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Cochon d'Allemand; Knud Romer

Par Sylvielectures
Cochon d'Allemand; Knud RomerC'est en choisissant un style tragi-comique, que Knud Romer nous parle de son enfance danoise.
Ce récit autobiographique est plein d'une souffrance qui semble ne jamais pouvoir prendre fin : celle d'un enfant pris dans les délires de l'histoire et subissant la hargne et la haine vengeresse d'une population villageoise danoise qui ne peut pas accepter de côtoyer décemment une allemande, forcément Nazie, ni son fils, par ricochet imbécile.
L'enfant a peur, constamment, car il est maltraité et humilié où qu'il aille : dans la rue, à l'école, même chez lui, quand des voisins sont invités à son anniversaire. Il a honte aussi, et en veut à ses parents de continuer à faire comme si de rien n' était, le laissant seul à son désarroi.
L'auteur nous invite à un travail de reconstitution de puzzle, en nous donnant par bribes, des éléments de son histoire familiale. Il nous raconte comment ses deux parents ont fini par atterrir dans ce bout du monde de village infâme, petit à petit et avec grande minutie. Il organise des va et viens incessants entre les époques et les branches des différentes familles. Les années, les lieux et les personnages se succèdent sans tenir compte de la chronologie. Des personnages hauts en couleur, parfois frisant le burlesque, nous sont dépeints dans une multitude de petits tableaux et de courtes scènes saisissants et pittoresques. A la fin il nous semble que nous avons réussi à reconstituer un arbre généalogique original, où la violence de la seconde guerre mondiale a laissé des traces indélébiles.
Ce que je retiens de cette lecture, c'est la complexité de la relation de l'enfant avec sa mère. Elle est ce qu'il aime le plus au monde et en même temps semble être l'unique cause de sa douleur. L'enfant a également conscience de l'immense solitude et de la détresse de sa mère qui tente de la contenir , mais qui sombre parfois dans des crises de colère et de haine qui la lui rendent étrangère et qui l'effraient.
Le petit Knud voudrait rendre sa mère heureuse, il essaie de ne pas ajouter de poids à son malheur avec ses peines à lui, et ainsi, nous voyons s'écrire fatalement l'histoire de deux solitudes blessées qui s'aiment et qui se taisent, enfermées dans un monde de bêtise qui semble ne pas pouvoir changer ou évoluer.
Il y a des passages poignants dans ce texte, et en nous racontant brillamment l'histoire tragique de sa famille, Knud Romer écrit un roman historique qui donne une image de la réalité de la vie en Europe du nord, du début des années 1920 aux années 1970.
"D’aussi loin que je m’en souvienne, j’étais toujours à la recherche d’un moyen de quitter Nykøbing et la maison dans laquelle j’avais grandi. Je ne pouvais pas me déplacer librement et me tenais constamment sur le qui-vive, limitant mes allées et venues à une surface minimale ; c’était comme marcher sur une corde raide : la rue avait la largeur de mes propres pas, mes déplacements se bornaient aux allers-retours entre notre garage et l’école.»
" Bientôt, toute l'école s'était jointe à eux dans un refrain que j'allais entendre tout au long de la journée, durant les années à venir, durant toute ma vie : "Co-chon d'Alle-mand ! Co-chon d'Alle-mand ! Co-chon d'Alle-mand ! "
"J’étais un cochon d’Allemand. Je passais la quasi-totalité du temps au centre d’un cercle formé par des garçons et des filles qui me bousculaient, me crachaient dessus et scandaient des injures. "
*Bernard en parle sur le blog des livres
*"C'est aussi de nous et de notre Europe , que nous parle Romer." Nous dit Hubert Artus dans un bel article sur Rue 89
*Anne Sophie Demonchy dit avoir beaucoup aimé sur La Lettrine,
*Antigone nous a exhortés : "A lire, pour ceux qui souhaitent échapper aux best sellers programmés de la rentrée et découvrir un roman original, et différent !"
* psykokwak en parle,
*Flo a bien aimé, mais sans plus, sur Thé toi et lis
*Florinette a été émue: "
entre rire et cruauté ce récit est extrêmement touchant"
*Une belle découverte pour Cathe, sur les routes de l'imaginaire,
*Un vrai coup de coeur pour Cathulu,
*"
le fond est tel qu’il est difficile de ne pas se laisser prendre par cette lecture"nous dit chiffonnette,
*
" Le récit continue à faire son chemin après sa lecture, car il est tentant de transposer à notre époque l’ostracisme dont sont victimes Knud et sa mère", nous écrit In Cold Blog
*Joelle n'a pas du tout aimé,
*Lily nous dit à la fin de son beau billet : "
Et l’on se dit en tournant les pages, oui, décidément, Knud Romer a beaucoup beaucoup de talent !"
Ils en parlent aussi : fashion, Alice, Pascal, .. et beaucoup d'autres sans doute....

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