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Allégorie… ma chérie !

Publié le 15 mars 2013 par Savatier

Allégorie… ma chérie !Après le beau succès de librairie que connut Oxymore mon amour !, Jean-Loup Chiflet récidive en publiant le premier tome (il y en aura 6 en tout) de la collection Français mon amour !, intitulé Allégorie… ma chérie ! (Chiflet et Cie, 142 pages, 12,95 €). Le principe reste identique : proposer un abécédaire consacré aux subtilités, aux bizarreries, aux extravagances de la langue française, aux exceptions grammaticales, aux singularités orthographiques, aux figures de style les plus surprenantes, aux étymologies les plus singulières.

Un tel thème aurait pu, s’il avait été traité dans une approche académique, rivaliser avec les plus efficaces sédatifs ou rappeler aux anciens écoliers que nous sommes d’assez cuisants souvenirs. Mais l’auteur possède l’art de transmettre son érudition sans jamais ennuyer son lecteur. A chaque entrée de cet ouvrage, anecdotes, traits d’un humour toujours bienvenu et citations font oublier la rigueur d’un sujet ici entièrement dépoussiéré. On sourit, on rit également tout en engrangeant une foule d’informations. Car ce livre est aussi une école d’humilité : qui pensait connaître correctement la langue française se trouve soudain confronté à ses lacunes et peut, au fil des pages, parfaire ses connaissances sans avoir jamais l’impression de recevoir une leçon.

Découvrir que l’abbé de Saint-Pierre avait, dès le XVIIIe siècle, prévu l’établissement d’un parlement européen à Strasbourg, qu’un bœuf gras pouvait être autrefois « violé » sans pour autant que sa vertu en souffrît, faire la différence entre « un tête à tête » et « un tête-à-tête  », comprendre pourquoi les réductions dans les budgets ne peuvent être appelées « coupes sombres », passer en revue (en riant) la féminisation des noms de professions, se plonger dans la langue de Georges Brassens ou les insultes du capitaine Haddock, comprendre pourquoi certains noms propres sont devenus communs, plaisanter avec le passé simple, voilà autant d’exercices que Jean-Loup Chiflet met entre nos mains. Sans oublier les mots insolites que ce grand chineur du verbe sait dénicher, dont la définition en surprendra plus d’un ; car le conard, le romipète, la turlutte ou le trou-madame n’ont rien à voir avec ce que vous pourriez croire…

Allégorie… ma chérie !
Certaines rubriques relèvent du morceau de bravoure hilarant, comme celle intitulée « Vélo ou bicyclette » (à éviter pour ceux qui, souffrant  de bitrochosophobie, devront d’abord se reporter à la page 57) ou cette autre, consacrée au « marronnier » bien connu des journalistes. On peut, notamment y lire : « Quand on se trouve dans une période creuse sans mariage princier ni viol de femme de ménage, on a recours à un marronnier. […] La venue d’une chute de température peut occuper quinze jours ; à Noël, on parlera des marchés de Noël et des sans-abris, en août des malheureux automobilistes coincés dans les embouteillages, puis de la rentrée scolaire, la rentrée littéraire, etc. » 

Illustration : Affiche du film Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica.  


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