Magazine Cinéma
Sur l’affiche, le corps recroquevillé d’une jeune fille possédée forme un « deux ». Seule pointe d’humour de cette suite grossière offerte à un premier volet qui brillait par son originalité. Retournons trois ans en arrière. The Last Exorcism, signé Daniel Stamm, débarquait dans le petit monde fermé des films d’exorcismes. Tout semblait avoir été dit sur le sujet depuis le classique de Friedkin, pourtant le film- se jouant et se moquant des codes du genre- réussissait son petit effet. Il surfait à la fois sur la mode du found footage (ces vidéos amateurs que l’on retrouve après la mort des protagonistes, façon Projet Blair witch) et celle du documenteur (faux docu filmé par les personnages). Avec trois bouts de ficelle et pas mal d’imagination, le premier épisode venait tordre le cou aux productions habituelles du genre, imposant même lors d’un final génial une belle critique du puritanisme américain. La rentabilité du projet a donc logiquement poussé les producteurs (dont Eli Roth encore, papa de Cabin Fever et Hostel) à commander une suite, quitte à trahir à 100% l’esprit de l’opus précédent. L’inconnu Ed Gass-Donnelly s’attèle donc à l’entreprise de saccage. De la partie une, ne reste alors plus que l’actrice rousse Ashley Bell, flippante même lorsqu’elle ne fait rien, seul atout d’une production grossière qui nous sert une épouvante à la ramasse, avec deux décennies de retard, traînant les pieds, distillant de l’ennui dans tous les coins.
Soit Nell, amnésique, retrouvée à la Nouvelle-Orléans et balancée dans un foyer pour jeunes filles à problèmes. On lui assure que le démon n’existe pas, que c’est juste dans sa tête. Sauf que. Pour signifier la présence de la « chose », Gass-Donnelly nous joue la carte des jump scares à outrance, ombres qui se baladent dans les couloirs et autres effets de surprises grotesques que plus personne n’ose utiliser depuis le revival du genre horrifique ces dernières années. Dire donc que l’on s’ennuie fermement est un euphémisme. Car, dans cette suite mollassonne et totalement dépourvue d’audace, il ne s’y passe rien. Tout l’intérêt du volet précédent a disparu : le lieu rural- terre à l’abandon où venait se greffer le bigotisme le plus radical, l’ambition de destruction du genre et de la croyance. Même le final (ridicule, en passant)- et qui vient d’ailleurs annihiler toute l’ambigüité du récit (est-elle folle ? ou a-t-elle vraiment affaire à un démon de l’enfer ?)- ne parvient même pas nous sortir de la torpeur dans laquelle nous a plongé cette longue heure et demie de vide abyssal. A zapper.