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« Je ne veux pas de réalisme, je veux de la magie », Hommage à Tennessee Williams

Publié le 21 février 2013 par Wtfru @romain_wtfru

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30 ans après sa mort, en février 1983, Tennessee Williams opère une sorte de résurrection. A l’image du vieux livre qui sert de cale porte, l’écrivain est tombé bien longtemps aux oubliettes, ne suscitant qu’indifférence, particulièrement en Europe.

Y-aurait-il un lien entre ce retour en force et l’interprétation, à Broadway, de Maggie par la belle Scarlett Johansson dans La Chatte sur un toit brûlant ? En amoureux de la littérature (et en omettant tout avis masculin) on vous affirmera que non. Premier auteur américain à entrer au répertoire de la Comédie-Française, et honoré deux fois par le prix Pulitzer, on persiste à dire que ce n’est que justice.

Écrivain, peintre, poète, mais aussi alcoolique, dépressif, hystérique, il serait impossible de dépeindre un artiste aussi complexe et ambivalent en l’espace de quelques lignes. Mais heureusement, on est très fort à WTFRU, et on va tout de même vous dresser une ébauche de cet écrivain tourmenté.

Un père alcoolique, une mère hystérique, et une sœur lobotomisée, on ne s’étonne pas que l’artiste fasse preuve d’une certaine dégénérescence (et on concède que finalement, malgré tous ses défauts, notre famille n’est pas si horripilante qu’on le dit). L’auteur voit l’écriture comme une thérapie pour soigner sa folie, et voit la folie comme une source d’inspiration. Ceci se ressent dans ses œuvres, notamment dans Un tramway nommé Désir, où le personnage de Blanche incarne une véritable décente aux enfers de la démence. Il démontre également avec justesse la proximité entre la figure de l’artiste et du fou dans sa pièce Tokyo Bar. Ne prenez pas peur et ne quittez pas cette page tout de suite ! Car malgré ce (léger ?) déséquilibre, il faut souligner que les écrits de Tennessee Williams sont remplis d’humour. Subtil et parfois difficile à déceler, il joue sur le décalage entre le discours et la réalité. Loin d’être un de ces artistes guindés et prétentieux, l’écrivain fait preuve de beaucoup d’autodérision, et confie même dans ses Carnets « Peut-être ne suis-je pas un poète mais un sacré idiot ! ».

Décidément au goût du jour, l’homosexualité est omniprésente dans les écrits de Tennessee Williams. Mais en 1950, pas de manifestations dans les rues pour prôner l’égalité, les personnages homosexuels des pièces de Williams se doivent d’être morts avant le début du spectacle. Il n’hésite cependant pas à s’étendre un peu plus sur ce sujet dans ses nouvelles, notamment dans Le boxeur Manchot où beaux prostitués et amour vénal sont au menu. Mais c’est en 1972 que l’écrivain lève le voile sur cette autocensure, et dévoile enfin concrètement tout ce qui était insinué jusque-là, grâce au personnage de Quentin (homosexuel en chair, en os, et en vie) dans Small Craft Warnings. Son traitement plus franc de l’homosexualité est particulièrement du à ses voyages dans les pays d’europe, où les artistes disposaient d’une plus grande liberté d’expression. Cette Europe, dont il fait sa muse, le voit comme un véritable bad boy américain, un artiste avant gardiste, qui laisse sa trace dans chaque pays qu’il a traversé.

Voilà donc un aperçu bien trop court d’un artiste bien trop grand, mais si on ne devait retenir qu’une chose des œuvres de Tennessee Williams, ce serait certainement la réplique de Blanche dans Un tramway nommé Désir : « Je ne veux pas de réalisme, je veux de la magie ».

Si vous venez d’avoir une révélation, que Williams Tennessee est désormais votre nouvelle idole, ou si vous voulez impressionner les filles par votre culture générale gargantuesque, Le Magazine Littéraire consacre son numéro de février à ce grand artiste, avec un dossier très complet et passionnant que vous pouvez apprendre par cœur (ou pas).


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