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Petits, petits, petits...

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Petits, petits, petits... Tout petits, ils sont tout petits ces grands êtres si farouches, si jaloux de leur liberté, si "indépendants" !

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Regardez voir le dénommé Joffrin Laurent, apparent directeur de la publication d'un magazine-de-gôche certifié ISO 27000 (the French magazine de la gauche-à-forte-pensée-ajoutée)... Il y a quinze jours, il nous sort en pétaradant une prétendue révélation littéraire, une "auto-fiction" comme il se dit aujourd'hui, à bouleverser les canons de l'esthétique : "Belle et Bête", de Marcela Iacub. Et pour que ça pétarade plus, il nous compose une de ces "unes" émoustillantes que même Voici ou Peoplemania — j'invente le titre à l'instant, rassurez-vous — n'auraient pas désavouée. Avec, comme il se doit dans ce genre d'exercice, l'allusion-choc au cul, pas le vulgaire, bien sûr, comme le vôtre ou le mien, mais le célèbre, le somptueux, le bordé de nouilles, celui du plus majestueux, du plus sublime, du plus taré de nos ratés splendides : D.S.-K. le Magnifique in persona.

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Pute borgne ! comme on dit chez les croquants de ma campagne, il n'avait pas craint de secouer ses paroissiens le bedeau Joffrin : « Mon histoire avec DSK » clamait ainsi Marcela l'impudique sur la couverture, avec des grosses lettres rouge sang sur fond noir. Et pour qu'on soit sûr d'avoir bien compris, un sous-titre fait pour écarter toute ambiguïté : « Le récit explosif de l'écrivain Marcela Iacub ». Réflexe pavlovien, on se précipite sur les bonnes pages intérieures... pour tomber sur un objet qui ne correspond en rien, mais alors en rien, à l'affriolante mise en scène — quasiment de la publicité mensongère ! Quelques extraits, plutôt bien écrits et subtils, de ce qui apparaît beaucoup plus comme une analyse psychique du verrat poly-inséminateur que l'exhibition complaisante de ses turpitudes pornocratiques ; extraits accolés à une innocente interview qui donne gentiment les clés de ce faux roman sans serrures. Tout ça sans un mot de trop, ni même un nom de trop — dans le "roman" en tout cas.

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Du "scandale" là-dedans ? La révélation d'un beau comportement tordu chez Marcela, ça oui ! Et sans doute l'indice d'un esprit joliment "tordu" lui-même, voire... un peu malade. Choisir ce "porc" (c'est elle qui parle) comme sujet d'étude — mieux que ça : terrain d'observation participante comme on dirait en psycho-sociologie —, payer ainsi de sa personne dans un cas si peu imprévisible, afin d'atteindre quelque "science" sur la face obscure de l'âme humaine, et dans le même temps nous dévoiler toute l'étendue de la "passion", de l' "amour" (!), que la bête en rut, objet de cette recherche in situ, lui aurait inspirée en cours d'exercice, nous laisse pantois, à mi-chemin de l'éclat de rire et de l'accablement. Mais du scandale ? La vie privée de la bête ? Quelle vie privée, au fait ?... Tout cela vendu de surcroît — en tout cas si nous en croyons Jérôme Garcin, influent critique littéraire de ce magazine, rarement aussi enthousiasmé par un texte, à tel point qu'on se demanderait ce qui, de la personne de Marcela ou de son talent, l'excite le plus — comme une œuvre de pure essence littéraire, à ranger dans le panthéon de « la littérature de l'effroi, du cauchemar et de la bestialité (sic)»... entre Franz Kafka et Marie Darrieussecq !

Non, si scandale il devait y avoir, ce n'est pas de l'odeur de bas-ventre qu'il proviendrait. Ni vraiment de la parfaite déloyauté de l'auteur à l'égard de son sujet d'étude, de la malhonnêteté alambiquée de ses attitudes, dont elle ne doit plus trop saisir elle-même l'improbable cohérence... Ce qui a mis en émoi, et même en ébullition, la république des Clercs et des Amis de la Bête, le seul scandale, le vrai, c'est sans doute l'analyse que Marcela fait des relations du pornocrate avec Sainte Sœur Anne, la compagne officielle, si obscessionnellement ambitieuse. Si ambitieuse, si influente en creux, qu'elle apparaît en réalité comme le personnage principal du livre. Voilà le scandale : Sainte Sœur Anne pleinement clairvoyante, manipulant le "porc"

