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Dead Man Walking de Jake Heggie à l’Opéra de Montréal : le défi d’Étienne Dupuis et d’Allison McHardy

Publié le 09 mars 2013 par Turp

9 mars 2013
(No 2013-10)

Dead Man Walking de Jake Heggie à l’Opéra de Montréal : le défi d’Étienne Dupuis et d’Allison McHardy

Allison McHardy et Étienne Dupuis
Dead Man Walking de Jake Heggie
Opéra de Montréal
, 2013

Pour la quatrième production de sa saison 2012-2013, l’Opéra de Montréal présente la première québécoise de Dead Man Walking du compostieur américain Jake Heggie. Inspiré de l’essai autobiographique de sœur Helen Prejean, le livret rédigé par le dramaturge Terence McNally raconte la relation entre la religieuse éprise de justice et le condamné à mort Joseph de Rocher. Avant de devenir un opéra, le récit de sœur Prejean avait été adapté au cinéma par le réalisateur Tim Robbins et avait valu à l’actrice Susan Sarandon l’Oscar de la meilleure actrice en 1996. Comme nous en informe Caroline Rodgers dans le cahier des Arts de La Presse de ce matin, « La petite histoire de Dead Man Walling » nous rappelle que cet opéra du XXIe siècle, a été commandé par le San Francisco Opera et que sa création a eu lieu en 2000. J’ai retrouvé sur le site d’Eugene Opera des données très précises sur les 33 productions qui auront été données d’ici la fin de la saison 2012-2013 et auront permis aux opéraphiles d’Afrique du Sud, d’Allemagne, d’Australie, du Canada, du Danemark, des États-Unis d’Amérique et d’Irlande d’apprécier l’œuvre lyrique de JaKe Heggie. Durant les saisons 2011-2012 et 2012-2013, sept différentes productions auront été vues par les publics du Tulsa Opera, du Dresden SemperOper, de Fayetteville Opera, du Boston Opera Collaborative, d’Eugene Opera et The Modern American Music Project (Asheville, NC) ainsi que par celui de l’Opéra de Montréal.

La distribution sera entièrement québécoise et canadienne.  Dans les rôles principaux, la mezzo-soprano Allyson McHardy incarnera le rôle Sœur Helen et le baryton Étienne Dupuis sera le condamné Joseph De Rocher. Kimberly Barber (la mère de Joseph), Chantale Nurse (Sœur Rose), Mariateresa Magisano (Kitty Hart), Mia Lennox-Williams (Jane Boucher), Aidan Ferguson (Sœur Catherine), John Mac Master (Father Grenville), Thomas Goerz (Owen Hart), Alain Coulombe (George Benton), Kurt Lehmann (Howard Boucher) et Philip Kalmanovitch (un policier) complèteront cette distribution. L’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal seront sous la direction du chef britannique Wayne Marshall. La mise en scène a été confiée à  Alain Gauthier la mise en scène, les décors sont de Harry Frehner et Scott Reid (qui signe aussi les costumes) et  Éric W. Champoux est responsable des éclairages.

La première aura lieu ce soir à 19 h 30 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts et trois autres représentations sont prévues, à la même heure, les mardi 12, jeudi 14 et samedi 16 mars 2013. Chaque représentation est précédée d’une conférence PréOpéra par le musicologue Pierre Vachon au Piano Nobile de la salle Wilfrid-Pelletier à 18 h 30.

Le défi d’Étienne Dupuis et d’Allison McHardy

J’ai rencontré avant la pré-générale du mercredi 6 mars 2013 les deux artistes qui incarneront les deux principaux rôles dans l’opéra de Jake Heggie et dont dépend à bien des égards le succès du Dead Man Wallking de l’Opéra de Montréal. À une première question sur le motif principal les ayant amené à accepter de prendre part à la cette production d’un opéra du XXe siècle, leur réponse fut intéressante…et la même : le défi. Pour la mezzo-soprano canadienne et pour celle qui m’a dit avoir beaucoup fréquenté Haendel durant la précédente saison lyrique, ce défi est celui d’attaquer un répertoire nouveau et de s’inscrire dans l’histoire de l’opéra contemporain. Il s’agit en particulier d’un défi vocal singulier en raison des styles musicaux très variés que l’on retrouve dans la partition de Heggie. Le baryton québécois Étienne Dupuis admet que sa participation à cette production est également liée à un défi qu’il sent le besoin de relever. Pour celui qui est maintenant apprécié sur les scènes d’ici et d’Europe pour ses Figaro, Silvio, Marcello, Enrico et pour qui l’opéra français est devenu un répertoire de prédilection (Carmen, Les Pêcheurs de perle, Werther, Faust), Dead Man Walking l’amène sur un tout autre terrain lyrique, voire dramatique. Cet opéra, affirme-t-il, lui permettra en outre de « mettre ses tripes » au service de l’œuvre et d’un personnage qu’il doit inventer…tant il ne lui ressemble pas !

