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[Critique] INSENSIBLES de Juan Carlos Medina (2012)

Par Celine_diane
[Critique] INSENSIBLES de Juan Carlos Medina (2012)
Ce n’est pas la première fois dans le cinéma ibérique que l’on voit s’entrelacer à l’écran le sombre passé de l’Espagne (atrocités de la guerre et du franquisme) et le genre horrifique. Guillermo del Toro, est déjà passé par là, en 2001 et 2006, avec son Echine du diable et son Labyrinthe de Pan. Insensibles, quant à lui, est le premier long métrage de Juan Carlos Medina, et c’est un coup de maître. Exorciser et vomir les démons du passé (à la fois ceux du personnage et ceux de l’Histoire) en passant par les codes du film d’horreur : une idée proprement dérangeante, qui explose d’ingéniosité et de puissance à l’écran. Soit, pour commencer, un accident de voiture tragique où David Martel, médecin, perd son épouse. Alors qu’il ne lui reste plus qu’un fils (à l’état de fœtus et maintenu en vie par une machine), on lui annonce qu’il est atteint d’un cancer. Seuls ses parents peuvent encore le sauver d’une mort certaine via une greffe de moelle épinière. Problème : il apprend qu’il a été adopté. Qui est sa vraie mère ? Qui est son père ? Débute alors une quête des origines éprouvante et viscérale au sein d’allers et venues temporels. A mesure que l’homme brisé déterre ses racines, se déroule une autre intrigue, qui s’étale des années 30 aux années 60 : des enfants, en plein temps de guerre, sont fait prisonniers parce qu’ils font peur. Ils sont insensibles à toute forme de douleur. Ni souffrance, ni plaisir. Rien. 
C’est à partir de ce postulat, jamais confus, que Medina offre à voir un film de genre animé par la rage et le désespoir, dissertation historico-gore sur les notions de souffrance et de transmission. Que porte-t-on en nous ? Jusqu’à quel point le passé peut-il venir hanter nos identités présentes ? Peut-il influer sur ce que nous sommes ? Des questions auxquelles Insensibles répond en remontant aux racines du mal ; un mal présenté comme un virus qui se transmet d’homme en homme, de génération en génération, comme un acquis anti naturel, le mal comme héritage, du poison dans les veines, le résultat de l’acharnement d’autrui. David, pour sortir de l’engrenage, n’a plus alors qu’un seul choix : déterrer la vérité, dans toute sa cruauté, regarder (littéralement, et métaphoriquement) le dit mal dans les yeux. A l’image, l’humanité apparaît dans ce qu’elle a de pire : côté sombre, l’homme trouve des justifications diverses (science, idéologie, patriotisme, amour) pour commettre les actes les plus infâmes ; côté lumière, l’homme, acculé par un cercle vicieux de souffrance et de sadisme, ne peut trouver de libération que dans la vérité, son acceptation, son exposition. Medina, pour dérouler le tout, mise sur une ambiance aussi terrifiante que bouleversante, effectuant, au cœur de l’enfance, terrain des traumas les plus sombres, une plongée radicale parmi des monstres de chair, d’os et de sang, Le film, aux allures de claque, grimpe alors en tension- crescendo jusqu’au final saisissant. Vision mutique de l’enfer des hommes qui marquera l’esprit pendant longtemps. 
[Critique] INSENSIBLES de Juan Carlos Medina (2012)

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