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Miles Hall ou l'art en kit

Publié le 14 mars 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

On n'ose pas toujours franchir la porte de ces galeries vitrées qui jalonnent nos villes. Et pourtant le plus souvent, nous y sommes chaleureusement accueillis. Ce fut le cas à la galerie AL/MA, en plein cœur de Montpellier, qui consacre actuellement une exposition à l'artiste Miles Hall, un australien ayant effectué quelques années d'études en France, et notamment à l’École des Beaux-Arts de Montpellier.

Alma

Mile Hall. Acrilyque sur PSE, 2013, (photo Luc Jennepin)

L'exposition est constituée d'à peine quelques œuvres, essentiellement accrochées dans une seule salle. Celles-ci sont en réalité des plaques de polystyrène, qui ont été cassées, peintes, puis recollées à l'envers par l'artiste. L'utilisation du polystyrène, un matériau banal, pour réaliser une œuvre d'art, puise ses origines dans la fameuse Nature morte à la chaise cannée de Picasso, lorsque pour la première fois un artiste a inséré dans son travail des matériaux non-nobles tels qu'un cordage et un fragment de toile cirée. Par ailleurs, l'esthétique de ces morceaux de polystyrène colorés, aux bords irréguliers, collés les uns aux autres, n'est pas sans rappeler les papiers collés, toujours de Picasso.

Il semble difficile de ranger les travaux de Miles Hall dans une catégorie précise, car il s'agit à la fois de tableaux, c'est-à-dire une surface peinte accrochée au mur, et de sculptures puisque le support lui-même – la plaque de polystyrène – est sinon modelé, en tout cas détruit et reconstruit. Cette question de la limite entre les arts, inspire depuis la nuit des temps philosophes et critiques d'art, notamment Lessing qui au XVIIIème siècle dans le Laocoon s'interroge sur la frontière entre les arts plastiques et la littérature, ou plus récemment, Clément Greenberg, pour qui peinture et sculpture sont deux pratiques bien délimitées.

Finalement, l'objet oscille entre geste expressif, celui de la destruction - qui n'est pas sans rappeler les Colères d'Arman – , et rigueur de la ligne centrale qui vient structurer le tout. Cette ambivalence que l'on observe du point de vue de la forme est également présente dans le traitement des couleurs. En effet, les aspérités du polystyrène laissent entrevoir les différentes couches de couleurs superposées – par exemple du rose recouvert de noir – ces nuances subtiles étant contrebalancées par le contraste radical autour de la ligne centrale.

L'artiste, par ailleurs docteur en esthétique, a réussi à faire de ces objets un condensé des grandes questions qui ont traversé l'histoire de l'art. À découvrir jusqu'au 20 avril 2013 à la Galerie AL/MA de Montpellier.

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Infos pratiques :

À NE PAS MANQUER !
Rendez-Vous le 16 Mars à la galerie pour une rencontre avec Jean Lissarague éditeur de livres d'art.

Galerie AL/MA

14 rue Aristide Ollivier

34000 Montpellier

Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h.

Entrée libre.

Ophélie


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