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[Critique] HANSEL & GRETEL : WITCH HUNTERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] HANSEL & GRETEL : WITCH HUNTERS

Titre original : Hansel and Gretel : Witch Hunters

Note:

★
★
½
☆
☆
(moyenne)
Origine : États-Unis
Réalisateur : Tommy Wirkola
Distribution : Jeremy Renner, Gemma Arterton, Famke Janssen, Pihla Viitala, Peter Stormare, Thomas Mann…
Genre : Action/Horreur/Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 6 mars 2013

Le Pitch :
Ayant survécu à leur rencontre avec une sorcière mangeuse d’enfants dans une maison de sucreries en plein cœur de la forêt, il y a bien des années, Hansel et Gretel ont grandi et sont devenus de redoutables chasseurs de sorcières professionnels, armés jusqu’aux dents et enhardis par une réputation légendaire. Chargé par le maire d’un village du coin d’aller sauver un groupe d’enfants enlevés par des sorcières, le duo s’enfonce dans la forêt pour abattre les ravisseurs. Mais les arbres cachent de nombreux dangers, et le coven maléfique qu’on les a envoyés détruire s’avère bien plus redoutable que prévu…

La Critique (Daniel) Note:

★
★
☆
☆
☆
:
Hansel & Gretel: Witch Hunters est une blague plutôt marrante. Tout à coup cependant, elle ne devient plus drôle du tout. Derrière tous les gags sur la familiarité des contes de fées et l’accord mutuel entre film et spectateur que 0% de tout ceci ne doit être pris au sérieux, demeure une question à propos du pitch : n’est-ce pas faire preuve de mauvais goût que de proposer un film bâti sur l’héroïsme de chasseurs de sorcières, dans un univers médiéval ?

Sérieusement : les auteurs de ce film savent-ils que les sorcières ne sont pas strictement une invention comme les vampires ou les zombies ? Que le terme « chasse aux sorcières » est utilisé aujourd’hui pour décrire une persécution injuste, justement parce que les chasses aux sorcières ont vraiment existé dans le passé, et dans certaines sociétés, existent encore dans la vraie vie avec des conséquences atroces ? Certes, les sorcières en tant que femmes surnaturelles et monstrueuses n’ont jamais existé, mais il y a bien une raison qui explique pourquoi certaines religions néo-païennes s’identifient encore aujourd’hui à la sorcellerie : les chasseurs de sorcières eux, ont vraiment existé, et utilisaient les allégations de sorcellerie pour immoler, pendre, noyer, torturer et assassiner des gens (et des femmes en particulier) qui selon eux, avaient des croyances inacceptables ou agissaient contre la volonté des autorités gouvernementales et religieuses. Enfin, quiconque voulant faire un film d’horreur fantastique américain à gros budget en a forcément entendu parler, non ? Ce n’est pas quelque chose de nouveau ?

Et nous voilà avec un film où les gens qui débarquent dans les villages pour massacrer, flinguer et brûler les femmes sont les gentils, tout simplement parce qu’il se trouve que leurs victimes sont des vraies sorcières. Je lis peut-être un peu trop entre les lignes, mais est-ce impensable que tout cela ait quelque-chose de craignos ? En tout cas, ça n’aide pas l’étrange misogynie sous-jacente d’un film dont le gag favori est de montrer des femmes se faire défoncer la gueule dans les scènes d’action, de la même façon que les orques dans Le Seigneur des Anneaux. C’est comme si Calvin Candie et Stephen étaient les héros de Django Unchained parce que tous les esclaves étaient des loup-garous : ça ne rend pas le film répréhensible pour autant. Mais perturbant ? Là, il n’y a pas de doute.

Bref, Hansel & Gretel : Witch Hunters est un autre de ces films de genre au titre parodique comme Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires, qui fait exprès d’être débile et cherche à sauver la mise avec la plaisanterie qu’il a été fait à partir d’un titre, d’un concept et d’un style qui seraient dignes d’un nanar. Mais là où Abraham Lincoln faisait au moins l’effort d’accomplir quelque chose d’intéressant en utilisant son pitch rigolo pour mettre en parallèle la mythologie des vampires et l’esclavage américain, Hansel & Gretel ne vise pas très haut du tout. Imaginez un film d’horreur et d’action, où le frère et la sœur du conte de fée ont grandi pour devenir des tueurs balèzes anachroniques et lourdement armés, qui abattent les sorcières, et voilà le travail : c’est un film qui n’a nulle autre ambition que d’être une blague étirée sur 1h30.

