Le nom de Tarantino sur l'affiche (à la production) laissait à penser que The Man With The Iron Fists allait se rapprocher son univers référentiel, jouissif, cinéphile et décalé. Mais lorsque c'est RZA, une figure de monde Hp-Hop, à qui l'on doit par ailleurs la formidable BO du Ghost Dog de Jarmush, l'entreprise revêt une toute autre allure. The Man With The Iron Fists puise dans le cinéma de kung-Fu et semble vouloir mettre en image un résumé-hommage de ce cinéma de genre qui fascine une partie du monde Hip-hop par son aspect guerrier (le Wu Tang Clan, ça vous parle... ?). Le poing, on se le prend effectivement en pleine gueule !
The Man With The Iron Fists est bien un film sincère, destiné à faire plaisir à son réalisateur et aux spectateurs qui partagent avec lui ce goût du film de baston peuplé de combattants hors-norme, armés d'armes fantastiques... A la rédaction, on aime aussi ce folklore qui consiste à doter ses héros d'armes farfelues et délicieusement létales ! Hélas, dans des mains autres que celles de son producteur, ce type de défouloir devient un supplice chinois. RZA est peut-être un artiste reconnu dans le petit monde du Hip-Hop, il ne le sera jamais dans celui du cinéma avec une telle réalisation !
A l'image d'un milieu musical trop souvent basé sur la récupération (les samples...), l'instantané (le flow en live, la réaction avant la réflexion) et l'utilisation de codes réduits à leur dimension la plus superficielle (le fric, la force, la beauté féminine résumée à son aspect sexuel...), The Man With The Iron Fists est un film boursouflé et immature. Soyons clairs, RZA ne sait pas raconter une histoire, fut elle simplissime, il ne possède aucun talent, aucune notion, de réalisateur. The Man With The Iron Fists se résume à un assemblage de scènes qui se veulent des "morceaux de bravoure", mais qui fonctionnent bien mal. Ses scènes d'action ne trouvent ni rythme, ni intensité et prennent vie dans un montage aussi laborieux que son utilisation des câbles (pour ses combats aériens) est laide et mal foutue. Aucun personnages digne de ce nom ne parviendra non plus à prendre vie à l'écran, pas même Russell Crow qui doit se mordre les doigts d'avoir accepté un tel four : The Man With The Iron Fists est une succession indigeste d'à peu près et de clichés mal digérés.
Grand n'importe quoi sans âme, simple collage de ce qu'aime RZA dans le ciné d'art martiaux, The Man With The Iron Fists est une faute de gout généralisée qui trouve son véritable point d'orgue dans des combats sur fond de Hip-Hop. Musicien RZA ? Difficile à croire lorsque l'on mesure l'incroyable fossé qui sépare ses combats de son illustration musicale, absolument ratée de bout en bout. Ratage immense destiné à un public immature et peu exigeant, le film de RZA se contente d'aligner codes et clichés, juste parce que c'est "cool" ("wouah, trop cool la capuche qui dissimule le visage..."). Alors pour sûr, c'est un film personnel, voire même hyper-cohérent, si l'on met en relation sa piètre qualité avec le jeu d'acteur de RZA, à la limite du ridicule. Mou, superficiel et défaillant jusque dans ses moindres recoins, The Man With The Iron Fists parvient quand même à compiler l'esprit de ces films de combattants volants, mais leur donne hélas la plus affreuse des formes. Jusqu'à 11 ans, ça tient la route, au-delà The Man With The Iron Fists n'est qu'un symptôme de plus de la pauvreté artistique et culturelle généralisée qui s'impose trop souvent dans le Hip-Hop ! Le Hip-Hop, on a absolument rien contre, en revanche, ça serait bien que ça soit le meilleur de ce mouvement qui déboule sur nos écrans, plutôt que son expression la plus pauvre et caricaturale. A peine un film, tout juste une déclaration d'amour d'un artiste (qui ferait mieux de rester dans ce qu'il sait faire !) à un genre cinématographique fun : RZA, c'est par Rob Zombie (The Devil's Reject) et encore moins Tarantino !
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