"Je n'ai jamais pensé qu' il faille raconter pour écrire".Le passeur du palais des ombres , c'est l 'écrivain qui se vide de lui-même pour se pencher sur l'acte de naissance de l'écriture. C'est un manuscrit de Pessoa retrouvé à Montréal. Un subterfuge de Paul Bélanger pour se glisser dans la peau de l'auteur, qui, lui, rappelons-le, a passé sa vie à se vêtir d'hétéronymes.
Antonio Tabucchi aussi, s'était laissé capturer par le personnage dans ses écrits : Requiem ou Les trois derniers jours de Fernando Pessoa. Un délire.Pessoa a un pouvoir hypnotique.
Paul Bélanger
photo : N. L.
Bélanger-Pessoa analyse comment lui vient un hétéronyme. La voix du poète qu'il va incarner. Il y a un poète Canadien. Mais sa voix est encore "pétrie dans la glace", sans forme biographique, sans "mythologie". "Un Canadien errant".
Pour qui sait comment Pessoa fabrique ses doubles, il leur crée une naissance et une mort, une biographie. Ici nous sommes en présence de la biographie de Pessoa, telle qu'imaginée par Bélanger. Un Pessoa qui passe aux aveux. Qui fait son mea culpa.
dessin : Nadine Ltaif
"Ainsi sommes-nous exclus de tout territoire, déracinés de l'existence elle-même. "
Un voyage immobile dans l'acte d'écrire. C'est peut-être le rôle de ce cahier de Pessoa trouvé à Montréal.
Paul Bélanger, Le passeur du palais des ombres. Cahier de Fernando Pessoa à Montréal. Recueilli par Paul Bélanger, éditions du Silence, Montréal, 2011Illustrations de Stéphane Jorish