de Sueurs Froides, il réalise donc avec Obsession un tour de force qui sera sûrement une de ses oeuvres les plus sincères et personnelles.

Et en plus, c’est Bernard Herrmann, compositeur de plusieurs oeuvres d’Hitchcock, dont Sueurs Froides, qui écrit la musique de Obsession. Si ça suffit pas à vous convaincre.

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Blow Out

Jack est preneur de son et bruiteur pour une société de production de Séries Z. Une nuit alors qu’il enregistre des bruits nocturnes, il assiste à un accident de voiture. Cependant, sous cette allure se cache une affaire bien plus sombre.

Thriller plutôt passionnant, Blow Out brille bien plus pour sa technique incroyablement maîtrisé que pour son intrigue plutôt convenue mais tout de même étonnante.
On y assiste un véritable déchaînement de la mise en scène “De Palmienne”, et l’inspiration Hitchcockienne est totalement explicite ici.

Tout le panorama des techniques visuelles et sonores cinématographiques est très bien utilisé, ce qui fait de Blow Out un véritable ravissement pour les yeux et les oreilles. Tout ce qui fait du cinéma de Brian De Palma un cinéma certes plutôt manièriste, mais ô combien beau, éclate ici.
De plus, le travail intriguant sur la relation image/son en fait un film très intéressant sur l’art de faire du cinéma.

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Pulsions

Kate Miller est une épouse insatisfaite qui simule son plaisir au lit avec son mari et qui se masturbe sous la douche en rêvant d’un autre homme. Mais c’est aussi une mère aimante et très fière de son petit génie de fils, Peter. Malgré tout, ces problèmes de couple commencent à la perturber et à la faire douter de sa féminité. Et lorsqu’elle en fait part à son psychiatre, elle éprouve le besoin d’être rassurée sur son pouvoir de séduction…

Là encore, la parenté avec un film d’Hitchcock est assez explicite. En analysant, même seulement en surface, Pulsions, il se révèle très proche de Psychose. Mais, considérer le travail de De Palma sur ce film comme un bête calquage du célèbre thriller serait fortement dévalorisant. Car si De Palma emprunte de nombreuses idées au maître du suspense, c’est pour se permettre de les assimiler et de se dépasser. D’un autre côté, on peut se poser la question : quel film à suspense d’aujourd’hui n’est pas influencé par un ou des films d’Alfred Hitchcock ?

Si Pulsions est intéressant à voir, c’est pour une des premières utilisations de la sexualité maladive dans le cinéma grand public. Stanley Kubrick préfaçait déjà cela en associant l’hyper-violence avec les pulsions sexuelles des drougs dans Orange Mécanique. Ainsi, dans le film de De Palma, toutes images est déviance et tension érotique sous-jacente.

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Body Double

Jake, jeune comédien au chomage souffrant de claustrophobie, occupe pendant quelque temps l’appartement d’un ami. Profitant de la vue panoramique, il observe sa charmante voisine, Gloria, dont il ne tarde pas à devenir fou amoureux. A force de l’épier, il assiste un jour à l’assassinat de la jeune femme…

Véritable monsieur Tout Le Monde et héros claustrophobe incapable d’agir à temps, Jake représente toute l’adoration pour Hitchcock de De Palma. Mélangeant les personnages principaux de Fenêtre sur Cour (Jake observe sa voisine à la manière de Jeff qui observe ses voisins et qui finit par assister à des scènes étranges) et de Sueurs Froides (Jake souffre de claustrophobie et les autres se servent de cette faiblesse pour le manipuler, tout comme Scottie et son acrophobie).

De même que pour Blow Out, une adoration du Cinéma transpire dans Body Double. Toutes les grosses ficelles du cinéma hollywoodien sont exagérées (On se souviendra de cette scène de baiser tout ce qu’il y a de plus étrange, où l’actrice finit quasiment seins nus). Ainsi, toute vraisemblance est supprimée, ici pour le meilleur.

En plus, c’est le film préféré de Norman Bates.

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Les Incorruptibles

À Chicago durant les années trente, lors de la prohibition, Al Capone règne en maître absolu sur le réseau de vente illégale d’alcool. Décidé à mettre un terme au trafic et à confondre Al Capone, l’agent Eliot Ness recrute trois hommes de confiance, aussi intraitables que lui. Ensemble, les quatre « incorruptibles » partent en guerre contre le gang de Capone…

Avec les Incorruptibles, Brian De Palma reprend un genre déjà abordé avec Scarface qu’est le film de gangster. Mais c’est sans compter sur un scénario aux petits oignons de David Mamet qui concocte une variation sur le combat bien/mal brouillé par la mise en scène toujours aussi impressionnante de De Palma.
Chef d’oeuvre de violence mafieuse riche, complexe et totalement maîtrisée, Les Incorruptibles s’impose comme une oeuvre majeure du film de gangster et de la filmographie de Brian De Palma. À ranger entre les 3 films du Parrain et Les Affranchis.

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