Magazine Culture

Moi & ce diable de Blues par Richard Tabbi & Ludovic Lavaissière

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

Moi & ce diable de Blues, Objet Littéraire Non Identifié, à la fois Thriller, polar, roman noir et par-dessus tout exercice de style, est avant tout une histoire d’amitié. Réunis par la passion du polar et de la littérature en général, nous avons pensé ce roman comme le premier d’une série de « polars écrits à quatre pognes ».

L’histoire de Moi & ce diable de Blues se déroule en partie au cœur de la ville du Havre, théâtre diluvien dont les cicatrices datent de la deuxième guerre mondiale, où deux flics que tout oppose sont parachutés suite à la découverte de cadavres à Sainte-Adresse. D’un côté vous avez Le lieutenant Valdès, ex-gloire de la police en voie de clochardisation depuis le décès de son épouse. Le mec n’est plus qu’une épave, éponge à Jack Daniel’s, sac à morphine et j’en passe ! Seules les amphés ont le pouvoir de le ramener – parfois – à la vie, mais toujours à contretemps et en mode « fourmis dans les menottes ». D’un autre côté vous avez sa partenaire Ivana, tout juste sortie de l’emballage et dont la plastique n’a d’égale que la compétence. Une fliquette qui construit son enquête avec méthode, et utilise les ressources de la technologie, traquant le meurtrier sur Internet et les réseaux informatisés d’Interpol. Quant au tueur, insaisissable, c’est l’incarnation du Mal Absolu, il décapite, éviscère et crucifie de jeunes femmes blondes, de type nordique,alors même qu’il use de symboles nazis. Il paraît que les scènes où il laisse libre cours à son ultra-violence font mal. Tant mieux. Fourguer sa dose de sensations fortes au lecteur n’est pas pour nous déplaire. Ajoutez à cela un prêtre titanesque au passé trouble, un moine schizophrène au crâne brûlé, un médecin légiste qui a tout de l’anguille, un commissaire excédé et un patron de boîte de nuit perverti jusqu’aux jointures… Voici l’univers délétère dans lequel nous vous proposons de vous immerger.

Les rebondissements sont au rendez-vous, qui se succèdent sur fond de rock industriel, tandis que l’humour disjoncté se taille une place dans la noirceur ambiante. Proposer un univers glauque à souhait, donner vie à une galerie de personnages, incarnés au sens de « devenus chair », voilà ce à quoi nous nous sommes essayés… ça et proposer un style incisif, mélange de poésie vénéneuse et d’argot licencieux. In fine, comme le dit la quatrième de couverture, l’essence du texte se trouve dans la sensation de la pluie qui crible les épaules des personnages, dans les odeurs de crasse et de bitume qui cognent leurs narines, dans la douleur qui frappe le lecteur à l’estomac lors de scènes où la violence se déchaîne. Moi & ce diable de Blues épingle encore les mœurs ecclésiastiques, les « néonazes », convoque le fantôme d’un bluesman ayant vendu son âme au diable et agit comme un révélateur des côtés obscurs du Havre, cité-bunker aux blockhaus remplis d’Histoire, aux falaises saturées d’épineux.

Ayant un faible pour les enquêteurs foireux (Pulp de Bukowski, Un privé à Babylone de Brautigan, Delirium Tremens de ken Bruen), il nous semblait naturel que les démons intimes de Valdès parasitent la bonne marche de son enquête. C’est que l’enquête n’est pour nous qu’un prétexte. Nous ne prétendons pas au réalisme documentaire, nous avons eu envie d’écrire un bouquin imprégné de sueur, de sang, et des faiblesses humaines. Les lecteurs férus de polars « classiques », seront peut-être déstabilisés par l’inefficacité du lieutenant Valdès, sa méthodologie inexistante, ses addictions multiples, ses opinions déviantes, bref, sa capacité à saboter l’enquête plutôt que de la faire avancer. Antihéros par excellence, Valdès est tout sauf un flic ordinaire. Momie cradingue, incontrôlable, vulgaire et perverse, le lieut’ se fuit dans l’alcool, les drogues et ses fantaisies pornographiques. L’excès est la seule parade qu’il a trouvée pour étrangler ses fantômes (une épouse morte brûlée vive, une histoire familiale sordide). Seuls ses cauchemars, que l’enquête en cours ravive, permettent de mesurer sa souffrance. A savoir des délires oniriques donnant lieu à des scènes surréalistes, empreintes d’une poésie venimeuse.

Ce couple de flics, incompatible au possible, parviendra-t-il à stopper ce tueur en série qui a tracé une route semée de cadavres depuis les confins Est de l’Europe ? Les paris sont ouverts…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Livresque Du Noir 5521 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines