Magazine Cinéma

Argo (Ben Affleck, 2012)

Par Doorama
Argo (Ben Affleck, 2012) En 1979, à Téhéran, l'ambassade Américaine est attaquée et son personnel est pris en otage. Mais six d'entre eux sont parvenus à sortir à temps et trouvent refuge à l'ambassade du Canada. La CIA envisage une opération pour les exfiltrer du pays avant qu'ils ne soit découverts par les autorités iraniennes. Ils produisent un faux-film de science-fiction intitulé Argo, sensé être tourné en Iran, et à l'occasion des repérages de tournage, tenteront de faire sortir leurs six ressortissants en tant que membres de l'équipe de tournage...
Ben Affleck avait déjà fait preuve d'un grand talent en signant The Town, polar intime et puissant pas si lointain d'un Heat... Avec Argo il nous propose la mettre en image une histoire vraie, à savoir l'incroyable plan mis en place par la CIA pour sortir six Américains de l'Iran pendant la crise des otages en 1979. La réalité dépasse la fiction ici, avec un plan farfelu et diablement audacieux, quant à Ben Affleck, il s'empare de son sujet avec une maîtrise rare, parvenant à livrer un film à la fois captivant, divertissement et fort. Argo se découvre les yeux grand ouverts, fasciné par cette histoire, mais aussi par l'équilibre parfait qu'il dégage entre drame, réalisme et divertissement...
"Du Cinéma" ! Devant, derrière ses images et autour, c'est ce que dégage Argo : du Cinéma avec un grand C ! Argo débute avec la prise de l'ambassade américaine, et de suite impose l'angle judicieux retenu par Ben Affleck pour raconter cette histoire improbable... Argo est un film d'espionnage, précis et méticuleux, presque technique, pourtant sa capacité à mettre en scène de vraies gens, à nous faire partager l'angoisse de leur situation, leurs doutes, est la première de ses armes. Le réalisme sur lequel il se base se focalise entièrement sur la dimension humaine du drame vécu par ses personnages. Au lieu de jouer la carte patriotique, celle de la cause nationale, de montrer avec fierté l'infaillibilité CIA, Argo s'attache à ne jamais perdre de vue le drame humain qui se joue. La tension réaliste qui ouvre le film ne le désertera à aucun moment, laissant planer une menace permanente, haletante, sur le devenir de ces miraculés temporaires... Argo installe un climat tendu et pesant dès ses premières images, ses enjeux dramatiques sont capitaux, et comme en contrepoint à cette situation politique explosive, Ben Affleck vient exposer ce plan fou, traité sous l'angle opposé de la légèreté, presque humoristique, qui restitue parfaitement la position américaine : "on le fait, mais en même temps, on y croit pas trop..."
L'âpreté d'une situation de crise, réaliste et tendue, et ce plan improbable se percutent en permanence dans Argo, mais au lieu de s'opposer, ne serait-ce qu'en raison de leur différence de traitement, ils s'unissent parfaitement, imprimant au film un équilibre parfait entre le thriller politique précis et le divertissement ludique. Argo donne à voir un drame fort, avec tous les atouts-séduction d'un blockbuster, l'action et le spectaculaire en moins ! Argo peut se découvrir comme un James Bond (sans gadgets ni armes), juste pour se détendre, on en ressort pourtant avec un véritable contenu, à la fois dramatique, politique et historique. L'intelligence de la mise en scène d'Argo est évidente : il parvient à aborder le plus sérieux des sujets d'une manière presque "légère", il transforme une raison de conflit mondial, une crise explosive, en un film parfaitement divertissant. Il ne rate absolument rien de ce qu'il faut retenir de cette opération, qu'il s'agisse du ressenti des hommes, du climat politique du pays, du risque de guerre ou de la précision de son plan fou, et parvient à donner à ce bloc de tension et de réalisme un visage sympathique, presque décontracté ! On le répète, mais Argo trouve un point d'équilibre parfait, rare même, entre la tension extrême du fait divers politique, austère et oppressant, et un réel sens du spectacle dans une salle obscure...
On frémit avec ses otages, on trépigne dans son sprint final hollywoodien (mais exquis !), on s'étonne de ces idées à la con que peuvent avoir les Américain parfois, et on touche du doigt la guerre... Quelle aventure ! Oui, une aventure... Argo est un film d'espionnage précis, traité comme un film d'aventure décomplexé ! Son Indiana Jones serait Ben Affleck, l'arche d'Alliance ces hommes et femmes à récupérer... En plus de l'intelligence de sa mise en scène, Ben Affleck nous offre aussi un Tony Mendez (l'exfiltrateur) parfaitement incarné, habité d'une fort belle hunanité et d'un professionnalisme sans faille. Le reste du casting est lui aussi impeccable et trouve, dans une reconstitution méticuleuse de la fin des 70's, un écrin ciselé et très convaincant. Et puis,  enfin, il y a cet humour discret, dosé avec grand soin, qui vient régulièrement relâcher juste ce qu'il faut de la pression, sans jamais oublier le drame humain et politique qui se joue. La rédaction de doorama est unanime : Argo est un plaisir cinématographique proche de la perfection (nous oublions donc ses quelques plans numériques plutôt laids...), qui vous plaque dans votre fauteuil par sa tension, vous fascine, et vous immerge dans un univers parfaitement orchestré. Thriller d'exception, à base de tension mondiale et de repérage pour le tournage d'un film de science-fiction cheap et exotique, Argo est un pur plaisir cinématographique. Il vient utiliser avec intelligence toutes les ficelles qu'offre le cinéma, explorer une large palette de ses registres, pour proposer au final un film dense et riche, aux multiples reflets (thriller, espionnage, aventure, humour, politique, historique, etc...) sans jamais céder  aux sirènes de l'"entertainement", ni jamais oublier qu'il s'agit d'un drame humain. On a adoré, jusque dans ses moindres recoins... Argo a agi sur nous comme un exfiltrateur de plaisirs !
Argo (Ben Affleck, 2012)
NOTE : à l'heure où nous écrivions ces lignes, Argo n'avait encore reçu ni César, ni Oscar, ce qui lui est arrivé est à notre sens bien mérité, nous sommes heureux que ce ne soit pas une machine à Oscars, lisse et calibrée, qui ait emporté la mise... Go Ben, Go !

Procurez-vous Argo ou d'autres films de Ben Affleck ou avec Ben Affleck, Bryan Cranston ou John Goodman


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Doorama 230 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines