Magazine Cinéma

Passion (2013) de Brian De Palma par Cyril Tuloup

Publié le 22 février 2013 par Flow

Passion. (réalisé par Brian De Palma).

Après avoir marqué des générations de spectateurs avec son cinéma à suspense, le réalisateur de L'impasse et des Incorruptibles passe derrière la caméra à l'âge de 72 ans pour réaliser un remake du film de Alain Corniau: Crime d'amour.

1050789-image-du-film-passion-620x0-1.jpg

Deux femmes se livrent à un jeu de manipulation pervers au sein d'une multinationale. Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l'entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domination et de servitude.

L'intrigue du Thriller présageait de très bonnes choses entre les mains d'un cinéaste renommé. Mais l'attente de ce nouveau long métrage dissimulait une légère crainte: le nouveau De Palma restera un remake. Retrouverons nous le réalisateur libre et talentueux de la première heure? Son film arrivera t-il à s'émanciper de l’œuvre originale? Il signe avec Passion un long-métrage de qualité qui, à défaut d'être inoubliable, réintroduit avec élégance les manies d'un style percutant.

Une relation tendue.

Il est difficile de s’accommoder de l'ambiance pesante des premières scènes de Passion. En filmant les bureaux d'une entreprise publicitaire et ses puissantes figurines féminines, il place directement le spectateur dans un lieu qu'il ne connaît pas. On ne se sent donc pas très à l'aise au début du film, avec le sentiment d'observer grossièrement la vie privée des personnages. De Palma nous place immédiatement dans un monde étrange où la condition humaine paraît complètement folle. Il annonce le ton très vite, trop vite même, et tient à nous faire embarquer le plus longtemps possible dans ce rêve éveillé. Le film reste dans son ensemble très froid.

La dimension «froide» de Passion n'est pas repoussante. On a l'impression que le film remet en question notre statut de spectateur en nous tenant à l’écart des manipulations entre les deux femmes. On mettra donc du temps avant de se s'attacher à cette atmosphère glaçante, mais le film atteint une apothéose émotionnelle avec son final, et le rythme devient de plus en plus dense dans la progression de l'enquête. Le réalisateur parvient à manipuler et à déjouer nos sens avec une grande maîtrise de la mise en scène et du symbole, faisant de l'image le contenu.

Impacts.

Si Passion n'apporte pas de révolution dans la manière de filmer de son réalisateur, il régénère avec brio les ingrédients qui en faisaient sa marque de fabrique. La partition musicale accompagne ainsi des images et des zooms très précis qui génèrent progressivement de l'angoisse. Les rebondissements dans la traque du meurtrier sont compilés dans des séquences de suspense aussi jouissives que terrifiantes. En quittant la salle, il vous faudra un moment avant de reprendre vos esprits, la construction du récit des images étant véritablement assommante. L'atmosphère et la complexité psychologique qui entoure le film ne sont pas sans rappeler l'ambiance malsaine et terrifiante de Basic Instinct, où l'impression d'assister à un cauchemar éveillé est immense. Passion ne cherche ni à clarifier les situations à son public ni à répondre à ses attentes, mais à lui faire comprendre qu'il est lui aussi devenu complètement paranoïaque.

Passion est un film non rigoureux qui fera renaître le talent si précieux de De Palma sur le tard. Le reste est porté par le fascinant duo d'actrices formé par Rachel Mc Adamas et Noomi Rapace, qui passionnent malgré des dialogues un peu minces. L'art de Passion réside dans sa faculté à rompre avec la laideur de l'ordinaire.

Note:

pastèque commune


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Flow 261 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines