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L'écume des jours

Par Shalinee
L'écume des jours

L’écume des jours

est une belle histoire d’amour assez particulière où se mêlent amour, poésie, humour noir, voire même extrême cruauté, sur fond de fantastique, musique de jazz et un nombre infini d’allégories. Écrit en 1947 par Boris Vian, l’auteur ne connaîtra hélas pas de succès de son vivant mais la postérité a corrigé cette injustice en donnant une dimension mythique à ce livre qui a été adapté au cinéma et à l’opéra. Il s’agit de l’amour fou entre Colin et Chloé, qui finissent par se marier avant que celle-ci attrape un « nénuphar » dans son poumon, une maladie très grave qui affecte son système pulmonaire.

 

Pour pouvoir adhérer à ce livre, il faut avant tout s’extraire du monde rationnel, car l’auteur nous entraîne dans un univers fantastique, irréel dans lequel les fleurs contribuent à la guérison de la malade, la maison rétrécit littéralement au fur et à mesure que l’état de Chloé se détériore et des souris livrent tout au long du texte leurs impressions. C’est un monde de métaphores et de signes qui poétisent l’écriture ou alors servent à atténuer la gravité de la situation : le « nénuphar » par exemple est un euphémisme de la tuberculose et on peut considérer le rétrécissement de la maison comme le signe extérieur de la détresse des personnages devant la souffrance d’un être aimé.

 

Toutefois, l’histoire d’amour n’est pas la seule thématique qu’aborde l’auteur dans ce livre. Nous avons une satire de la société qui passe par une dénonciation du monde du travail qui transforme les hommes en machines et une critique du culte de personnalité avec l’histoire d’amour entre Chick, un ami de Colin et Alise, qui sera remise en question avec l’obsession grandissante de Chick envers Jean-Sol Partre (vous aurez reconnu de qui il s’agit). De même que le fantastique que j’ai évoqué plus haut remet en cause le réalisme de cette histoire, l’absurdité vient également dérouter le lecteur, notamment en ce qui concerne les meurtres impunis qui semblent être la norme dans ce monde illogique ; et surtout la description morbide du quartier des médecins qui contient un canal charriant des tampons de coton souillé d’humeurs et de sanies(...), de longs filaments de sang à demi coagulé (...), des lambeaux de chair à demi décomposé (...) etc.

 

Enfin pour finir, une petite explication sur l’origine du titre « les écumes du jour », que (comme vous vous en doutez bien) j’ai énormément aimé : Le mot « écume » renvoie en fait à la maison de Colin qui, tout en se rétrécissant se transforme en marécage. Par extension, ce marécage peut également renvoyer à l’ambiance humide des bayous de la Louisiane, berceau du jazz qu’apprécie Boris Vian et dont la musique est omniprésente dans ce texte.


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