De : Robert Zemeckis.Avec : Denzel Washington, Don Cheadle, Kelly Reilly, John Goodman, Bruce Greenwood, Melissa Leo, Nadine Velazquez, James Badge Dale, Garcelle Beauvais-Nilon, Tamara Tunie, Brian Geraghty, Rhoda Griffis, Justin Martin...
Genre : Drame.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 18.
Date de sortie : 13 février 2013.
Synopsis : Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.
Bande annonce française
"- Vous allez me descendre ou est ce que je peux entrer ?
- Ouais, venez, je vous descendrais à l'intérieur."

Tout comme pour Steven Spielberg avec "Lincoln", dans le meilleur des mondes j'aurais réussi à finir mon cycle consacré à Robert Zemeckis avant de découvrir en salles "Flight". Malheureusement ce n'est pas le cas, le cycle est toujours en cours mais c'est sans aucune hésitation que je me suis tout de même déplacé en salles pour découvrir le dernier film de ce réalisateur que j'aime beaucoup.
Suite à quelques échos négatifs que j'avais pu lire, j'avais quelques craintes mais je voulais continuer de faire confiance au cinéaste et j'ai plutôt eu raisons je trouve. En effet, j'ai bien aimé ce scénario écrit par John Gatins qui dès le début m'a confirmer que ça me faisait bien plaisir de retrouver un film de Robert Zemeckis en prise de vue réelle (le dernier en date étant "Seul au monde" en 2000). L'univers présenté colle assez bien à ce réalisateur et j'ai trouvé cette histoire très intéressante. Comme toujours, si l'on regarde en surface le sujet peut être assez classique mais j'ai beaucoup aimé les questions soulevés par cette oeuvre une fois qu'on gratte un peu plus sous le vernis.
Il y à bien sûr le thème de la dépendance qui est bien traité je trouve. La dépendance à l'alcool est bien sûr celui qui est le plus mis en avant mais j'ai bien aimé qu'il soit présenté avec une dépendance à la drogue car le scénario nous montre bien les ravages mais aussi les ressemblances qu'une dépendance peut provoquer et ça peut importe la chose dont on ne peut pas se passer. Il y à bien sûr un petit côté moralisateur qui peut gêner (comme lors de la toute fin du film qui m'ait apparu un peu facile malgré son évidence). Oui, ce thème à déjà été traité à de maintes reprises au cinéma mais j'ai en tout cas bien aimé la vision présenté par ce film.
Ce qui fait que cette vision m'a plu c'est aussi le fait qu'on égratigne beaucoup le personnage principal et ça dès les premières minutes du long métrage. En temps normal, pour ce genre de sujet, on aurait tendance à nous trouver des qualités chez notre héros, à nous le rendre sympathique... Au début, c'est d'ailleurs ce qui se passe, on éprouve une certaine pitié pour lui qui à l'air d'avoir conscience de son état tout en restant dans le déni mais ce que j'ai grandement apprécié c'est le fait que plus le film avance et plus il nous apparait détestable. On à du mal à lui pardonner, on à dû mal à l'aimer et la volonté qu'il met à se détruire nous donnerait presque envie de le condamner alors même que le film essaie de brouiller les pistes pour savoir qui du pilote ou de l'appareil est responsable de ce crash.
Le crash justement est assez bien montré, très intense, j'ai eu la sensation désagréable d'être à bord de l'appareil mais au delà de ça, j'ai bien aimé aussi les thème que ce crash soulève. Jusqu'où peut on déclarer responsable le pilote ou une compagnie aérienne d'un accident ? Quelqu'un doit il toujours forcément payer même lorsqu'on n'y peut rien ? Les méthodes employés pour s'innocenter ou protéger l'image d'une entreprise ne sont t'elle pas disproportionné par rapport au drame humain qu'il peut y avoir ? La légerté qu'il peut y avoir par moment sur ce drame est assez intéréssant je trouve comme lors de la réunion on on essaie de justifier que les pertes humaines côté employés ne sont au final peut être pas si importante que ça... A travers ce drame, c'est aussi la vision de toute une société qui est remise en question je trouve.