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avec un cynisme éhonté, utilisant au besoin sa bestialité effrénée pour lui faire suivre, malgré la fange des ornières où il glissera, le sentier compliqué de ses ambitions à elle ; l'enfoncer dans son dérèglement en le noyant dans le fric, en le droguant de cet argent-cocaïne qui le faisait bander sans doute autant que les pétasses de rencontre, bavant d'addiction. Le tenir par ce phallus mental, serrer bien fort les couilles en or massif du verrat, à la fois agile et immonde, et lui grogner, quand un dernier coup de rein est à donner devant l'obstacle: « Avance, gros porc ! Je te paierai toutes les putes que tu veux, tous les carrosses que tu veux, tous les costars, toutes les pompes, les chemises, tous les appart', tous les palaces, mais avance ! Encore un effort, et nous sommes Présidents ! » Ce que Marcela appelle « faire le caniche » de sa femme.

Donc le scandale. Les plaintes, le tribunal, l'honneur saccagé du cochon, la sanction contre les scandaleux — lourde, très lourde, anormalement lourde sanction — et puis la parution suivante de l'hebdomadaire. Joffrin, si péremptoire d'ordinaire, fait déjà moins le cador. C'est que le tribunal, une partie des lecteurs, sans doute des journalistes maison, les porte-voix de la république des Clercs et des Amis de la Bête, et bien sûr, peut-être même surtout, les affidés de Sainte Sœur Anne, une armée s'est mise en marche. Joffrin se sentirait péteux à moins. Mais il y a pire, le coup de grâce : le Commandeur des Croyants lui-même, Sa Sérénissime Clairvoyance Jean Daniel — Saint-Jean en personne ! —, le Saint-Père, le Patriarche lâche un méchant commentaire en bas de son billet du jour, et brandit le carton rouge, évoquant « d'insupportables nausées devant l'acharnement de femme jalouse qu'elle [Marcela] manifeste à l'encontre de son autre victime, Anne Sinclair.» Joffrin, le péremptoire-indépendant, n'en mène plus large du tout. Trois pages plus loin, consacrant son éditorial entier à "l'affaire Iacub", et malgré les derniers réflexes d'une résistance amère et de mauvaise foi, il lui faut courber la tête, se reconnaître "maladresses" et manque de "sobriété", et conclure par un savant lustrage des pompes de son « ami et fondateur du Nouvel Obs Jean Daniel ».

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Qu'ils sont loin les coups de poing sur le torse bombé : on ne fléchira pas, c'est le prix de notre indépendance, aucune pression n'est tolérable, et pour commencer on ne cède pas à l' "acharnement judiciaire" : on fait appel ! La semaine suivante arrivera pourtant sans que rien de tout ça n'ait tenu. Et le magazine si vertueux se couvrira du stigmate honteux propre à la presse de caniveau, l'indigne bandeau, haut d'une demi-couverture, en grosses lettres noires sur fond blanc : « Le Nouvel Observateur condamné à la demande de Dominique Strauss-Kahn, etc. atteinte à la vie privée, etc. » Autant boire le calice jusqu'à la lie, l'hebdo consacre l'autre moitié de sa "une", sur un fond noir ténèbres dépourvu de toute illustration, à ce titre de quatre mots à la concision pathétique, en lettres rouges immenses : « DSK, Iacub et nous ». Marcela n'a même plus droit à un prénom... Et c'est tout un dossier de pénitence que s'offre le magazine meurtri. Joffrin, l'indépendant enchaîné, a même dû subir l'humiliation de signer une "repentance" pitoyable sous la dictée de Claude Perdriel, le président du conseil de surveillance du Nouvel Observateur — le proprio millionnaire du groupe, le vrai patron de la boutique, qui apposera sa griffe tout contre celle du malheureux Joffrin, en une éclatante démonstration de mise sous tutelle. Saint-Jean le Gourou n'aura même pas daigné déposer le moindre oracle dans ce dernier numéro, vieillard chagrin qu'on devine boudant "son" journal, coupable d'une inadmissible impertinence à l'adresse d'un couple ami... Une faute morale.


Petits, petits, petits...


(Crédits photos, de haut en bas : Laurent Joffrin, © AFP.com, Damien Meyer ; Le Nouvel Observateur du 21 fév 2013 ; Couverture du livre "Belle et Bête", Marcela Iacub, Ed. Stock ; caniche, anonyme ; Le Nouvel Observateur du 7 mars 2013)


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