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Kaboul sous les balles. Pierre de patiente.

Par Unionstreet

Syngue Sabour Pierre de patiente

Au pied des montagnes de Kaboul, un héros de guerre gît dans le coma ; sa jeune femme à son chevet prie pour le ramener à la vie. La guerre fratricide déchire la ville ; les combattants sont à leur porte.

Ce film est l’adaptation d’un Goncourt. Adaptation fidèle qui malgré les monologues passe de l’écrit à l’écran avec une aisance rare. C’est son auteur Atiq Rahimi qui l’adapte et qui réussi la transposition. Le monsieur s’était déjà essayé au cinéma avec Terre et Cendres en 2004. Il avait déjà gagné à l’époque un prix au Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz.

Avec Syngué Sabour – Pierre de patiente, il raconte le quotidien d’une femme afghane esseulée dans Kaboul. Son mari est dans le coma, sa belle famille a fui et elle se retrouve avec ses deux jeunes filles dans un quartier en proie à la guerre civile. Sa condition de femme et ses conditions de vie ne sont en aucun cas satisfaisantes mais la jeune femme revient tout les jours dans sa demeure pour prendre soin de son mari endormi. Et lui parle. Dans la mythologie perse, Syngué Sabour est la pierre de patience. Une pierre magique à qui l’on peut révéler ses secrets les plus intimes. La pierre absorbe les secrets d’une personne puis finit par exploser, libérant cette dernière. La jeune fille n’ayant jamais eu l’occasion de beaucoup parler à son mari, elle lui dégoise donc ses souvenirs et ses secrets qu’aucune autre femme n’oserait prononcer.

Voilà une bien belle histoire. Tandis que son quartier est en flamme et que les roquettes tombent, la femme jouée par Golshifteh Farahani reste au chevet de son homme blessé. Elle risque sa vie à chaque aller retour entre son ancienne demeure et le logement de sa tante. Dans sa burqa elle déambule dans les rues vides et lugubres pour parler à son mari et prendre soin de lui. Pourquoi risquer sa vie pour un homme qui serait resté indifférent à son existence malgré qu’ils soient mariés ? Car elle se rend compte qu’elle a encore énormément de choses lui dire, et sentant le poids qui pèse sur son coeur devenir plus léger elle décide d’en faire sa pierre de patiente. Tout lui dire jusqu’à sa libération.

Le film n’est pas qu’un enchaînement de confessions et de monologues, chaque visite étant coupée par un événement inattendu. Le cruel assassinat des voisins, le jeune homme pour qui la femme va s’attendrir, les visites du mollah, se faire passer pour une prostituée … Autant de situations qui vont pousser la jeune afghane à se livrer entièrement à son mari comateux. L’ambiguïté est présente puisque souvent elle s’emporte contre lui, mais reste toujours fidèle épouse. Elle semble parfois lui parler comme pour ne plus cacher les mensonges à l’être aimé, ou parfois pour lui cracher les rancoeurs accumulées durant dix ans de mariage. Un tout qui rend le personnage fascinant.

Golshifteh Farahani est d’une beauté suprême et fera chavirer tout les coeurs. Elle est de tous les plans, illumine l’écran. Elle est bouleversante à l’image de son dernier regard qui restera en tête longtemps après la fin du film. L’actrice iranienne en exil est une magnifique perle qu’on ne se lasse pas de voir jouer.

SYNGUE SABOUR PHOTO1

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