Cette société justement va elle aussi être pointé du doigt avec une certaine intelligence je trouve. Une société capable d'ériger n'importe qui en héros tout comme elle est capable de le diaboliser et de détruire sa vie. L'utilisation dse médias peut apparaître bien sûr un peu facile mais l'utilisation de l'opinion publique est assez bien montré je trouve avec ce côté sensationnel qui fait qu'on n'a de cesse de vouloir grossir les traits (ou les atténuer) en fonction de l'effet qu'on espère désirer. Des jeux du cirque moderne où au final le sort du condamné sera fixé par la volonté d'une société qui décidera si il est un héros ou un criminel.
Derrière tout ça, on retrouvera Dieu... On ira même jusqu'à évoquer un "acte de Dieu". Le côté religieux en général d'une œuvre à tendance à m’énerver mais là, le dosage m'a semblé juste. Dans un pays très croyant, la religion à sa place et parfois on peut même aller jusqu'au cliché (la scène de l'hôpital avec le copilote) comme la véritable recherche de foi qui pourrait nous aider à y voir clair (comme lors de l'audition sur l'accident). Certains extrêmes sont utilisés et c'est ainsi que le film réussi brillament à brouillé les pistes. Qu'on y croit ou pas au final, tout ceci est anecdotique, chacun cherchant à s'accrocher à ce qu'il peut, le thème religieux trouvant son parfait équilibre avec la scène "pause cigarette" dans l'escalier de l'hôpital que j'ai adoré et qui figure parmi les scènes du film que j'ai le plus apprécié après celle du crash en lui même.
Derrière tout ça, il y à aussi le thème de la relation père-fils que j'ai bien aimé. Ce point est nettement moins traité, presque anecdotique sauf dans son final peut être mais il apporte aussi des questions assez intéressante comme la toute dernière question final qui, à travers le regard du fils, nous interroge aussi et nous laisse peut être avec plus de doutes encore à un moment où on aurait pu le condamner avec plus de facilités.
C'est ainsi que ce scénario qui brouille des pistes tout en prenant aussi des chemins beaucoup plus classique et j'ai bien aimé les différents chemins empruntés qu'ils soient facile ou non. Le final un peu trop conventionnel et moralisateur fait que je n'ai pas eu totalement une claque cinématographique mais ce final à au moins le mérite de mettre la rédemption dans la balance. Faut il lui pardonner ses erreurs malgré tout ce qu'on à vu et tout ce qu'on sais ? Cette question est elle finalement légitime quand on est simple spectateur ? Lors du générique de fin, c'est une sensation assez étrange mais qui m'a beaucoup plu qui s'est mise en moi malgré ce final qui me laisse un peu sur ma faim. Une sensation d'un film assez riche malgré ses facilités mais qui aurait pu peut être aller plus loin encore. Le mélange entre drame et humour est en tout cas plaisant et bien amené. Il apporte un certain paradoxe dans le récit qu'on nous propose avec parfois un humour qu'on ne s’attend pas à retrouver dans ce genre d'histoire ou à ce moment précis et qui au final colle bien avec le cinéma de Robert Zemeckis.
Avec ses qualités et ses défauts, j'ai en tout cas été fasciné par cette histoire très prenante. C'est aussi grâce en partie au casting de très grande qualité qui font que ce film est pour moi très convaincant à commencer par un très bon Denzel Washington en Whip Whitaker. Toujours aussi charismatique, l'acteur porte bien le film sur ses épaules et même lorsque l'on veut condamner son personnage en tant que spectateur, il arrive toujours à faire en sorte qu'on ne se détache pas trop de lui. Avec ça, il dégage aussi une certaine fragilité et un certain handicap de la vie qui colle bien à son rôle. Le choix de cet acteur me parait en tout cas très judicieux et Denzel Washington s'en sors vraiment bien.
A ses côtés, on retrouve la sublime Kelly Reilly en Nicole. J'étais très surpris de la retrouver dans ce genre de grande production américaine mais l'actrice justifie totalement sa place dans ce casting en étant vraiment très bonne que ce soit en dépendante de la drogue ou en espoir pour Whip Whitaker. J'ai beaucoup aimé le jeu de cette actrice (que j'ai toujours apprécié) et qui s'en sors vraiment remarquablement bien. C'est peut être juste un peu dommage que le passage entre les erreurs et la redemption pour son personnage soit un peu trop brutal. Il manque peut être quelques petites nuances dans l'écriture de ce rôle pour rendre ce changement de cap plus parlant comme le souligne d'ailleurs le personnage de Denzel Washington en évoquant les réunions auquel elle assiste au nombre de deux. En tout cas le duo Denzel Washington - Kelly Reilly fonctionne mieux que je l'espérais et m'a beaucoup plu.
