...Il devrait exister en ce moment une pleine lune qui ne s'est point montrée, mais dont une brume vénitienne, si épaisse soit-elle, sait bien refléter,dans une luminescence laiteuse, le lointain éclat.J'aime ces soirées qui continuent à être si douces et où tout s'allège, purifié de cette couche d'eaux troubles et de sable jaunâtre qui, dans la journée,épaissit l'air, enduit les murs. Dès que tombe la nuit, le ciel s'éloigne, s'adoucit d'une lueur mate,l'ombre dégagée des maisons précise ses contours et l'eau enfin luit à fleur d'obscurité.Liliana Magrini, carnet vénitien
J'arrive au terme de cette journée, sans fin, dans la brume vénitienne où je me suis glissée comme une ombre dans le labyrinthe de ses ruelles, essayant inlassablement de l'apprivoiser.
Après un arrêt obligé près de l'Arsenal et un bon chocolat chaud, j'ai pris le chemin pour rejoindre ma demeure.
Malgré la fatigue que je commence à ressentir, en partie à cause de l'humidité ambiante, je ne peux résister
à l'envie de poursuivre encore un peu ma balade.
Une nuit dorée, magique et mystérieuse s'offre au regard et je ne recherche pas encore la chaleur douillette de ma chambre...