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Les saisons et les jours - Caroline Miller (Prix Pulitzer 1934)

Publié le 02 mars 2013 par Litterature_blog

Les saisons et les jours - Caroline Miller (Prix Pulitzer 1934)

Miller © Belfond 2013

Incroyable destin que celui de ce premier roman publié en 1933 et qui remporta le prix Pulitzer 1934. Rédigé par une Géorgienne totalement inconnue, Les saisons et les jours reçut un accueil enthousiaste, tant au niveau régional que national. A tel point que devant un tel succès, l’éditeur Harold Latham rechercha d’autres œuvres « du Sud » afin de surfer sur la vague. C’est ainsi qu’il se décida à publier l’ouvrage de Margaret Mitchell qui allait devenir le prix Pulitzer suivant : Autant en emporte le vent. Ce dernier éclipsa rapidement Les saisons et les jours, qui restera quand même le best seller de l’année 1934 et qui a été réimprimé une quarantaine de fois depuis sa première édition. Grâce à la nouvelle collection « Vintage » de Belfond, il est maintenant disponible en France dans sa version intégrale et avec une nouvelle traduction (l’ouvrage a été publié dès 1938 sous le titre « Colons en Géorgie » mais dans une version abrégée et était depuis introuvable).

Contrairement à Autant en emporte le vent, Les saisons et les jours ne s’intéresse pas aux riches planteurs esclavagistes de la côte mais se focalise sur les fermiers blancs du Sud profond d’avant la guerre de sécession. Des familles trop pauvres pour posséder un esclave qui tentent juste de survivre dans un environnement difficile. Saga familiale centrée sur le personnage de Cean Smith, jeune fille mariée à l’adolescence que l’on suit pendant des dizaines d’années, le roman dresse le plus fidèlement possible le portrait d’une époque. Cean aura en tout 15 enfants et deux maris. Une femme remarquable, totalement accaparée par la vie domestique, épuisée par les grossesses à répétition et qui ne sera pas épargnée par les drames. Autour de Cean et de son clan, Caroline Miller évoque le plus scrupuleusement possible l’existence de ces pionniers marquée par la succession des saisons, des semailles, des récoltes, des naissances et des deuils. Un travail presque ethnologique transcendé par une écriture proche du naturalisme. Entre le roman régionaliste et le Nature Writing, Les saisons et les jours relate à travers Cean et les siens une vie quotidienne fruste et répétitive, sans véritable horizon.   Un texte fleuve qui, je l’avoue, ne m’a pas toujours emballé. Beaucoup de références religieuses (certes légitimes au 19ème siècle dans ces communautés isolées) plombent la fluidité de l’ensemble. Et puis à force de voir les personnages scier du bois, cuisiner des pains de maïs, traire les vaches, accoucher et récolter le coton, j’ai senti un petit relent de La petite maison dans la prairie assez désagréable. En plus réaliste et sans Nelly Olson, certes, mais quand même. Reste un beau portrait de femme, fière et lucide : « Maintenant, elle avait compris : ce monde avait été créé pour que les êtres humains y fassent leur devoir et prouvent qu’ils n’étaient pas des brutes. Il fallait qu’elle fasse son devoir, qu’elle donne la vie continûment, lave, s’occupe du bébé jusqu’à ce qu’il marche, puis en ait un autre. Pourtant, elle ne l’acceptait pas sans rechigner, même si elle se taisait et faisait son devoir. »  Quoi qu'il en soit, je suis drôlement content d’avoir découvert un tel classique, tellement éloigné de mes lectures habituelles (si vous voyez ce que je veux dire...). Les saisons et les jours, de Caroline Miller. Belfond, 2013. 438 pages. 19 euros. 

Les saisons et les jours - Caroline Miller (Prix Pulitzer 1934)

Les saisons et les jours - Caroline Miller (Prix Pulitzer 1934)


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