Don Cheadle en Hugh Lang aussi m'a beaucoup plu. J'ai bien aimé l’ambiguïté de son personnage qui fait qu'on ne sais jamais vraiment ce qu'il pense. Ça rend son rôle encore plus surprenant et l'acteur livre une prestation vraiment convaincante. J'y ait cru pour ma part en tout cas comme j'ai cru à duo qu'il peut former avec Bruce Greenwood en Charlie Anderson. Ce dernier m'a d'ailleurs lui aussi beaucoup convaincu au point que j'aurais même aimé le voir un peu plus pourquoi pas en exploitant un peu plus son passé et la relation qui peut unir son personnage avec celui de Denzel Washington. Tout en sobriété, l'acteur est en tout cas aussi très efficace.
Parmi ce quatuor, il y à un petit personnage qui s'insère que j'ai aussi grandement aimé. Un personnage presque anecdotique, presque transparent malgré son importance dans le comportement de Whip Whitaker, c'est celui de Harling Mays. Ce rôle est très bien joué par un John Goodman qui brille de sa présence même lors du peu d'apparition de ce personnage. J'ai beaucoup aimé le côté décalé et déjanté de son rôle qui apporte pas moment une bonne dose d'humour et de fraîcheur même lorsque l'intrigue à atteint un pic assez fort dans le tragique. Il a à peine deux ou trois scènes mais chacune de ses apparitions m'a beaucoup amusé et plu même si je comprends aussi qu'on ne creuse pas plus sur son rôle du point de vue scénaristique. Dans le même optique, niveau personnage anecdotique mais qui m'a beaucoup plu j'ai bien aimé le jeu de James Badge Dale dans le rôle du cancéreux Gaunt et dont la vision de la vie m'a paru aussi touchante qu'intéressante pour ce genre de sujet au point que lui aussi on peut regretter que de le voir que dans une scène (excellente au passage).
J'ai bien aimé aussi retrouver Melissa Leo en Ellen Block que je n'avais pas revu au cinéma depuis le brillantissime "Fighter". L'actrice me semble un peu sous exploité, on aurait pu creuser un peu plus son personnage qui aurait pu mettre un peu plus de bâtons dans les roue au personnage de Denzel Washington mais bon, l'actrice m'a tout de même bien plu et livre une bonne prestation. Je regrette juste quand même un peu de ne pas en voir plus à son sujet surtout que je pense qu'il y avait de quoi faire.
J'ai bien aimé aussi retrouvé Nadine Velazquez en Trina. L'actrice qui me faisait beaucoup rire dans la série "Earl" (seul oeuvre de sa filmographie que je connaisse à ce jour) livre ici un nouveau visage que j'ai bien aimé et que j'aurais aimé voir plus exploité aussi (mais bon là c'est en revanche compréhensible qu'on l'as voit peu à l'écran). Le peu qu'on la voit elle s'en sors bien en tout cas tout comme Tamara Tunie en Margaret ou encore Justin Martin en Will Whitaker que j'ai bien aimé également. Dans son ensemble de toute façon cette distribution m'a beaucoup plu et chacun joue de manière assez juste je trouve. Il y à que Garcelle Beauvais-Nilon en Deana, l'ex femme de Whip Whitaker, qui ne m'as pas trop convaincu mais bon on la voit vraiment quelques secondes à l'écran donc ça ne m'as pas dérangé plus que ça.
Après s'être consacré au cinéma d'animation ("Le Pôle Express", "La légende de Beowulf", "Le drôle de Noël de Scrooge"), ça m'a en tout cas fait extrêmement plaisir de retrouver Robert Zemeckis dans un cinéma plus "classique", 13 après son "Seul au monde". Et en prise de vue réelle, le cinéaste n'a rien perdu de son talent, bien au contraire, il s'est même peut être bonifié un peu plus avec l'âge réussissant toujours à placé sa caméra au meilleur endroit. Cette réalisation ne possède peut être pas malheureusement la force d'un "Forrest Gump" ou d'un "Retour vers le futur" mais elle reste malgré tout diablement efficace.