Pour Allison McHardy, que j’interroge sur sa rencontre à Montréal avec sœur Helen Prejean et dont on peut d’ailleurs visionner quelques extraits en cliquant ici, s’est avéré fort utile dans sa préparation pour le rôle d’Helen Prejean ! Lorsque la religieuse américaine lui rappela que « one must never leap ahead of grâce », elle a ainsi compris que son personnage devait ainsi, dans son rapport avec Joseph de Rocher, vivre la grâce au présent pour bien incarner le rôle de « spiritual adviser » que le condamné recherche en elle. La chanteuse est marquée par l’accent mis par sœur Helen sur le concept de dignité et je lui rappelle avec plaisir que la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme, en son article premier, que « [t]ous les êtres humains sont égaux en dignité et en droits ». Étienne Dupuis constate également que son personnage, « l’enfant mal-aimé » et « qui ne s’aime pas », l’homme éminemment égocentrique et qui ne veut aucunement changer car il est condamné n’y a rien à perdre, acquiert une dignité certaine par son contact avec sœur Helen. Cette dignité se traduit en une admission « I killed her » et les regrets exprimés au moment où le Dead Man Walking marche dans le couloir de la mort…vers la mort.

Lorsque je leur pose la question sur leurs opinions personnelles concernant la peine de mort, il n’y a d’hésitation aucune de part et d’autre pour formuler une opposition à la peine capitale. Étienne Dupuis dit  par ailleurs avoir appris de cette expérience et du contact qu’il a lui-même eu avec sœur Helen Prejean qu’il est davantage pour la vie, « pro human life », que contre la mort, sa collègue exprimant par un hochement de tâche son accord avec cette façon de penser la peine capitale.

Avec de telles convictions et le talent combiné de ces deux artistes lyriques, l’on est en droit d’espérer que la première québécoise de Dead Man Walking soit un beau succès et qu’il permette à Allison McHardy et Étienne Dupuis de relever le défi qu’ils ont eu l’audace de s’imposer.

Dead Man Walking de Jake Heggie à l’Opéra de Montréal : le défi d’Étienne Dupuis et d’Allison McHardy

À L’Opéra du samedi, l’animatrice Sylvia L’Écuyer diffusera en direct du Metropolitan Opera de New York la version italienne de l’opéra Don Carlo de Giuseppe Verdi. La distribution comprend Barbara Frittoli, soprano (Elizabeth de Valois), Anna Smirnova, mezzo-soprano (Eboli), Ramón Vargas, tenor (Don Carlo), Dmitri Hvorostovsky, basse (Rodrigo), Ferruccio Furlanetto, basse (Philip II) et Eric Halfvarson, basse (le Grand Inquisiteur). L’orchestre et les chœurs du Metropolitan Opera sous la direction de Lorin Maazel. Aux entractes, l’animatrice s’entretiendra avec le Maestro Lorin Maazedsinl et la basse Ferrucio Furlanetto qui chante aujourd’hui le rôle de Philippe II. Dans ses Actualités, Sylvia L’Écuyer proposera deux entrevues, l’une avec Alain Gauthier à qui l’Opéra de Montréal a confié la mise en scène du Dead man Walking de Jake Heggie qui prend l’affiche ce soir, et l’autre la nouvelle directrice artistique du Club Musical de Québec Marie Fortin qui présentera sa saison 2013-14.

À L’opéra…le dimanche aussi !, l’émission que j’anime sur les ondes de Radio Ville-Marie le dimamche de 13 h à 15 h, je ferai entendre en prévision du concert de l’Orchestre symohonique de Montréal auquel prendra part la soprano Meesha Brueggergosman des extraits du disque Nuit et rêves (Night and Dreams) paru sur étiquette Deutsche Grammophon en 2010. Elle y interprète des mélodies françaises et des lieder allemands. Pour poursuivre la commémoration du 50e anniversaire du décès Francis Poulenc et souligner la tenue du Festival Poulenc au Conservatoire de musique de Montréal, je ferai entendre la version intégrale de la tragédie lyrique en un acte La voix humaine interprétée par la soprano Denise Duval. L’on pourra également entendre le cycle de mélodies Le travail du peintre chanté par le ténor français Gérard Souzay. Ces extraits sont tirés du coffret de l’œuvre intégrale publié par EMI Classicsà la fin de l’année 2012. Et je terminerai l’émission par un extrait de l’opéra Dead Man Walking de Jake Heggie…pour intéresser les auditeurs et auditrices par la production en cours à l’Opéra de Montréal!

Bonne semaine lyrique !


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