On peut foutre le feu ou l’allumer, vêtu d’un pantalon en cuir. On peut jeter sa clope par mégarde dans une forêt assez sèche et devenir pyromane ou jeter ses copies d’examens vêtues de leurs mauvaises notes, dans un feu de cheminée, et devenir mythomane. On peut se cramer les doigts par accident, ou cramer des gens par derrière nonchalamment. La liste de choix qui se présente devant nous est assez longue, le feu est grand: il est une source à problèmes, une source de chaleur et d’énergie mais surtout une source de mystère. Dangereux, il fait un peu ce qu’il veut, et se veut être sombre tout en illuminant un endroit lambda. Un comportement qui apporte donc son lot de risque, « Jouer avec le feu » pour finir brûlé au 3ème degré, ou pour voir son monde s’écrouler: On préfère ne pas trop s’en mêler.
Restons donc au stade du « Cramer »: la petite blessure, le briquet trop chaud après avoir allumé bon nombre de cigarettes, le plat tout juste sorti du four sans le gant de cuisine qui va avec. Une lésion qui apportera quelques larmes dissimulées, et un cri qu’on se chargera de laisser à l’intérieur de nous même, en temps normal, juste pour passer pour un dur à cuire. Mais cette douleur, est pourtant là, bien installée, remplie de colère et de désarroi. Elle sera variable, plus ou moins intense, mais le seul moyen de lui dire adieu, est de l’exprimer, de la cracher, de la chanter. PEREZ, lui, a tout de suite compris que l’option la plus mélodique, serait à son avantage.
Oui, Julien Perez est jeune, seulement 26 ans, mais déjà un beau background derrière lui. En haut de son curriculum Vitae, Adam Kesher pour six ans. Leader/Vocaliste de ce groupe français d’electro-rock pour lequel on avait déjà développé une affection avancée, principalement grâce au dernier opus, l’excellent Challenging Nature. Pour résumer, deux albums complets (Heading For The Hills, Feeling Warm Inside & Challenging Nature), avec quelques EPs dans leur début (An Allegory Of Chastity, Modern Time…), Adam Kesher reste toujours et encore là, avec son Local Girl, son Ladies, Loathing & Laughter ou son Hundred Years Later.
Continuons un peu dans la lecture des expériences de PEREZ, on y voit quelques sides projects dont Beatmark (un album, Howls of Joy) et A fight for Love (un EP, End of Summer) qui viennent s’ajouter à une liste qui vient tout juste de s’agrandir à nouveau, mais avec un effectif, qui lui, rétrécit.
Nouvelle route ou simple bifurcation pour Julien Perez, son nouveau projet PEREZ, solo cette fois, se voit être renversant et troublant. On dit « Au revoir » au charme des paroles anglaises, pour dire bonjour à la profondeur des françaises, qui nous livre PEREZ sous un autre jour, plutôt obscur, où pluie et autre ciel inquiétant trouveront place logique.
Cramer, en guise de premier EP (chez Dirty) qui livre quatre titres, qui s’entremêlent et font perdre le peu de raison qu’il nous restait.
On doit avouer, qu’au départ, on était sceptique, doutant un peu du résultat de cette nouvelle formule, nous qui nous étions installé dans le confort d’Adam Kesher. Là où l’évolution du français à anglais se veut parfois utile pour toucher un public plus large, PEREZ a décidé de faire l’inverse, de renverser le sens des choses, pour ne surement pas retourner en arrière.
Cramer, la chanson qui introduit, relativement importante car les premières impressions se font déjà, et elles sont plutôt bonnes. Cramer collera parfaitement à cette virée nocturne, où l’objectif est d’oublier, ou du moins de reporter, les quelques problèmes qui nous entourent. Une destruction par le feu, lente et belle à regarder, Cramer laisse quelques cendres dans notre mémoire, après nous avoir fait voyager, nous avoir élevé et même bousculé.
Je te cherche dans la nuit, prends le relais, et la virée nocturne ne devient plus si bégnine que ça. Le code de la route n’est plus respecté, des excès de vitesse sur une autoroute vide guidés par une chanson sombre, qui à partir de 2:45, s’éclaircit et accompagne cette vitesse qui devient presque incontrôlable.
Le cirage, le réveil de ce cauchemar, devenu rêve. Piano calme pour des yeux rougis par un sommeil mal foutu, un rythme qui s’accélère, car nous sommes déjà en retard, pour mener vers un refrain qui sonne trop bien. Toujours des paroles justes et bien trouvées, « Disposer cinq doigts en forme de Revolver », serions nous sous le charme? Le cirage prend clairement sa place de choix dans cet EP.
Le Prince Noir, la conclusion où PEREZ parle, ne chante plus, narrateur d’une relation pré-sexuelle qui le devient de plus en plus au fil de la chanson. Chanson en deux parties, avec une electro à nouveau très noire, qui vient prendre le dessus vers 3:11 et nous mettre une pression grandissante. Entre doute et incompréhension, Le Prince Noir se veut inquiétante, pour mieux exploser et dévoiler son vrai visage.
Quatre titres qui bouleversent un peu et renversent nos préconçus, en attendant un album. PEREZ n’est donc pas qu’un simple passage, celui-ci est un nouveau personnage, bien plus sombre que n’importe quel héros des comics Marvel. Un Pilooski (Discodeine, Tristesse Contemporaine) à la production, pour un premier avant goût qui se matérialise parfaitement autour de cet univers encore peu connu de Julien Perez.
PEREZ, marque t’il la fin d’Adam Kesher? Peu être bien oui, mais Julien Perez est réglo, il ne nous laisse pas là, affamé et nous fourni un travail remarquable. Le changement est important, on pourra le rapprocher d’un certain Lescop, mais pas trop quand même.
Fort de son expérience passée, PEREZ se sert une belle part de gâteau, vous savez celui qui représente ces français qui nous remplissent d’espoir. C’est décidé, l’album est attendu, Cramer EP donne déjà très chaud, qu’en sera t’il quand PEREZ jouera vraiment avec le feu?
En attendant cette énième réponse, il n’est pas question de rater le covoiturage offert par l’EP.
L’EP Cramer est disponible ici et là, PEREZ est sur Facebook et Soundcloud.