Encore une lecture sous
influence. Sauf que cette fois-ci je me suis laissé influencer par les médias
et non par des blogueuses. Erreur fatale…
Mis en vente le 14 février, ce roman a été épuisé le week-end de sa
sortie suite à un article dithyrambique dans Elle et a une chronique enflammée
dans l’émission Télématin. Le tirage initial de 6000 exemplaires n’a pas suffi
à combler la demande et à peine un mois plus tard il a déjà été réimprimé deux
fois. Un succès fulgurant donc, renforcé par un papier des Inrockuptibles
intitulé : « Entre Harry Potter et Le sixième sens. » J’ai donc
bêtement pensé que ce roman américain, malgré son titre à la con, devait être
une vraie pépite. Pour le coup j’ai vite déchanté…
L’histoire est celle de
Rose Edelstein qui, le jour de ses neuf ans, découvre qu’elle peut ressentir
avec une incroyable précision les sentiments des gens à travers les plats qu’ils
cuisinent. En mordant dans la tarte au citron préparée pour son anniversaire,
elle perçoit la tristesse et le vide existentiel qui habitent sa mère. Un vrai
choc, qui va la perturber grandement au point de la pousser à se réfugier dans
la nourriture purement industrielle pour ne plus rien ressentir. Ne pouvant
malgré tout constamment refuser les plats « maison », elle parvient
au fil des années à vivre avec son don et à contrôler les émotions que chaque
repas suscite, même la fois où elle se rend compte en mangeant des pâtes que sa
mère trompe son père. Mais Rose n’est pas la seule de la famille à posséder un
pouvoir extraordinaire. Son frère peut de son coté se fondre dans les objets et
disparaître subitement pendant des jours ou des semaines. Quand à son père, il
possède un odorat surpuissant…
Bon, avant de commencer
à dire tout le mal que je pense de ce livre je voudrais juste revenir sur le
titre de l’article des Inrockuptibles : pour comparer ce roman à Harry Potter il
faut 1) ne pas l’avoir lu 2) être sous l’influence de substances hautement
prohibées. Cela étant dit, pourquoi ce roman m’a ennuyé à mourir ? Sans
doute parce que l’intrigue n’avance pas d’un pouce. Ça démarrait pourtant bien.
Cette famille de « super héros » tout ce qu’il y a de plus ordinaires,
ce don pour le moins original et le bouleversement qu’il apporte dans la vie de
Rose, le frangin limite autiste, le père taciturne et la mère dépressive, c’est
un cadre de départ alléchant. J’ai vraiment eu envie de me laisser prendre par
la main pour découvrir comment les choses allaient évoluer. Le problème c’est
que je me suis fait balader sur plus de 300 pages pour au final n’avoir rien à
retenir de cette histoire. Plus j’avançais dans le roman et plus je me disais :
bon ça devient un peu longuet mais ça va se décanter, il va se passer quelque
chose. J’y ai cru jusqu’au bout mais finalement non, il ne s’est rien passé.
Nada, le vide intersidéral. On traverse presque 15 ans de la vie de Rose pour constater
que son existence n’a strictement aucun intérêt. En tout cas qu’il n’y avait
vraiment pas de quoi en faire un roman.
Bon, je ne suis pas
complètement couillon (même si certaines semblent penser le contraire), j’ai
bien compris que derrière le don de Rose l’auteur parle du passage à l’âge
adulte, de l’apprivoisement de soi. A travers les émotions qu’elle ressent en
mangeant, la jeune femme va peu à peu apprendre à savoir qui elle est. Ce contact
avec l’extérieur, qui passe par la nourriture, est nécessaire à sa propre
construction. Certes, c’est d’ailleurs plutôt finement analysé. Mais c’est loin
d’être passionnant. Au final, il ne me restera qu’une désagréable impression. Rien
de pire pour moi que de refermer un roman en me disant que j’ai perdu mon
temps.
La
singulière tristesse du gâteau au citron d’Aimee Bender.
L’Olivier, 2013. 345 pages. 22,50
euros.