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Les Misérables (Tom Hooper, 2013)

Par Doorama
Les Misérables (Tom Hooper, 2013) Après des années en tant qu'"esclave de la loi", Jean Valjean disparaît pour pouvoir vivre sa vie d'homme, loin du terrible Javert. Leurs destins se recroiseront pourtant, lorsque Jean Valjean prendra Cosette sous sa protection, ou bien autour des barricades hissées dans la capitale... La vie dans la France du 19ème siècle, pour les plus humbles, était souvent une épreuve, celle de Jean Valjean n'y fait pas exception.
Le nom de Tom Hooper, à la rédaction, est toujours suivi d'un silence... D’abord parce qu'il nous faut toujours un temps pour "percuter" sur le fait qu'il  ne s'agit pas de Tobe Hooper, le papa de Massacre A La Tronçonneuse, ensuite pour identifier enfin son sublime (mais très académique aussi il est vrai), Le Discours d'Un Roi. Alors à l'idée de voir un film en costume 100% musical, où aucune ligne de dialogue n'échappe au chant, on s'est dit que l'homme pouvait livrer un film épique, étourdissant et capable de nous transporter 2h30 durant ! Tom Hooper a bien rempli son pari d'adapter la comédie musicale de Broadway Les Misérables (et non l'adaptation directe de l'oeuvre de Hugo...), mais quant à satisfaire nos espérances, c'est une toute autre histoire !
Hermétiques au genre Musical, il faudra plus que jamais vous abstenir de vous aventurer dans ces Misérables là ! Noyé dans un océan musical et chanté quasi ininterrompu, pris dans les incessants remous de ses motifs chantés récurrents, Les Misérables est une expérience musicale soit difficile, soit exigeante, soit... soit... mais non ! Comme un magma duquel rien de particulier se distingue vraiment, les chansons des Misérables semblent fuir la diversité et la forme couplet-refrain habituelle, pour arborer une homogénéité étouffante. Il y a bien sûr quelques chansons qui se détachent, mais c'est l'impression de deux ou trois variations, seulement, qui s'impose au spectateur. Loin, très loin, de la variété offerte par le style et la tonalité différente des chansons d'un West Side Story ou d'un La Mélodie du Bonheur, Les Misérable semble ressasser les mêmes airs qu'il assène au spectateur comme des rafales de mitraillettes... On joue le jeu durant sa première heure (superbe et très réussie), mais au-delà, c'est la lassitude qui s'installe, et le passage de Cosette à l'âge adulte ainsi que l'installation du film dans le Paris des barricades donne au tout autre visage au film de Tom Hooper : répétitif, le film devient long et commence sérieusement à tourner en rond. Hugh Grant et Russel Crowe ont beau lancer leurs rafales vocales non sans une certaine conviction, on décroche !
Les costumes, l'ambiance et, bien sûr, son formidable fond humaniste, sont bien là pour assurer le spectacle, mais en plus de notre réserve sur son hyper-homogénéité musicale, suffocante, nous en émettrions volontiers aussi sur sa capacité à émouvoir...  Il y a, à n'en pas douter, quelques flèches vocales qui font mouche dans Les Misérables ! Régulièrement, ses acteurs nous transpercent d'une émotion musicale, d'une phrase qui fait instantanément naître le frisson, mais bien trop rares, ces instants magiques sitôt nés, sont noyés, puis emportés, par le flot des scènes suivantes. Tom Hooper choisit aussi de se concentrer à l'excès sur les visages de ses acteurs/chanteurs. Sa devise semble être "à chaque phrase, gros plan sur son émetteur" ! Et puisque peu d'espace est accordé aux silences et aux transitions, comme tout est mêlé, semblable et enchaîné, la caméra des Misérables est comme collée aux visages de ses comédiens. Musiques... Textes... gros plans incessants... On étouffe ! On se surprend à rêver d'une scène de respiration, ou d'une pause juste musicale, sans textes, de quelques plans larges... Mais non. Les Misérables est un bloc dense et monolithique, une oeuvre cinématographique qui impose en force sa vision au spectateur, qui impose tant qu'on rejette sa forme et ses choix.
Indigeste, est le mot qui nous vient à l'esprit en premier pour résumer Les Misérables... Pour autant, le film de Tom Hooper n'est pas non plus que ce calvaire que nous évoquons ! Comme une partie de la presse l'a souvent relevé, il y a Anne Hattaway (Fantine, la maman de Cosette) qui est à l'origine de la plupart des "flêches" que nous évoquions, généreuse, juste, parfois bouleversante, elle résume et incarne à elle seule toute la misère décrite dans de l'oeuvre de Hugo ! Et puis si l'expérience Les Misérables est rendue difficile, par le symptôme que nous relevons, le souvenir qui reste après celle-ci, n'est pas si négatif que ça, loin de là même. Indigeste dans ses recoins ou certains pans de son déroulement, Les Misérables a cependant réussi à nous laisser une impression de satisfaction globale, presque en parfaite harmonie avec son aspect disgracieux et parfois difforme... Le film de Tom Hooper est traversé d'immenses cicatrices, profondes, et irrémédiablement source de déception, mais derrière ses apparentes boursouflures se cache quand même un film plein d'énergie, de bonnes volontés et d'ambitions. Nous avons trouvé le résultat bien décevant, mais Les Misérables n'est pas pour autant dénué de tout charme. Quant aux amateurs de mélo musical en costume, eux, devraient tout à fait y trouver leur compte !
Les Misérables (Tom Hooper, 2013)

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