Venue rendre visite à son frère Martin à Berlin-Ouest, Susan Mallison rencontre Ivo Kern, un ami de Bettina, l’épouse de Martin. Elle découvre que l’homme est le mari de Bettina que celle-ci croyait mort. Ivo est en réalité un agent d’espionnage de l’Est
Le film :
Les bonus :L’homme de Berlin?Je ne pense pas que ce film apparaisse parmi les références de la filmographie de Carol Reed, plus souvent cité pour « Trapèze » ou « Le troisième homme », que pour « L’homme de Berlin », qui lui ressemble à bien des égards.
Le contexte est le même, celui de la guerre froide, et l’argument assez similaire : nous quittons les ruines de Vienne dévastée, pour celles de Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale, coupé en deux. Une femme rend visite à son frère, côté Ouest et rencontre un allemand de l’Est qui semble s’adonner à un étrange trafic. D’autres individus tout aussi suspect, dont la troublante Hildegarde Neff, entrent dans la danse. On s’espionne, on se pourchasse, on trahit…
Dans un décor et des ambiances assez proches du « Troisième homme », Carol Reed renoue avec cette veine néo-réalisme qui donne du cœur à la pierre et du relief aux ombres de la nuit. Le summum en la matière étant la poursuite nocturne sur un chantier en activité : l’heure est à la reconstruction. Nos deux héros tentent de repasser à l’Ouest, se faufilant dans un dédale de poutres et d’échafaudage (ça sent un brin les studios) avant d’atterrir dans l’appartement d’une Berlinoise.
Hitchock y aurait trouvé lui aussi matière à surprendre.
James Mason est l’énigmatique Ivo Kern, un émissaire parfait, aussi mystérieux que torturé par son passé. Bien qu’il repousse la passion et les sentiments, la présence de la belle Susan ne lui est pas indifférent. Elle lui permet de s’incruster un peu plus dans la société berlinoise de l’Ouest ; elle lui entre-ouvre aussi les portes de la liberté.
Kern est un espion peu conventionnel à l’image des personnages de Reed, souvent prisonniers d’un système, implacable et sans issue. Le final pourra paraître grandiloquent, mais il signifie bien cet état de fait. Et la mise en scène des éléments du drame à venir contribue parfaitement à tenir en respect le film policier et le thriller politique. Un mélange des genres que Caroe Reed maîtrise ici de bout en bout. On s’arc boute à l’histoire, aux hommes qui en tirent les ficelles dans un climat d’une sourde violence. Très peu d’éclats, encore moins de morts. Dans Berlin déchiré, l’Histoire renaît de ses cendres.