Si seulement la blague était plus marrante.

Malheureusement, après un récapitulatif assez efficace de l’histoire de la sorcière cannibale dans la maison des sucreries, le film finit par jouer toutes ses meilleures cartes dans les dix premières minutes. Oui, c’est rigolo de voir les versions médiévales de gags sur les chasseurs de primes modernes. Au début. Oui, c’est fun de voir Hansel et Gretel déployer leur arsenal steampunk d’arbalètes semi-automatiques et de flingues rétro high-tech pour des bastons à coup de pétoires. Au début. Oui, ça fait sourire d’entendre des insultes et des plaisanteries dignes des héros d’action contemporains prononcées par des personnages qui viennent ostensiblement du Moyen-âge. Au début. Et oui, voir Gemma Arterton qui joue une dure-à-cuire over-the-top habillée en cuir moulant et lourdement armée…bon, ok, ça c’est génial et on ne s’en lasse pas. Ah, et un petit détail de l’intrigue concernant Hansel qui souffre d’une maladie « mystérieuse » est suffisamment bien trouvé pour qu’il mérite un film à lui tout seul.

Mais pour le reste, c’est juste soporifique. Une fois le premier quart d’heure passé, vous avez plus ou moins vu le film dans sa totalité. À moins que vous n’ayez pas encore oublié Les Frères Grimm de Terry Gilliam, et dans ce cas, vous avez vu le même film. Famke Janssen campe une bad guy sans réel enthousiasme, il y a deux ou trois rebondissements que certains trouveront prévisibles et que d’autres auront deviné dès le début, et une poignée de séquences est dominée par la présence étonnamment réjouissante d’un troll qui est bizarrement absent du marketing du film. Il faut le reconnaître, c’est toujours un régal de voir des monstres au cinéma où c’est le maquillage détaillé qui leur donne vie et pas des effets de synthèse. Même si parfois, on peut se demander si c’est vraiment un électrochoc qu’il faut pour les réanimer après une chute d’une falaise qui aurait dû réduire leur squelette en bouillie.

Il est tentant de dire que Monsieur le Troll et le nombre copieux d’effets gores à l’ancienne seraient assez pour sauver les meubles et rendre le tas de fadaises qu’est Hansel & Gretel recommandable, surtout quand le reste du film est noyé dans ces mêmes effets-spéciaux numériques qui n’arrivent plus à impressionner. Mais si l’audace de la violence a pour mission de ne reculer devant rien et s’avère être assez fun ci et là, ça finit par devenir inconfortable dans le même film, où la grande majorité des scènes d’action essayent de trouver des nouveaux moyens de tabasser des femmes en costume médiéval jusqu’à ce qu’elles soient à moitié mortes. D’accord, les sorcières sont méchantes, mais même Arterton en prend plein la gueule plus souvent que le Hansel de Jeremy Renner. À vrai dire, le film semble tellement amoureux de l’idée de voir Gretel se faire rouer de coups jusqu’à l’inconscience, pour qu’elle se fasse soigner par un personnage masculin, que l’incident arrive deux fois, dans deux scènes quasi-identiques. Dommage, étant donné que jusque-là, Gretel était une héroïne assez attachante qui rompait de bon cœur avec la convention.

Un jour viendra où on sera tous lassés de ces films qui ont tout d’une parodie, mais qui se prennent entièrement au sérieux pour que les spectateurs qui ne pigent pas l’ironie fassent partie de la blague. Ce jour n’est pas encore arrivé. Mais si le postmodernisme sert d’excuse pour justifier que l’on n’est même pas foutu de faire un effort, peut-être qu’on commence à voir la lumière au bout du tunnel ? Toute la production n’est qu’une énorme farce, du début à la fin, alors toute tentative d’analyse ou de critique approfondie est rendue inutile.

Le problème avec Hansel & Gretel n’est pas le sujet, mais sa représentation. Voir Hansel et Gretel grandir pour combattre des sorcières est une drôle d’idée, mais néanmoins drôle. Voir Hansel et Gretel grandir pour essentiellement devenir l’Inquisition Espagnole (et ils vont même jusqu’à torturer les sorcières, façon 24 Heures Chrono : « OU EST LE MACGUFFIN ?! ») est beaucoup moins drôle. Et le pire dans tout ça, c’est que le film reste malgré tout suffisamment naze pour que même sa propre conscience et ses bonnes intentions ne suffisent pas pour l’empêcher de tomber dans le gouffre.