Très rythmé, on ne voit vraiment pas les 2 heures 18 de film passé. J'ai d'ailleurs eu l'impression qu'il durait trois quart d'heures de moins tant l'ensemble est fluide et dynamique. Les plans s'enchaînent très bien et il est assez intéréssant de voir une réalisation assez esthétique. Fidèle à lui même, on retrouve ce contraste entre le drame et l'humour dans sa mise en scène avec des scènes assez fortes (le crash bien évidemment mais aussi la scène de l'escalier, l'audition, la chambre d'hôtel, le nettoyage dans la ferme familial etc etc) en contraste avec une certaine légèreté (la scène d'ouverture, le retour chez l'ex femme etc etc).
Il y à d'ailleurs certaines scènes que j'ai trouvé assez surprenante comme cette scène d'ouverture ou de mémoire je n'avais pas vu de nudité dans le cinéma de Zemeckis de façon si brutal. Pas gratuite pour autant, cette scène nous mets d'ailleurs directement dans le bain avant d'enchainé sur la fameuse scène du crash qui est juste parfaite. On à peur pour les passagers (même si pourtant on connais l'issu en regardant la bande annonce du film ou en lisant le synopsis), on à parfois même mal pour eux (inconsciemment ma cheville à morflé ^^ ) et ce crash est très impressionnant sans pourtant tomber dans la surenchère visuelle malgré ce que l'on pourrait penser dans le retournement de l'avion.
Visuellement d'ailleurs je n'ai pas eu le sentiment de voir une quelconques surenchère à aucun moment. J'ai aimé les effets visuels, j'ai trouvé les différents décors bien exploité et le montage réussi ainsi que la photographie très belle permet vraiment de passer un excellent moment. Même la scène finale qui m'a un peu frustré venant de ce cinéaste reste quand même bien amené malgré son côté prévisible. Comme toujours, Robert Zemeckis nous offre un film très beau à voir sans avoir besoin d'abuser d'effets de style et en restant dans la sobriété en gardant son efficacité. J'apprécie particulièrement cette façon simple de montrer les choses tout en étant très recherché dans le fond et dans la forme quand on veut bien creuser davantage.
Encore une fois également, un grand soin à été apporté à la bande originale qui contribue elle aussi à attribué un certain paradoxe comme toujours dans les histoires que Robert Zemeckis nous raconte. Composée par Alan Silvestri, un de ses plus fidèle collaborateur qui du coup maitrise à merveille l'univers du cinéaste, les différentes musiques choisies pour illustrer ce long métrage son juste parfaite. C'est une bande originale que j'apprécie énormément en tout cas au point de vouloir rester jusqu'à la fin du générique uniquement pour le plaisir de l'écoute jusqu'au bout. Les chansons qui accompagnent le récit sont des classiques qui font bien plaisir à entendre dans ce genre de long métrage et lui donne aussi un peu plus d'ampleur.
Pour résumé, j'ai vraiment beaucoup aimé "Flight". Pour son retour à un cinéma plus "classique" (j'aime pas cette expression mais elle facilite ce que je veux dire), Robert Zemeckis à combler toutes mes attentes. C'est pas son long métrage le plus fort ni même le plus percutant mais je l'ai trouvé très efficace avec comme toujours un scénario assez simple en apparences mais très intéréssant si l'on veut creuser un peu. Le casting est excellent, la mise en scène parfaite tout comme la bande originale, bref j'ai passé un super moment de cinéma sans voir le temps passé devant ce long métrage très plaisant que je reverrais volontiers.
Ce que j'ai aimé :
- Le drame et l'humour qui cohabite à merveille
- Des thèmes intéressants derrière la simplicité du récit
- Un scénario bien écrit
- La scène du crash qui prend vraiment aux tripes
- Le personnage principal qu'on n'hésite pas à malmené
- Le très bon casting avec en tête Denzel Washington et Kelly Reilly
- John Goodman qui est mémorable
- La très bonne mise en scène de Zemeckis fidèle à lui même
- L'excellente bande originale qui s'écoute avec plaisir
- Une belle photographie très esthétique
- Visuellement très beau sans aucune surenchère de style
Ce que j'ai moins aimé :
- La toute dernière scène finale, prévisible et évidente même si elle est bien amené
- La brutalité du changement de comportement du personnage de Nicole


