Magazine Culture

Semainier (Du 25 février au 2 mars 2013)

Par Arsobispo

Déjeuné : au Carré Gourmand[1] en excellente compagnie. Toujours aussi succulent, le feu dans l’âtre et le soleil que les ambans filtrait délicatement. En entrée, un œuf mollet sur compotée d'oignons confits, haddock fumé, sauce aux champignons et croutons aromatisés. En plat, canette sauce orange aux deux navets purée et rondelles. Dessert au biscuit à la ganache. Le Carré Gourmand de Boé est un ancien relais de poste en bordure du Canal du Midi. Emmanuel Waechter et son épouse l’ont aménagé en restaurant avec goût, assortissant modernité et classicisme aux pièces rustiques ou bourgeoises de cette splendide demeure. Cela ne pouvait être autrement ; Emmanuel fut longtemps maître d’hôtel à « L’Aubergeade » de Michel Trama à Puymirol, le plus célèbre Relais et Châteaux du Lot et Garonne (un restaurant 2 macarons et un hôtel 5 étoiles). Et pour cet écrin, il a choisi en cuisine un autre ancien – malgré son jeune âge - de Trama, Julien Amat. Il y était entré commis de cuisine, alors qu’il sortait quand même de chez Michel Chabran[2], et trois ans plus tard était chef de partie avant de participer à l’aventure du Carré Gourmand. Peu importe que le guide Michelin ne l’ait toujours pas découvert car de toute façon, le succès est au rendez-vous des gastronomes (nombreux dans la région) qui s’y précipitent.

Marché le long du canal, sous le soleil, sur une bonne dizaine de kilomètres, sans rencontrer grand nombre d’âmes qui vivent, si ce n’est quelques canards tranquilles, à l’écoute des bourgeons brisant l’écaille hivernale.

Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)
Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)
Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)

Visité une exposition à mettre en exergue avec celle d «Agen vu par ses peintres », « Portraits de vie... portraits de ville[3] », présentant une vision plus moderne de la ville d’Agen. Le concept : un agenais présentant un lieu qui lui est cher et mis en image par le photographe Morad Cherchari. J’y ai constaté le décalage entre les prétendues caractéristiques agenaises et la vision qu’en possèdent ses habitants. On n’y trouve jamais le pruneau et une seule  référence au rugby, dont se gargarisent nos élus.

Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)
J’ai tout autant aimé les portraits que certains des textes tels ces mots d’un jeune, Pierre, emplis de sagesse, à propos de la cathédrale : « ça m’intrigue qu’une construction humaine avec autant de codes et de beauté, repose sur un socle de doutes, de croyances. » Ou cette anecdote, poétique d’un griot de chez-nous, Henri, qui, coiffé d’une casquette agrémentée d’une plume nous raconte « J’étais à un anniversaire le 18 août à Rosette, tout le décor était orange et vert-anis. Je suis revenu le lendemain, cette plume virevoltait, seule, au milieu du désordre. Le fête était terminée, elle avait été oubliée, elle ne servait plus à rien. J’ai décidé de lui donner une nouvelle chance, jusqu’à ce que le vent ou un autre élément l’emmène vers une autre vie… ».

Et puis, en prime, une autre expo, dans le même lieu, mais repoussée dans une autre salle, celle du 13ème concours France Libertés consacrée aux visages.

Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)
Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)
Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)

Écouté : avec attention la brillante conférence de Bruno Rapin, directeur du théâtre Ducourneau et amateur éclairé d’art plastique, sur le thème «Les lieux d'inspiration des peintres dans la ville», donnée en marge de l'exposition «Agen vu par ses peintres» que j’avais contemplé la semaine dernière. Bruno Rapin, après avoir défini la démarche d'un paysagiste en peinture, notamment au XIXe siècle, s'interroge sur les différences existant entre un paysage urbain et un paysage naturel. Puis, allant plus loin, il décortique les tendances des inspirations entre le regard romantique personnifié par le canal, le fleuve ou les lieux emblématiques de la ville et des sources d’inspirations plus intimes comme ces vues propres au quotidien du peintre. Plus rares, mais tout aussi important sont ces tableaux qui portent un regard social avec des représentations de lieux de travail ou encore – donnant, par leur absence tout autant d’importance – celles de quartiers oubliés par les peintres et donc volontairement occultés de la mémoire collective. Des interdits qui relèvent « d'une peinture bourgeoise emblématique d'une ville. »

Il n’a toutefois pas abordé un thème qui bien qu’absent du projet d’un peintre n’en demeure pas moins celui du visiteur – en tout cas de certains – à savoir le constat de l’évolution des choses. Un aspect moins artistique qu’historique ou géographique, plus culturel et même philosophique et donc tout autant notable.

Appris : que Mona Lisa avait été invitée au vernissage de la dernière expo de Paul Sherman "Sherm" Cohen avec quelques collègues.

Semainier  (Du 25 février au 2 mars 2013)


[1] 2, rue de Montalembert, 47550 Boé. Tél. 05 53 95 22 22

[2] Le célèbre cuisinier de l’Isère qui possède trois restaurants, tous différents ; d’abord le restaurant Michel Chabran à Pont de l’Isère, une table étoilée, puis le Bistrot des Clercs au cœur du Valence historique, et enfin la brasserie du Quai sur le Rhône à Tain l’Hermitage.

[3] Qui me rappelle les belles photographies de Fae


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arsobispo 13 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte