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Cry Freedom

Publié le 27 février 2013 par Olivier Walmacq

1975, Afrique du Sud. Le rédacteur Donald Woods fait la rencontre du leader de Conscience noire Steve Biko. Ce dernier est victime comme toute la population noire du pays de l'Apartheid, d'autant que comme il est contre le régime, il est assigné à résidence. A son contact, Woods va découvrir une toute autre vision de la population noire de son pays...

Affiche USA - Cry Freedom - Le cri de la liberté

La critique made in Apartheid de Borat

Après avoir parler en partie de l'Apartheid dans Gandhi, Richard Attenborough revient en 1987 sur le sujet en abordant ce régime de ségrégation véritablement de l'intérieur avec Cry Freedom. Film peu connu dans son ensemble, il a été réalisé au Zimbabwe, le régime étant encore en pleine activité. Il se base sur les livres de Donald Woods, ancien habitant et rédacteur en chef sud-africain ayant eu une relation fraternelle avec Steve Biko, activiste noir mort pour ses idées. Pour incarner ce duo atypique, le réalisateur opte pour Kevin Kline et Denzel Washington. Pour les seconder, on retrouve John Thaw (vous avez bien dû zapper une ou deux fois sur l'Inspecteur Morse), Kevin McNally (un Pirate des Caraïbes qui avait moins de barbe, mais plus de cheveux) et Penelope Wilton. A l'époque de sa sortie et encore aujourd'hui, Le cri de la liberté appartient aux films importants sur le plan historique. Déjà parce qu'il montre ce que les politiques sud-africains ne voulaient pas montré: la réalité. Il n'y a qu'à voir le tableau des prisonniers noirs morts en prison entre 1963 et 1987 (date de sortie du film) avec des mentions comme "tombé du dixième étage" (à moins qu'on le pousse j'ai un peu de mal à y croire) quand ce ne sont pas trois, des dizaines de suicide par pendaison (le tableau en est bourré à craqué), "a glissé dans les douches"... Ce ne sont que des exemples, mais preuve en est que tout cela est bien fantaisiste et irréaliste.

Cry Freedom : photo Denzel Washington, Kevin Kline, Richard Attenborough

On n'y croit pas une seconde et pourtant ce sont des rapports officiels. L'amitié entre Woods et Biko n'est pourtant pas facile au départ et pour cause, le journaliste a une opinion très particulière de l'activiste. Pour lui, ce n'est qu'un noir dangereux qui veut semer le trouble. Comme beaucoup de blancs, Woods n'a que des préjugés sur la communauté noire. Attenborough montre les deux communautés et autant dire que le constat est incroyable: le Blanc vit dans un palace avec piscine, le Noir dans de vulgaires bidonvilles et avec du pot des habitations modestes. Le contraste est total et assez injuste. Woods va vite comprendre les préjugés improbables qu'il a eu au sujet des noirs et voit surtout l'envers du décor. Quand il va se plaindre contre une injustice au ministre de la justice Kruger, il se voit vite remercié le soir même par des policiers. A partir de là, ce sera des menaces de morts continues venant de la police et même coups de feu sur la maison. Attenborough ne lésine pas sur les détails concernant les conditions de sécurité. D'ailleurs, le film s'ouvre sur la vision des bidonville avec des photos et des écritos qui sont tapés comme sur une machine à écrire et dont le son renvoie plus ou moins au bruit de la mitraillette. ça tombe bien, la police opte pour un assaut qui ne fait pas dans la dentelle. Noirs tabassés, maisons brûlées ou dégagées... En sachant que le soulèvement de Soweto survenu en 1975 est encore plus brutal.

Cry Freedom : photo Denzel Washington, Richard Attenborough

On sent que le réalisateur veut montrer le choc et la brutalité de cet événement, avec des images d'enfants massacrés, de gens tabassés sévèrement ou tués... Un tir dans le tas pourtant bien réel, montrant toute la perte d'autorité d'un gouvernement incapable de négocier avec des gens non-armés. Et puis en août 1977, Biko se fait arrêter alors qu'il partait pour le Cap. Ellipse temporel menant au 11 septembre de la même année. Moins d'un mois de détention et le voilà mort d'une soi-disante "grêve de la faim". Ce serait vite oublié les tonnes d'équimoses présentes de la tête aux pieds. A partir de ce moment, le temps de Woods en Afrique du Sud est compté. Il finit par être comme Biko: assigné à résidence. Or, s'il veut écrire un livre, il faut qu'il quitte le pouvoir. Attenborough donne lieu à une tension palpable, même si on connaît déjà la fin pour ceux qui se sont renseignés. On peut penser que Ben Affleck y a peut être penser pour le dénouement d'Argo, tant au niveau des problèmes gouvernementaux on est dans le même genre de situation. Pour ce qui est de l'interprétation, elle est vraiment excellente. Washington n'apparaît que 1h environ, mais il est vraiment charismatique en représentation de Biko, un des nombreux pacifistes tués pour ses idées. Kline y rajoute son charme en journaliste prêt à tout pour ses idées également.

Un film choc montrant l'un des plus durs visages de l'Apartheid.

Note: 18/20


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