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Ladivine de Marie Ndiaye

Par Sylvie

LITTERATURE FRANCAISE

Ladivine de Marie Ndiaye

Editions Gallimard, 2013

Voici le dernier opus de Marie Ndiaye, Prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes.

Elle nous a habitué à ces portraits de famille aux personnages exprimant une certaine  langueur et lassitude, partagés entre culpabilité et fuite des responsabilités : fuite de la responsabilité parentale, ingratitude des enfants, familles qui se délitent dans une atmosphère moite. Le tout enrobé d'une atmosphère teintée de fantastique.

On retrouve tous ces thèmes et encore le destin de trois femmes dans Ladivine, mais raconté dans une prose magnifique, sinueuse, jouant avec brio des subordonnées et des virgules, où la simplicité des mots est soudain embellie par une mot précieux.

Oubliant les dialogues théâtraux des Serpents et de Papa doit manger, elle s'immisce dans l'intériorité de ses personnages, en narrateur omniscient, pour décrire magistralement leurs défaites et leurs souffrances.

Trois femmes, la grand-mère, la mère, la petîtes fille. Trois personnages fantomatiques qui vont se rencontrés, s'éviter, disparaître. 

On devine l'origine africaine de la grand-mère. Cette dernière est nommée "la Servante" par sa fille, Malinka. Malinka ne veut pas être la fille d'une personne sans consistance, n'ayant aucune volonté, aucune existence sociale. 

Alors elle décide de s'inventer une nouvelle identité : elle sera Clarisse Rivière, sa mère ne devra pas connaître cette deuxième existence. Comme un rituel, elle viendra la visiter une fois par semaine à Bordeaux.

Et puis tout dérape comme dans un journal de faits divers. Nous voila plongés en Afrique (sans que le continent ni le pays soient nommés) en compagnie de la petite-fille Ladivine et de sa famille, mari et enfants. Là encore, tout s'envenime dans une atmosphère moite. Culpabilité, sang répandu...et ce chien mystérieux qui semble veiller sur Ladivine...

C'est à partir de ce moment que le récit est parcouru d'une atmosphère étrange à la limite du fantastique. Ces femmes fuyant leurs responsabilités, leur devoirs sont rongées par la culpabilité. Mais Marie NDiaye semble vouloir les toucher par la grâce. Ce chien semble être là pour alléger leurs âmes. La fuite dans les ombres de la forêt africaine apparaît comme une belle allégorie.

Comme si ces femmes fantômatiques trop fragiles pour vivre une vie quotidienne classique partaient vivre dans une autre dimension, pourtant si proche de la nôtre.

Assurément, Marie NDiaye est sans doute la voix la plus originale de la littérature française contemporaine. Une voix que l'on reconnaîtrait entre milles


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