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Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…

Publié le 19 février 2013 par Chatquilouche @chatquilouche
Le printemps des berges

Le printemps des berges

  Dans notre coin de pays, dès la fonte des neiges, les eaux se retirent des terres fertiles, sillonnent les vallées, pour rejoindre le bassin versant du lac Saint-Jean.  Quand le paysage printanier se dessine, à la vue de mon canot qui émerge de la neige, je me plais à imaginer le mode de vie de ceux qui sont passés bien avant moi… les Amérindiens.  Voici l’histoire de Yepa.

     Une tempête balayait tout sur son passage, laissant à découvert les carcasses d’animaux gelés.  À chaque instant, c’était le combat extrême entre les hommes et le froid.  Les plus forts allaient survivre.  Une jeune fille était venue au monde dans ces conditions difficiles de la saison morte.  Ses parents l’avaient nommée Yepa ou, en français, Princesse de l’Hiver.  Le clan « kwi’kwa’ju » (carcajou) accueillit cette enfant avec amour.  Les membres du clan portaient ce nom ; ils s’identifiaient à cet animal doté d’une habileté et d’une intelligence hors du commun.  (De nos jours, nous côtoyons rarement cette bête, mais jadis sa présence était indéniable sur tout le territoire du Québec.  Sa réputation le présente comme un animal rusé, des plus féroces.)  Ces nomades possédaient des outils rudimentaires, efficaces pour la chasse, la pêche, et des techniques d’approche subtiles.  Ils se déplaçaient en fonction de la quête de nourriture.

    Yepa se réveillait à la lumière du jour, le sourire aux lèvres, remerciant la terre de lui donner ses fruits.  Sa mère était décédée d’un mal inconnu lorsqu’elle avait dix ans.  Cette petite veillait au bien-être de ses frères et de ses sœurs.  L’amour maternel lui manquait.  Les femmes du clan chérissaient cette enfant, elle était attachante.  Jeune femme en devenir, elle dégageait une énergie positive qui rayonnait ; son père en était très fier !

     Chaque matin, au départ des chasseurs, Yepa veillait à ce que le feu ne s’éteigne pas.  Il fournissait la chaleur et cuisait les aliments.  Les poissons et les gibiers à plumes fumaient jusqu’à une tendreté et un goût impeccables.

     Lors des moments de détente, l’art occupait un rôle de premier plan.  D’authentiques sculptures de pierre et de bois décoraient les berges du Lac.  Yepa portait un collier qu’avait taillé son père.  Cette œuvre d’art, fait d’os de caribou, avait été créée pour protéger la belle et inspirer le respect pour les ressources qu’offrait la Nature.  Au couchant, Yepa s’étendait sur une roche plate près du rivage et s’endormait en écoutant le clapotis des vagues.  L’esprit vagabond, elle songeait à l’avenir des siens.

     Un matin d’automne, le clan Carcajou partit à la recherche de nouveaux territoires de chasse.  Les bagages furent réduits pour faciliter les déplacements.  Par mégarde, le collier si précieux de Yepa tomba dans les eaux noires du lac.  Désolée, elle se consola en se disant que c’était là le destin et qu’elle le porterait désormais dans son cœur.  À la file indienne, les canots d’écorce fendaient l’eau au rythme des avirons…

     D’aussi loin que je me souvienne, au printemps, une joie m’envahit et, enthousiaste, je pars à la recherche de fossiles, de trilobites et de pointes de flèches sur les berges et dans les eaux de mon lac.  Il arrive que mes démarches soient récompensées : l’été dernier, j’y ai découvert les fragments d’os d’un collier…

Notice biographique

Les couleurs de Virginie, par Virginie Tanguay…
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean.  Elle peint depuis une vingtaine d’années.  Elle est près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes.  Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique.  Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif.  Ses œuvres  laissent une grande place à la réflexion.  Les détails sont suggérés.  Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien.

Pour ceux qui veulent en voir ou en savoir davantage : son adresse courrielle :  [email protected] et son blogue :virginietanguayaquarelle.space-blogs.com.  Vous pouvez vous procurer des œuvres originales, des reproductions, des œuvres sur commande, des cartes postales.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)


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