Le thème de l'identité féminine est une nouvelle fois à l'honneur au coeur de ce roman, comme c'était déjà le cas avec ce petit chef d'oeuvre, La grand-mère de Jade, publié par le même éditeur en 2009, mais par le biais d'une intrigue très différente, ce qui n'est pas le moindre des mérites de son auteur.
Dans La nonne et le brigand, nous suivons deux histoires qui vont s'imbriquer l'une dans l'autre. Au début du livre, celle d'une femme mariée, Lysange, chercheur au CNRS, dévorée par la passion éprouvée pour un autre homme, Pierre. Puis, remontant le temps - près de 50 ans plus tôt - apparaît Soeur Madeleine, la petite soeur de Lysange partie en mission au Brésil, à travers un Journal découvert par cette dernière.
L'une libertine, sensuelle, moderne; l'autre vouée à Dieu, fidèle, au service des autres. Laquelle est prisonnière? Laquelle est libre? Tout n'est pas aussi simple car - sans vous révéler la trajectoire de ces deux soeurs - toutes les deux connaissent, chacune à sa manière, le doute, l'imprévu, le trouble, la fragilité des certitudes. Frédérique Deghelt, une fois encore sonde avec beaucoup de finesse l'intimité de ses deux héroïnes qui, par des voies différentes, opposées en apparence, partagent le même amour du dépassement et de l'absolu. Des mots ciselés à l'ancienne et pourtant si bien intégrés dans notre époque, c'est là toute la résonance affective de cet auteur qui s'accroche à nos pas et ne nous lâche plus...
Quand tu regardes le monde, tu crois qu'il est comme toi, violent et condamné. Tu oublies la grâce des contraires.
également disponible en format de poche (coll. Babel/Actes Sud, 2013)