Il s'agit du troisième roman de Jean-Paul Comtesse qui rend hommage encore une fois à la femme, aux femmes.
Au départ, dans un premier mouvement, les évidences du titre m'ont gênée. Une sensualité qui s'affiche sans retenue. J'aurais aimé plus de discrétion mais Sabika n'est pas femme à se cacher, à taire sa passion. Le faire, ce serait renier sa nature d'andalouse passionnée, vive et sensuelle.
Ce roman raconte-t-il une histoire au sens classique du terme? Ici, nous assistons à l'imbrication permanente du rêve et du réel. Qu'est-ce qui est réel? Qu'est-ce qui ne l'est pas? La puissance de l'onirisme s'affirme à chaque page, s'incarne dans le personnage d'une femme-sortilège, Sabika Desirade. Elle envoûte, ensorcelle le Grand Rêveur Thomas, son père bafoué, cocufié par un gitan et qui endosse une paternité douloureuse.
Le mot "rêve" abonde dans ce roman. Il sonne comme une injonction permanente à s'abstraire du réel frustrant et décevant incarné par Bruno le typographe.
Les images poétiques qui irriguent l'ouvrage réalisent ce mariage constant du réel et de l'imaginaire. Des mots abstraits s'accolent aux mots concrets et le rêve sublime le réel défaillant.
Un très beau livre, une ode à l'enchantement, à l'ensorcellement.