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Vers l’Orient, Marc Riboud à la Galerie Camera Obscura (Paris 14)

Publié le 13 mars 2013 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Décidément la Galerie Camera Obscura devient pour moi synonyme de voyages. Et si vous aimez les photos qui vont suivre, courez-y avant dimanche.

Marc-Riboud_Benares

La fois précédente dans des contrées hivernales et enneigées en compagnie de Pentti Sammallahti, cette fois de l’Occident vers l’orient avec Marc Riboud.

Connu comme un photographe engagé, rapportant des images fortes de la guerre (notamment du Vietnam, avec une de ses images les plus connues, d’une femme offrant une fleur aux baïonnettes des soldats), il est aussi celui qui livre de ses voyages des images de la vie quotidienne dans des pays éloignés avec une certaine force, mais également un photographe reconnu de Paris dont il dresse une représentation hors du temps, comme avec son image célèbre du peintre de la Tour Eiffel.

Marc-Riboud_peintre-de-la-Tour-Eiffel-1953
Marc-Riboud_Vietnam_1975

L’exposition ici le suit dans les premières années de sa carrière, alors qu’il a la trentaine. Il a quitté son emploi d’ingénieur dans une usine à Villeurbanne pour se lancer dans la photographie et s’installer à Paris. Grâce aux relations de son frère il rencontre deux des fondateurs de l’agence Magnum Photo, Henri Cartier-Bresson et Robert Capa qui l’invite à intégrer l’agence. Tous deux lui apportent du soutien et lui dispensent de bons conseils. Mais ayant en tête des images d’ailleurs, comme il le dit en ces termes « Je connaissais par cœur le journal de voyage de mon père qui avait fait le tour du monde à la fin de ses études, en 1910. Le passage où il racontait comment il avait contracté la peste au Cambodge m’avait fait rêver… La beauté étrange de ces régions m’attirait.»

Il décide de partir en Asie, encouragé par Henri Cartier-Bresson. Ainsi pendant trois ans, il effectue un voyage en passant de l’Europe à la Turquie, l’Iran puis l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, pour arriver en Chine et au Japon. Il traverse 7 pays entre 1955 et 1958 et ces années sont en même l’essence de son œuvre et ces années d’apprentissage et de formation. Il suit d’ailleurs avec attention les suggestions qu’Henri Cartier-Bresson lui écrit dans ses lettres. Il lui indique ainsi les personnes à rencontrer sur son chemin, les techniques à développer etc… Désireux de devenir un photographe expérimenté, les recommandations de son maître l’accompagneront au cours de son voyage. Ainsi, lorsqu’il lui écrit « reste le plus longtemps possible en Chine, personne n’a encore bien photographié la Chine populaire », Marc Riboud observe son conseil.

Marc-Riboud_Chine

A ce moment là, il n’est pas encore bien aguerri et ses photos sont empreintes d’une certaine fraicheur qui reflète son émerveillement et sa soif de découverte. Ces images brutes disent toute la beauté existentielle et la profondeur de son voyage. Il lui arrive ainsi de déclencher pour fixer une impression ou une rencontre sur la route.

Marc-Riboud_Jaipur

Il prend la route pour rejoindre Calcutta, et choisit de passer par la Turquie pour découvrir les civilisations ancestrales. Dans les images exposées, la ville semble percer à travers les voiles des bateaux du port d’Istanbul. Il rend compte des rues pentues de la ville, de la vie qui l’anime. Derrière la petite fille qu’il photographie à Cappadoce, la ville semble aussi sortir miraculeusement de terre. Il prend le temps de faire des étapes en Anatolie et à Cappadoce pour contempler les paysages. Il rejoint l’Afghanistan après avoir traversé la Perse. Une des images poignantes qu’il en retire est celle d’un enfant avec un revolver plaqué sur le visage. Il s’achemine vers l’Inde en passant par les zones tribales de l’Afghanistan, où il réalise cette image magnifique d’un village troglodyte.

Marc-Riboud_Afghanistan

Il passe l’année 1956 dans le Nord de l’Inde, où il réalise des images de Jaipur, de Calcutta ou de Chandigarh magnifiques. On y lit la beauté de ses compositions, qui rendent à la fois l’impression et l’ambiance du lieu en même temps qu’une esthétique intemporelle. Les photos parlent d’elles-mêmes.

Marc-Riboud_Inde
Marc-Riboud_Inde2

De la Chine communiste, il dresse un portrait populaire et vivant. On retient ses scènes de vie autant que ses images contemplatives le long de la Cité Interdite.

Marc-Riboud_Chine-cantine
Marc-Riboud_Chine-Cite-Interdite

Il termine son voyage au Japon en 1958 et retranscrit l’atmosphère particulière d’une société en mutation. La plupart des images exposées sont d’ailleurs des portraits de femmes, et traduisent une ouverture nouvelle.

Marc-Riboud_Japon-tel

Des milliers de photos qu’il ramène alors deux cent vingt sont soigneusement sélectionnées et regroupées dans 5 volumes d’un ouvrage intitulé « Vers l’Orient » (qui reçoit le prix Nadar en 2012) qui ressemble à un carnet de notes visuelles qui est également disponible à la Galerie.

Le voyage en vaut le détour…

A voir :
Vers l’Orient, Marc Riboud
jusqu’au 16 mars 2013
Galerie Camera Obscura
268, Boulevard Raspail
75014 Paris


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