Qu’on se le dise, et le palmarès des Oscars 2013 le confirme (Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day Lewis -Lincoln, et Christopher Waltz -Django Unchained) l’industrie hollywoodienne est rentrée en mission: celle de réhabiliter l’image et la place de l’homme noir dans l’histoire des Etats-unis d’Amérique. Une entreprise ambitieuse, courageuse, louable sans doute encouragée par le succès de la 1ère « Black Presidence » , par l’émergence dans la société américaine d’une véritable blackgeoisie, mais aussi de la suprématie de la culture hip-hop dans l’entertainment mondial. Le « Nigga », le juif du 21e siècle?
Lincoln
Le maître Spielberg frappe fort, très fort dans ce remake de la liste de schindler version négro. Lincoln est un film qui vous emporte loin dans l’émotion, vous faisant vivre de l’intérieur de la maison blanche et des coursives du capitole, le combat jurique le plus important de l’histoire de l’humanité: l’abolition de l’esclavage. Un acte fondateur qui va être la base de la de la de la guerre de sécession et de la constitution des nouveaux Etats-Unis d’Amérique. Comment ne pas être bouleversé face à la force de conviction de ce Lincoln habité par cette mission quasi mystique qui lui sera au final fatale?
Django Unchained
La négritude vue par Quentin Tarantino c’est plus que jouissif..c’est Tarantinesque!!! Car l’on dépasse ici le simple cadre manichéen judiciaire…avec Django nous rentrons dans le quotidien du négro esclave, revivant ses souffrances, ses injustices, ses abominations ( ahhh les joies des combats de mandingos)…mais nous découvrons aussi les autres négros: nos collabos à nous , les vraies ordures incarnées par la géniale interprétation de Samuel L Jackson en ‘Oncle Tom’, pour qui un bon négro se devait avant tout d’être obéissant à son maître blanc tout muscles bandés, la peau dardée de coups de fouet. Un point de vue dérangeant mais assumé par le génial Tarantino « Je n’ai pas voulu contourner le sujet ou l’édulcorer. Au contraire, j’ai voulu que le film soit assez dérangeant de ce point de vue là.Je voulais illustrer que l’esclavage avait été le le second holocauste de l’histoire des Etats-Unis. »
Flight
Un chef d’oeuvre du revenant Robert Zemeckis qui nous présente cette histoire d’un pilote de génie rongé par ses démons qui ont pour nom, Alccol et Cocaïne: un héros ange noir qui prend les traits d’un Denzel Washington a(superbe mise en abîme) u summum de son art et de sa nigger attitude.
Le « Nigga » dépasse maintenant le simple cadre hollywoodien pour s’inviter aussi dans notre bonne vieille hexagone: à l’hémicycle tout d’abord avec la petite formule de la ministre Christine Taubira à l’endroit du député Hervé Mariton sur la notion de « Négritude » . Mais aussi, dans le domaine artistique avec une exposition choc lors de la réouverture du palais de tokyo de l’artiste Carrie Mae Weems « From Love I saw what happened and I cried » dont nous nous étions déjà faits l’écho ici.
Nigga, une insulte, une philosophie, une couleur de peau ? Le débat est lancé et ce n’est certainement pas Spike Lee qui va se priver de donner son point de vue.