Le glas aigrelet de Saint Léger qui égrène le temps compté pour la résolution des problèmes
Les bords maculés de l’encrier qui ressemble à un seau d’aisance miniature
La plume qui ripe sur le mauvais papier le buvard qui étend la tache la gomme (côté encre) qui troue la page le maître qui entoure le trou d’un cercle rouge et qui écrit « Imbécile »
Fée Clochette fais sonner la cloche pries-tu mais à part une sensation bizarre et vaguement agréable au bas ventre elle ne peut rien d’autre pour toi la petite fée bien roulée
Elle bat des ailes en tenue aussi légère que les grandes femmes mystérieuses lorgnées à travers l’œilleton d’un porte-clefs en plastique en forme de télévision tiré à une machine à sous de la fête foraine
Elle papillonne en pantoufles à pompons au-dessus de la ronde sempiternelle des chiffres et des nombres déjà occupés à ta ruine
Pendant ce temps le Maître dessine au tableau des patates de toutes les couleurs en expliquant que l’année prochaine au collège les mathématiques s’étudieront à l’aide de ces patates alors il demande que préférez-vous les patates ou les problèmes et tout le monde répond les patates m’sieur et un sourire goguenard qui dit jeunes gens je vous souhaite bien du plaisir lui donne la même tête et les mêmes yeux que le capitaine Crochet
Alors la fée Clochette disparaît jusqu’à l’ouverture de la haute porte libérant au son de l’allegro du troisième brandebourgeois tes cavalcades entre les murs du passage Étienne Dolet où elle t’attend déguisée en campanule
On peut dire qu’elle te fait déjà tourner la tête avec ses petites robes sous lesquelles regarde le soleil
Mais quand s’approche la nuit comme une locomotive à vapeur entrant en gare tu sais bien la fée Clochette qu’elle éclaire ce qu’elle peut
© Éditions Orage-Lagune-Express, 2013. Droits réservés pour le texte.
Image de Fée Clochette empruntée ici