Bob Dylan, c’est de la musique. De la poésie. Et du cinéma. La preuve, ci-dessous.
Bob Dylan est sans nul doute un des chanteurs que l’on retrouve le plus fréquemment dans les bandes originales de films. Il faut dire que son travail musical avive les sentiments, la mélancolie, la nostalgie, et stimule la fabrication d’images.
Voulant rendre hommage à ce poète, qui, à l’approche des douceurs printanières, parvient à nourrir nos esprits de belles images, il était judicieux de lui consacrer un petit article. Mais, sur un blog réservé principalement au septième art, il aurait pu paraître difficile de relier Dylan au contexte cinématographique. Vous penserez certainement qu’une stimulation intensive des neurones eût été judicieuse. Eh bien, non ! Car la liaison ne fut pas si difficile à trouver. En effet, il y a bel et bien un lien entre Bob Dylan et le cinéma. Il suffisait d’aller le déterrer. L’artiste est par exemple passé par la composition de bandes originales. Et outre ceci, ses chansons ont souvent été utilisées pour certaines scènes de films. Alors maintenant, plus de prétextes plausibles. Retour sur le mythe.
Bob Dylan, au cinéma
Cela vous en bouchera peut-être un coin, mais Bob Dylan a quelques fois endossé le précieux rôle de compositeur. En 1973, le réalisateur Sam Peckinpah a une idée brillante. Pour son western Pat Garrett et Billy The Kid, il lui faut une composition musicale de taille. Un air musical partagé entre folk et country. Qui d’autre que Bob Dylan aurait pu insuffler fraîcheur, énergie, et mélancolie au film de Peckinpah ? La bande originale fait tabac, et la chanson de Dylan, Knocking on the Heaven’s Door est bénie des mélomanes (voir l’extrait ci-dessous). En plus de ces éloges, le chanteur reçoit également un autre privilège, celui de revêtir un petit rôle pour le film. Un clin d’œil, un remerciement de la part de Peckinpah visiblement reconnaissant que Dylan ait accepté son invitation. Toutefois, ce ne fut pas tout à fait son premier contact avec les caméras puisque bien avant, en 1967, D.A. Pennebaker, consacre un film documentaire à l’une de ses tournées. Joan Baez et Donovan, les amis de Dylan, feront également quelques apparitions.
L’aventure cinéma ne s’arrête bien sûr pas là. Bob Dylan compose ensuite pour plusieurs cinéastes. En 2000, il signe une chanson pour Wonder Boys (de Curtis Hanson), avec laquelle il remporte l’Oscar de la meilleure chanson originale. Cinq ans plus tard, en 2005, il est le compositeur d’un film musical : Masked and Anonymous. En plus de s’être occupé de la partie sonore du film, il assure avec Larry Charles, le réalisateur, une partie de l’écriture du film. Enfin, plus récemment, il collabore avec Olivier Dahan sur le film My Own Love Song.
Bob Dylan semble admiratif de l’art cinématographique, et ce au point de vouloir lui aussi prendre la caméra en main. C’est ce qu’il fait. En 1978, il réalise Renaldo and Clara, le portrait d’un musicien et de sa femme à travers les tournées et leur vie conjugale. Il se confie ainsi le premier rôle, et en donne également un à Sara Dylan, qui n’est autre que sa première femme. Bob écrira d’ailleurs une chanson sur elle, sa muse (« Sara », sur l’album Desire). Il confie également un rôle à Joan Baez, une de ses amies. Le film est quasiment introuvable aujourd’hui.
Bob Dylan, la référence
Mais si le chanteur a personnellement mis la main à la pâte dans l’univers cinématographique, il reste aussi une référence musicale pour les autres auteurs. Ses chansons serviront beaucoup les bandes originales des films. En effet, beaucoup de réalisateurs, nostalgiques de « l’époque Dylan », rendront ainsi hommage au chanteur dans leurs films. Faire une énumération de toutes ces œuvres contenant prendrait extrêmement de temps. On pourrait donc citer quelques exemples, en commençant par Zack Snyder, avec Watchmen, dont le générique retrace une partie de l’histoire des États-Unis sur la chanson The Times They Are A-Changin’. On pense également au film des frères Coen, The Big Lebowski, dans laquelle la chanson The Man In Me complète le générique (voir ci-dessous).
Le réalisateur américain Wes Anderson, fan inconditionnel de la culture pop, ne pouvait donc pas, lui aussi, s’empêcher d’utiliser une chanson de Dylan dans un de ses films. C’est donc dans La Famille Tenenbaum, un film aux teintes rétros, que le cinéaste place « Wigwam », que l’on retrouve sur l’album Self Portrait. Il serait honteux également de ne pas parler de Forrest Gump, de Robert Zemeckis, puisqu’une partie du film se déroule dans les années 70, époque où la carrière du chanteur atteignait son paroxysme. Enfin, on pense à tous ces autres films qui ont rendu hommage d’une manière ou d’une autre à Bob Dylan. Easy Rider, Las Vegas Parano, Vanilla Sky, Blow, etc.
Bob Dylan, le mythe
Il ne faut pas oublier non plus de mentionner quelques films qui lui ont été consacrés personnellement. I’m Not There, de Todd Haynes, avec Christian Bale et Cate Blanchett, retrace une grande partie de la vie du chanteur. Le film sera plutôt bien accueilli par la presse, les mélomanes, et les fans de Dylan. Le principe de ce long métrage repose sur l’exposition des différentes facettes de la personnalité de Bob Dylan, et forme un portrait étonnant de l’artiste, qui sera interprété par six acteurs différents tout au long du film.
Bob Dylan, c’est le brassage de plusieurs arts : la musique, la poésie, le cinéma.
Citons également les travaux d’un très grand cinéaste, qui en plus d’être amoureux du cinéma, l’est également de la musique. Martin Scorsese, a d’une part réalisé The Last Waltz, un documentaire reprenant le dernier concert du groupe The Band, dont Bob Dylan fut le fondateur, mais a également réalisé le documentaire No Direction Home : Bob Dylan, un film ponctué d’interviews, d’images d’archives, d’extraits musicaux et de concerts, sur la vie de la star.
Bob Dylan ce n’est donc finalement pas que quelques chansons « peace and love ». Il s’agit finalement du brassage de plusieurs arts : la musique, la poésie, le cinéma. Car le chanteur est un amoureux fou de l’image, que ce soit dans ses textes, ou dans ses relations avec le cinéma. Mais Dylan est également une star à laquelle on finit par vouer une sorte de culte, un véritable « objet » de dévotion. On en tombe forcément, à un moment ou à un autre, amoureux.