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Cloud Atlas, critique

Publié le 28 février 2013 par Fredp @FredMyscreens

Cloud Atlas, critique

Expérience de cinéma hors du commun et follement ambitieuse, d’une richesse inouïe, Cloud Atlas risque bien de vous laisser la tête dans les nuages pendant plusieurs vies.

Cloud Atlas, critique
Comme pour beaucoup de livres, on a longtemps cru qu’une adaptation cinématographique de la Cartographie des Nuages de David Mitchell serait impossible. Et pour cause, le best-seller recelait 6 histoires qui n’avaient apriori rien à voir, dans des styles complètement différents et avec une structure pour le moins originale sous forme de poupées russes. Ainsi, nous pouvons y suivre les aventures malheureuses d’un avocat traversant le pacifique en pleine période esclavagiste, d’un jeune compositeur anglais avant la seconde guerre mondiale, d’une journaliste contre le nucléaire dans les 70′s, d’un vieil éditeur enfermé dans une maison de retraite de nos jours, d’une serveuse clonée dans le futur et la recherche de vérité d’un homme dans un monde post-apocalyptique.

6 histoires, 6 styles uniques difficiles à mêler pour pourtant aboutir à un film unique et limpide. C’est donc le pari fou que se sont lancé les Wachowski et l’allemand Tom Tykwer. Et ces trois là connaissent bien de genre de défis, les premiers avec Matrix évidemment, le second avec l’adaptation du Parfum (autre roman qui était réputé impossible à adapter et avait pourtant trouvé avec honneur les écrans). Ils se sont donc réparti les 6 histoires tout en y faisant jouer différents rôles par les mêmes comédiens (rien de moins que Tom Hanks, Halle Berry, Jim broadbent, Jim Sturgess, Hugo Weaving ou encore Hugh Grant, certains dans leurs meilleurs rôles), non pas pour alléger le casting mais pour les rapprocher, montrer leurs connexions et surtout faire passer de multiples messages et réflexions.

Cloud Atlas, critique

Ainsi, si les 6 récits sont indépendamment plutôt convenus, c’est le tout qu’ils forment qui leur donne une portée dépassant de loin ce que l’ont peut voir au cinéma. Ainsi, les réalisateurs peuvent ici traiter de nombreux thèmes forts qui invitent à la réflexion. Cela va de l’esclavagisme et l’emprisonnement engendrant la rébellion (thèmes que l’on retrouve dans abordés sous plusieurs angles dans les différents récits) à des pensées plus spirituelles comme la force de l’amour, la destinée, la réincarnation et le karma. Le choix d’avoir les mêmes acteurs interprétant des personnages différents prend ainsi tout son sens et nous permet, parmi les multiples possibilités d’interprétations qui nous sont offertes, de noter l’évolution des âmes (Tom Hanks peut être un personnage horrible dans la première histoire avant de se révéler à la recherche de rédemption dans une autre).

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6 histoires, de nombreux thèmes forts pour une durée de 2h45, cela peut effrayer évidemment. Et pourtant, le trio nous y entraine avec une simplicité confondante. Car Cloud Atlas n’est finalement pas complexe, il est surtout très riche et généreux. Aussi, passée la première partie installant les différents récits et personnages, le film prend son rythme de croisière en mêlant adroitement les histoires sans jamais nous ennuyer ou nous faire perdre le fil, relevant leurs similitudes, leurs connexions, maniant l’art du cliffhanger pour nous maintenir régulièrement en haleine et développer notre addiction à chaque chapitre. Et avec la magnifique partition musicale qui unit l’ensemble, sans y réfléchir vraiment, il suffit alors de se laisser porter pour comprendre tout le sens que veulent apporter les Wachowski et Tykwer.

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Évidemment, certains trouverons à redire,  notamment sur quelques maquillages ou séquences à la limite du grotesque (surtout pour l’histoire dans la maison de retraite), mais ce sont des défauts qui se révèlent finalement attachants, montrant aussi que tout n’est pas forcément à prendre au sérieux sans pour autant affaiblir la portée émotionnelle du film. Les réalisateurs passent ainsi d’un ton potache au suspense d’un complot des 70′s ou à la réflexion SF avec un vrai savoir-faire et nous invitent dans un grand voyage à travers les âges. D’une certaine manière, Cloud Atlas est le témoin d’hier, d’aujourd’hui et de l’avenir qu’il nous reste à tracer comme une boucle sans fin, un éternel recommencement pendant lequel nous apprenons à devenir meilleurs ou pires.

Cloud Atlas, critique

D’une ambition folle, Cloud Atlas devient donc une expérience hors du commun qui invite humblement à réfléchir sur la vie et l’humanité d’une manière générale. Film aux interprétations et aux points d’accès multiples, il laissera peut-être de côté les personnes qui ne voudraient pas y croire mais ses messages à portée universelle sont là, appuyés par une technique (montage, photo, …) impeccable. Et ses réalisateurs, fidèles aux principes qui régissent leur cinéma dépassant toutes les frontières, atteignent sans doute un chef d’œuvre qui se confirmera avec le temps et les nombreuses visions que l’on en aura.

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