@ Daniel Rawnsley

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La Critique (Gilles) Note:

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Les fans hardcore vous le diront eux aussi : pour le moment, rien de ce qu’a touché de près ou de loin Will Ferrell, ne s’est avéré complètement mauvais. Tous les films dans lesquels il joue, ceux qu’il produit ou écrit, possèdent quelque chose d’intéressant. À divers degrés bien sûr, mais jamais Will Ferrell n’a failli ! Jamais ! Pourquoi parle-t’on de lui dans une critique d’Hansel & Gretel ? Et bien parce qu’Hansel & Gretel : Witch Hunters est co-produit par Will Ferrell. Par Adam McKay aussi, le réalisateur de Présentateur Vedette ou de Frangins malgré eux. Deux types qui savent ce qu’ils font et qui ont dû s’assurer d’une manière ou d’une autre que le fric qu’ils avaient injecté dans la production d’Hansel & Gretel allait leur permettre de conférer à la chose un tout petit peu de leur état d’esprit. De quoi sauver le film du naufrage annoncé en somme.

Après, il faut quand même marcher sur des œufs. Qu’on soit d’accord : Hansel & Gretel : Witch Hunter est très con, incohérent, foutraque et souvent assez laid (particulièrement au niveau du look de certaines sorcières) . Quatre qualificatifs qui étrangement, contribuent à rendre le long-métrage sympathique. Normal après tout, quand on sait que Tommy Wirkola n’est autre que le fou furieux derrière le film d’horreur décomplexé Dead Snow, où des zombies nazis attaquaient en pleine montagne un groupe de jeunes en quête de sensations fortes.
Cette fois-ci aux commandes d’un gros budget, accompagné par une escouade de producteurs portés sur le second degré et la franche déconnade, Wirkola s’amuse, se lâche, fait souvent n’importe quoi, mais le fait bien. Et forcement, la critique descend le film, qui pourtant, ne donne jamais l’impression de se prendre au sérieux.
Pas de quoi fouetter un chat. Ça ne vole pas bien haut, c’est con et non, le film ne mérite certainement pas la volée de bois vert qu’il se prend sur le coin de la tronche dans la presse. On est pas non plus devant un étron du genre de Van Helsing. Sans chercher à péter plus haut que son cul, Hansel & Gretel revisite le conte des Frères Grimm en imaginant ce que sont devenus les deux orphelins, et en profite pour livrer un trip d’action horrifique de bonne tenue, vu les circonstances.
Car justement, tout laissait présager un truc immonde du genre de Van Helsing. En gros, un truc à mi-chemin entre Dracula (pour l’ambiance gothique) et Matrix (pour les ralentis et autres effets de mise en scène éculés).
Au final, Hansel & Gretel est non seulement beaucoup moins maniéré dans sa réalisation que tous les erzatz pseudo gothiques de Matrix, mais aussi tout à fait conscient de son côté bancal qui lui confère tout son charme. Pas toujours drôle quand il tente de l’être, souvent hilarant quand il n’est pas censé l’être, le film de Wirkola est bourrin, sanglant (du sang tout moche en image de synthèse) et les deux poseurs, aux corps parfaits que sont Hansel et Gretel, possèdent un « je ne sais quoi » qui le fait carrément. Tout de cuirs vêtus, la sœur et le frère manient des armes high tech un peu aux fraises, et mènent la vie dure aux sorcières, qu’ils tuent de différentes manières, toutes assez brutales. Hansel est diabétique car il a mangé trop de bonbons étant jeune (arg) et Gretel en prend plein la poire pour pas un rond, sans se défaire d’un sex appeal pour le moins spectaculaire. À coup de pelle, les sorcières sont peu à peu éradiquées de la surface de la terre et on a même droit à l’apparition d’Edward, le troll au grand cœur. Un festival que ce film bas de plafond, au générique chiadé, à ne surtout pas prendre au sérieux. À réserver aux amateurs déviants de séries B foutraques (dont l’auteur de ces lignes fait partie vous l’aurez compris) exclusivement !

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Paramount Pictures France


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