Boogat
El Dorado Sunset
Maisonnette
Québec
Note : 8/10
Mes baws ont fait une erreur en me confiant la tâche de critiquer El Dorado Sunset, le dernier album de Boogat. Cette critique ne sera pas impartiale, car en Montréalais qui se respecte, je ne peux qu’avoir un préjugé favorable pour un album incluant une ode aux poulets de la rôtisserie portugaise Romados.
Ce temple culinaire de la Calle Rachel Est est passé au feu dernièrement et en attendant sa réouverture, la pièce de Boogat me permet d’inhaler par procuration le doux parfum des poulets qui se sont envolés en fumé. La file de 20 minutes, peu importe, comme le dit l’artiste montréalais, c’est difficile de résister quand on est sur le plateau parce que « El pollo del Romados no se puedo test. Chica! » C’est vrai. Tu ne peux pas niaiser avec ces poulets, Romados n’est pas Foghorn Leghorn. Tout ça avec le Sumol et les natas bien sûr! Parlant de natas, celles de Notre-Dame du Rosaire, sur Rachel, ne sont pas pire pantoute, OK merci.
Eldorado
«Ils approchèrent enfin de la première maison du village; elle était bâtie comme un palais d’Europe. Une foule de mode s’empressait à la porte et encore plus dans le logis. Une musique très agréable [Boogat?] se faisait entendre, et une odeur délicieuse de cuisine se faisait sentir [Romados?].»
C’est ainsi que Voltaire décri l’entrer de Candide dans Eldorado, pays fabuleux de tous les plaisirs où tout semble meilleur, une utopie. L’écrivain et philosophe français tourne ce monde où le bonheur est implicite à la dérision. Parce que pour Voltaire c’est l’entendement du travail et pas la satisfaction tranquille d’une aveuglante béatitude qui mène aux Lumières.
C’est ce que je devais retenir de ce conte philosophique selon ma prof, au secondaire. N’empêche qu’aujourd’hui, je vois plutôt en Eldorado un rappel de ce dont le bonheur doit être fait.
Justement, «me gusta la playa, me gusta la mar, me gusta el sol, me gusta su calor, me gusta mi mujer, me gusta tu piel, me gusta tu perfume, me gusta tu calor», me rappelle qu’il doit naturellement être fait des saveurs latines de la plage, de la mer, du soleil et de sa chaleur, d’une fille, de sa peau, de son parfum et de sa chaleur à elle aussi.
Il doit être fait de toutes ces émotions comprises entre l’amour de Eres hecha para pi et les festivités de Creída. Par contre, quand arrive finalement Wow, je ne sais toujours pas s’il doit être fait de salsa, de merengue, de tango, de Harlem Shake ou même de Crank That Soulja Boy Tell’em, mais je sais que j’ai toujours le goût de bouger.
Il y a aussi une envie d’être là-bas qui se mélange à une envie d’être ici. Une envie de voyage, une envie de party. Dans tous les cas, il faudra écouter Pas mal magané de Buena Vista Social Club le lendemain matin. Pour ceux qui se le demande, le vrai titre de la chanson c’est Chan Chan, mais le groupe cubain n’arrête pas de dire quelque chose qui ressemble étrangement à «pas mal magané» dans le refrain, ce qui en fait une chanson de prédilection pour les lendemains de veilles.
Certains critiques diront sûrement que El Dorado Sunset est un album de musique du monde fait à Montréal. Pour moi, c’est de la musique de Montréal, faite dans une ville monde, ou les cultures se mélangent. À preuve bienvenue l’Acadie sur Wow. Au final, ceux qui font trop rapidement le lien entre espagnol et musique du monde n’ont tout simplement pas mangé suffisamment de poulet portugais dans leurs vies. Cette hypothèse reste à confirmer, mais j’y travaille et on va bientôt publier le résultat de l’étude.
Oui, l’album a ses faiblesses, mais apparemment sa plus grande force doit être qu’il ne donne vraiment pas envie de s’attarder sur celles-ci.
Pour les gens pressés, voici le résumé haïku :
Los pollos Romados,
Eres hecha de sol,
Como nosotros mi amor
Non, je ne parle pas espagnol… même si maintenant je le chante. Merci Boogat.