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La Suisse est-elle devenue un pays de gauchistes ?

Publié le 05 mars 2013 par Edelit @TransacEDHEC

Il est révolu le temps où les patrons suisses pouvaient foncer vers Gstaad dans leur Porsche rutilantes après avoir rapidement jeté un coup d’œil à leur Patek Philippe, soudée au poignet. Car, oui, Mesdames et Messieurs, le peuple helvète a en effet voté ce dimanche en faveur d’une loi plafonnant la rémunération du patronat. Nos voisins montagnards vivraient-ils une nouvelle ère, de refus de leur passé de capitalistes décomplexés ? Revenons sur les récents événements ayant bouleversé la vie d’un pays… et pourquoi pas d’un système.

2008, Thomas Minder, entrepreneur et patron de son état, dépose une initiative populaire fédérale, encore exclusive à l’époque,  visant à s’attaquer aux rémunérations abusives des patrons. Le but de cette initiative (équivalent d’un projet de loi proposé directement par le peuple) ? Ajouter dans la constitution un alinéa obligeant toute société anonyme à faire voter l’ensemble des rémunérations (et donc celles des dirigeants) par l’assemblée générale. Le texte prévoit également l’interdiction des indemnités de départ et des primes d’entrée, punies jusqu’à trois ans de prison et d’une amende allant jusqu’à 6 fois le salaire annuel. Vous l’aurez compris, ce projet rendait tout de suite moins sexy l’idée d’abandonner le navire en s’éjectant muni de son parachute doré.

L’initiative, lancée suite à divers scandales impliquant des départs de patrons (accompagnés de quelques millions de francs suisses), a connu un formidable élan trois semaines avant le vote,  avec l’annonce d’une indemnité de non-concurrence de 58 millions d’euros au futur ex patron de Novartis, géant industriel pharmaceutique. Le scandale n’a pas mis longtemps avant d’éclater et déjà le peuple gronde sous « l’effet Vasella » (du nom du patron en question, Daniel Vasella). Suite au déferlement médiatique sur les rémunérations excessives, l’initiative populaire menée par Minder revient sur le devant de la scène et les suisses se mobilisent : le projet est adopté à l’unanimité parmi les cantons et demi-cantons du pays, avec une moyenne totale de 68% des suffrages exprimés lors du vote du dimanche 3 Mars.

Ce vote sonne ainsi le glas du mythe d’une Suisse terre de libéralisme sans complexe, aux patrons tout puissants, bien que l’initiative soit jugée par de nombreux partis de gauche comme « insuffisante ». De nombreux pays européens se tournent aujourd’hui vers nos voisins Helvètes avec l’idée d’adopter une loi similaire.
Rappelons qu’en France, le sujet a récemment défrayé la chronique à propos de Carlos Ghosn, qui a accepté de retarder le versement d’un tiers de sa rémunération variable à 2016. La somme en jeu ? 430 000€, bien dérisoire face aux 2.23 millions que l’industriel français touchera en 2012.

Reste à voir si (et comment) le gouvernement français répondra à l’initiative de Monsieur Minder…

A.G.


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