Problème de communication ?

Pourquoi est-il si difficile de communiquer ? Pourquoi tant de malentendus et de difficultés à s’entendre ? Ce qui est curieux, c’est que les efforts engagés pour améliorer la qualité des échanges ne produisent pas toujours les effets escomptés. N’avons-nous pas assoupli nos mœurs, et « dérigidifié » les mentalités ? Psychologues et psychanalystes ne sont-ils pas en vogue ? La parole ne s’est-elle pas libérée, l’audace à parler, en famille, au travail ou en société, n’est-elle pas moins inhibée que jamais ?

Il devrait y avoir un véritable effet libérateur de la parole. Car parler empêche de ruminer et supprime malentendus et sous-entendus ambigus. Les mots véhiculent un sens clair, quand le comportement reste à interprétations multiples. Voilà pourquoi on encourage à parler. La parole renoue et dénoue, désarmorce les quiproquos et réamorce le dialogue. La parole corrige et libère, elle apaise et elle résout.

Mais n’observe-t-on pas tout aussi bien le contraire ? Car on peut parler pour mentir et pour cacher. Les mots servent aussi à se dérober et à dire autre chose que ce qui est, pour tromper et dérouter, si bien qu’un excès de sens peut recouvrir la réalité, et non la révéler.

Là est le préjugé, car nous croyons qu’en parlant plus, nous nous entendrons mieux. Nous croyons faciliter l’échange en le rendant plus riche. On croit le rendre plus transparent en le complexifiant. On imagine que l’apport de sens clarifie, sans voir que fondamentalement il se densifie – et s’obscurcit.

L’ère de la communication, qui fait flamber les échanges, complique les rapports par un excès de sens. S’expliquer par exemple ne revient pas seulement à régler une querelle, mais consiste essentiellement à superposer un nouveau discours – ce pourquoi souvent les explications s’emballent et font empirer la situation. C’est la spirale infernale de la communication.

Communiquer c’est peut-être apprendre à ne pas voir du sens partout.