L'héroïne glamour et femme fatale du célèbre film de Kinji Fukasaku "Le Lézard Noir" (1968) est en réalité interprétée par un homme, Akihiro Miwa. Retour sur le destin unique et hors du commun de celui qui, depuis 50 ans, défie les questions de genre tout en étant une véritable star et icône populaire dans l'ensemble du Japon.
"Miwa : A la Recherche du Lézard Noir" de Pascal-Alex Vincent
Avec : Akihiro Miwa, Takeshi Kitano Sortie le 15 mars 2013 Distribué par Outplay Durée : 107 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
Si ce documentaire n’avait qu’un intérêt, ce serait celui de nous inviter à découvrir cet étrange film « Le lézard noir », dans lequel un homme travesti en femme, joue les escrocs de haut vol, afin d’assouvir sa passion de la collection. Il est d’ailleurs surprenant que ce très beau digipack n’en propose pas une copie, alors qu’il renferme la version originale du documentaire , ainsi qu’une émission d’Arte consacrée aux artistes japonais extravagants .
Akihiro Miwa, est un comédien complexé par sa petite taille ,qui remarque que lorsqu’il devient femme, on le regarde avec attention.
« Piqué au vif , plutôt que de me regarder du bas vers le haut je n’avais qu’à faire en sorte que l’on me regarde du haut vers le bas , chaque fois que j’apparaissais en femme fatale on m’admirait, en homme on me disait que je me négligeais. Je me suis donc habillé en femme tous les jours,et tout à changé du jour au lendemain ».
C’est son histoire et celle du Japon, que l’on découvre dans ce document, à travers une carrière aussi étonnante que son profil. Un écrivain Mishima se pique au phénomène et en tombe amoureux. Il lui écrit des pièces, dont « Le lézard noir ». Mais le succès critique ne suffit pas à faire venir le public, qui se déplacera le jour où Miwa ,après plusieurs refus ,accepte de jouer la pièce
Un grand succès, porté au cinéma : ça devient un triomphe.L’héroïne glamour et femme fatale devient une artiste à part entière, touchant à tout, comme le théâtre underground (les troubles sociaux de 68 se répercutent dans le cinéma et sur la carrière de Miwa).Il retourne à la chanson avec son allure masculine, comme on le voit sur une des nombreuses vidéos de ce très bon documentaire. Il sera aussi présentateur de télévision, écrivain, militant politique…
LES SUPPLEMENTS
- Livret 32 pages, couleurs. « Les entretiens exclusifs de Miwa »
- La version longue, japonaise « A la recherche du lézard noir » ( 60 mn )
- « Tracks » l’émission d’Arte ( 55 mn ) un documentaire de Yves Montmayeur, consacré au réalisateur Takeshi Kitano, dont Miwa fut un fidèle compagnon, ainsi qu’à certains artistes baptisés « Les extravagants japonais » ..
On voit le réalisateur tour à tour peintre conceptuel, animateur loufoque de TV. « Les japonais veulent toujours être dignes, ne pas être ridiculisés, ils n’aiment pas que l’on rie d’eux-mêmes. C’est pour ça que les comiques occupent un rang très bas, puisque leur métier est de faire rire ».
Kitano prendra toujours le monde à contre-pied comme nous le montrent plusieurs extraits de ses films dont « Hana-Bi » , Lion d’or à Venise, ou plus inattendu « Furyo » d’Oshima dans lequel l’artiste donne la réplique à David Bowie. C’est son premier film en tant qu’acteur …
« Plus je traite d’un film sérieux, plus l’humour ressurgit », telle pourrait être sa philosophie.
Vient ensuite le portrait de Sono Sion, un autre réalisateur de la marge. Puis celui de Hisashi Tenmyouya et du sculpteur-performer Yasumasa Morimura, dont la transformation des portraits de célébrités est édifiante. L’on retrouve Miwa qui aura influencé son travail dans l’esprit du travestissement…