Quand j’étais ado, il n’y a donc pas si longtemps, vous confirmez tous j’en suis sure, j’avais entendu parler d’un couple de people dont j’ai oublié le nom (car en réalité, ça date!!) qui avait un enfant en commun et qui ne vivait pas ensemble. Ils habitaient tous les deux Paris et plus précisément le quartier de Montmartre, genre à quelques pâtés de maison. Je ne comprenais pas l’intérêt. Avec le temps et surtout un bébé, j’ai clairement compris que c’était la routine qui tuait certains couples et que parfois, prendre un peu ses distances servaient à raviver la flamme. Pour autant, je ne pensais pas que je pourrais un jour rentrer dans cette catégorie. Celle des « LATs » (Living Apart Together= en couple mais chacun chez soi).
C’est une tendance qui se développe petit à petit. 8 % des Français âgés entre 18 et 79 ans vivent une relation stable non cohabitante, soit près de 3.8 millions de personnes.
Vivre séparément permettrait de ne prendre que les bons côtés… Est-ce réaliste?
Pour tous, il s’agit de choix: soit on est encore étudiant (26% des hommes et 31% des femmes de 18 à 24 ans) et assez logiquement, on est encore chez ses parents, soit on est senior et on a clairement plus envie de faire des concessions « à son âge » (près de 10% sont des retraités) ni d’imposer ses mauvais côtés ni, ni, ni. Il y a plein de bonnes raisons à croire. Entre les deux, il y a les 25 et 65 ans: 17% refusent de vivre en couple.
Dans notre cas, cela nous a été imposé même si on aurait pu dire non.
Super-papa-chéri a eu une opportunité: il est rentré en formation mi février pour monter en grade en tant que marin. Elle est sur Cherbourg. Durée: 4 mois. Nous étions encore à la Réunion quand nous avons su que nous avions ce choix à faire. En à peine quelques jours, il a plié bagages et est parti. Nous sommes restées plus longtemps avec bébé pour raisons logistiques. On a décidé que ça valait le coup d’essayer, que s’il ne le faisait pas cette formation on se poserait tout la vie cette question « et si? ». Nous pensons que parfois la réussite ou le bonheur implique quelques désagréments (genre avoir un bébé et devoir perdre les kilos de la grossesse… entre autres!).
Pour le moment, nous nous verrons le week-end car cela s’est aussi vite décidé: je reste avec bébé sur Paris. Hors de question de refaire le parcours du combattant du « nouveau expatrié »: refaire un réseau social, retrouver ses marques de quartier et dans un nouveau logement, visiter une ville seule et dans le froid… J’ai envie de retrouver mes marques parisiennes et mes ami(e)s, de faire profiter notre fille des nombreuses activités qu’offre Paris, que la famille en profite aussi… Je suis contente et triste aussi: que sa fille ne profite plus de son père chaque jour. Je sais néanmoins qu’elle ne va pas l’oublier et bien en profiter le week-end! Idem pour moi: avoir un mari qui rentre le soir si fatigué qu’il en devient irritable… Non, la distance peut faire du bien. Il a besoin aussi de réviser, comme tout étudiant et donc la vie de famille peut, un temps, ne plus lui convenir. Nous verrons. Nous envisageons pourquoi pas le rejoindre dès que le temps sera plus clément sur une semaine ou deux… A voir comment nous gérons la distance.
Coucher de soleil depuis le voilier où l’on s’est rencontré
J’ai compris une chose avec le rythme de travail subi quand nous étions à la Réunion, 6 jours sur 7 et de 7H à 20H: finalement les embarquements de quelques semaines (7 en moyenne) peuvent être bien vécus (en théorie): quand ton homme n’est pas là, certes il te manque, mais quand il est là, il l’est à 100%.
Le travail de marin avec ces diplômes reconnus à l’international (dans environ 150 pays) nous permettra, sans doute, de continuer à voyager d’ici la fin de mon congés parental, qui sait?
Vivre séparément implique de nombreuses heures au téléphone
Me voici donc du jour au lendemain, tout comme lui, parachutés dans deux vies parallèles. Vite prendre un téléphone et en illimité pour l’appeler… Relire les SMS et email d’amour plusieurs fois comme l’adolescente que l’on est plus mais comme si on revivait son premier amour… Serrer l’oreiller d’à côté en se disant « bientôt, bientôt »… Et cette fois-ci gérer bébé seule, personne pour franchir la porte, même tard le soir, pour secourir une fatigue passagère ( quand le bain et le diner sont donnés) et juste réconforter maman dans son rôle et utilité. Car voici ma réalité de ma nouvelle vie: la solitude. Certes, nous sommes redevenus « fleurs bleues », certes finies les embrouilles sur la vaisselle ou le linge ou… Mais vive le téléphone. Moi, qui l’avais oublié pendant notre périple réunionnais, nous vivions avec un seul téléphone pour deux et un crédit bloqué de 20 euros!! Quel changement, à moi le cancer de l’oreille ou du cerveau en une seule semaine! Le téléphone… Je n’aime pas, c’est un passage obligé alors je fais mais sans plaisir aucun.
Oui, les retrouvailles sont sympathiques chaque semaine mais il faut gérer à peine 48 heures après, une séparation et la perspective de continuer seule. Certes, que je ne me plaigne pas, je l’ai choisi et je ne parle ici que d’une petite semaine. Cela me permet de tester comment cela se passerait en cas de départ plus long et d’indisponibilité du cher et tendre car certains embarquements ne permettent pas d’appeler quand on veut. Alors j’imagine que tu tries les infos à dire… Et que petit à petit, tu ne partages plus ton quotidien. Est-ce l’on s’habitue par la suit et cela devient « normal »? Et quand il faut revivre à deux, est-ce comme la première fois à redécouvrir l’autre et ses défauts? Que fais-tu en cas de baisse de moral? Je sens déjà que je n’aime pas me sentir en couple à moitié. Je me sens majoritairement mère célibataire à devoir gérer seule. Je ne dis pas ça pour faire culpabiliser, ce choix lui coûte sans doute plus à lui! Je pense que cette vie ne durera qu’un temps, jusqu’à mi Juin c’est sûr puis le reste est à voir! Hors de question également de faire cette formation pour rien: rester près de nous et refuser de belles offres. C’est pourquoi voyager à ses côtés, on y pense de plus en plus.
Le statut d’expatrié nous va bien finalement !
Signe que l’on est sur la bonne voie?