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Applescal – Dreamin’ In Key

Publié le 24 février 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Doué d’une production transgenre, le DJ hollandais Applescal a dévoilé une incroyable explosion d’émotions à la sortie de son troisième album, Dreamin’ In Key.

applescal

Du haut de ses 25 ans, l’artiste grimpe progressivement les échelons bordéliques de l’électronique, notamment à travers une maturité notable et des racines aussi profondes que vénérables. Très proche de l’univers du Label mythique de WARP, à mi-chemin entre l’électro ambiante de Boards of Canana et la techno lunaire de Four Tet, Applescal se distingue par ces sons venus de nulle part et de partout à la fois. Ainsi, les basses tierces et étranges, que les mecs de Disclosure ont largement popularisé durant les dernières années, viennent bercer chacun des morceaux de Dreamin’ In Key. Les percussions lunaires, sorte de transformation spatiale du morse de nos aïeux, qu’on attribuerait largement à la rudesse d’un Boston Bun ou encore d’un Maelstrom, ajoutent ici une tonalité douce et rêveuse à l’électronique d’Applescal. Les harmonies empruntées à une Tech House d’ordinaire beaucoup plus entrainante nous scotchent littéralement à notre siège lorsque le hollandais les accole avec tant d’efficacité à un rythme purement minimaliste.

Car si l’électronique d’Applescal n’est pas franchement destinée à passer par la clé USB de David Guetta, c’est ce qui explique en majeure partie la création de son Label plus que lunaire, Atomnation. Spécialisé dans la production d’artistes qui baignent dans la musique électronique expérimentale, le Label s’adresse plutôt à un parterre de drogués musicaux qu’à une foule de camés tout court. Et l’on constatera que depuis son premier album, A Slave’s Commitment (2009), le producteur hollandais ne renie jamais ses influences et son genre… transgenre.

Wise Noise On Time, en featuring avec Lanny May, contraste doucement avec le reste de l’album, révélant son caractère détrempé et ses influences Dubstep, à peine maquillées et presque oubliées depuis son deuxième album, A Mishmash of Changing Moods (2010).

Ses influences, noyées ou non, se retrouvent dans chacun de ses morceaux, et plus encore. En mars 2011, Applescal lance, avec une poignée de passionnés de musique planante, le jukebox en ligne RTFKT.net, qui regorge de sons inspirant à toute sorte de voyages de nuit. Dotés d’une sonorité littéralement transcendante, chaque artiste pris sous les ailes de velour du hollandais détient les clés d’une équalisation proche de la perfection. En guise d’exemple, le très spatial David Douglas, maitre incontesté du mélange des genres et de la réverbération, a sorti un premier EP sur Atomnation, largement félicité par la presse internationale.

Plus qu’un simple patron de Label, Applescal ne révolutionne pas le monde de l’électronique ; il crée son propre monde, fuyant, tanguant de plus en plus fort sur les eaux agitées de la techno et de la minimal, pour probablement mieux nous bercer. Le fait est là : on assiste inextricablement à l’ascension d’un nouveau versant de la montagne électro, pendant que d’autres dégringolent de leur falaise, assis sur leurs certitudes (ça, c’est pour toi, Kavinsky). A défaut de nous faire danser, Applescal nous fait marcher, la tête à l’envers, la lune dans le viseur et ce rythme minimaliste comme étoile du berger. On attend la suite ce mélange d’appréhension et d’exitation que seule l’impatience procure, et en attendant, on continue de rêver sur les mélodies charmeuses de l’artiste.

  


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