En véritable stakhanoviste, Kim publie à 30 ans - excusez du peu - son 17ème album ! Et ce, sans compter les diverses collaborations avec les héros locaux, les bordelais de Calc, Pull, The Film ou les furieusement tendance Dionysos !
Si tous ne sont pas de la même tenue que ce Don Lee Doo (qui n'est cependant pas son meilleur !), il n'en reste pas moins qu'autant d'obstination et de dévouement à la cause du rock force le respect !
D'autant que si le background du garçon était celui d'un musicien en herbe (le père officiait comme batteur chez Higelin et de toute évidence little Kim a baigné dans une ambiance musicale), il n'en reste pas moins que les conditions, heu....quelques peu précaires pour quiconque veut vivre de son art en France sans appartenir à la sacro-sainte scène parisienne relève du chemin de croix voire du parcours de combattant !
Ayant semble-t-il surmonté certains problèmes qui obéraient de son devenir musical au sein de sa bonne ville de Bordeaux, Kim nous revient plus en forme que jamais -en fait, on l'imagine tout bronzé ! - avec un album enfin bien produit (ce qui ne gâche rien), qui pétarade et explore avec bonheur son univers protéiforme !
Tel un Ween acquitain, l'artiste nous la joue déhanchements sur le morceau-titre d'ouverture (Don Lee Doo on Belly Bay) et s'amuse d'une voix de fausset à livrer la bonne parole funky - on imagine que des artistes aussi vitaux que Prince ou Sly Stone figurent en assez bonne place dans sa discothèque idéale.
Tous les morceaux sont à l'avenant, ici une chanson, Turn Me On, à grand renfort de Fender Rhodes (en tout cas, ça y ressemble !), rythmique funky (encore !) sur l'intro de Girl. Et que le grand cric me croque si When The River Turns Around ne recèle pas une mélodie tubesque !
Bref, Kim en autodidacte et multi-instrumentiste affirmé, construit un nouveau disque au gré de ses humeurs, celui-ci un peu plus ensoleillé, et délaissant quelque peu sa dualité folk/électro qui est celle que je préfère !
Foin de ces considérations, Kim est de ces artistes crédibles, intelligents et intègres qui vivent (mal) de leur musique, mais pour qui composer, écrire, produire, créer est un sacerdoce. Il existe en France un grand nombre de talents à son image, me viennent à l'esprit en sus de ceux précités, les noms de Tanger et son véritable double de Nancy, j'ai nommé Fugu !
On ne remerciera jamais assez à Kim Stanislas Giani d'exister, mais ça n'est pas assez : il faut aussi aller le voir jouer, seul ou en groupe et acheter ses disques : pas difficile, il en paraît au moins 1 par an depuis 12 ans !
En bref : Artiste trop doué.....et trop honnête : attention de ne pas confondre la pochette avec l'album de Mika ; jusqu'au nom, c'est quasi la même mais à l'envers !